Depuis près de deux semaines, des internautes maliens notamment d’influents activistes et community manager sont vent debout contre les opérateurs de téléphonie mobile opérant dans notre pays. À ces organisations à but «très lucratif» ils reprochent la cherté des tarifs du forfait internet et sa courte durée de validité.
La campagne de protestation virtuelle initiée à cet effet est intitulée : «Le nouveau tarif des forfaits que nous réclamons auprès des services et des réseaux mobiles.» Elle propose même des tarifs que ses initiateurs jugent «très rentables» : 1Go à 300 Fcfa, 1,5 Go à 500 Fcfa, 2Go à 700 Fcfa, 3Go à 1.000 Fcfa, 5Go à 1.500 Fcfa, 10Go à 2.500 Fcfa, 20Go à 4.000 Fcfa et 60Go à 6.000 Fcfa. Et le tout à durée indéterminée, insistent-ils. Certains internautes accusent l’Autorité malienne de régulation des télécommunications, des technologies de l’information et de la communication et des postes (AMRTP) de laxisme face à cette «saignée» qui contribue à empirer «la situation financière des consommateurs».
Des campagnes similaires sont en cours dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest comme la Côte d’Ivoire, le Bénin et Burkina Faso. Où depuis près de quinze jours, des citoyens protestent contre la cherté du coût de l’Internet mobile sur les réseaux sociaux. Jusqu’ici, il n’y a aucune réaction officielle dans notre pays ni des opérateurs, ni de l’AMRTP pour édifier les consommateurs.
Mais au pays des hommes intègres, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes du Burkina Faso (ARCEP) a annoncé, le mercredi 12 avril, «préparer une étude comparative sur le coût de l’Internet mobile» dans l’espace Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). «Pour la baisse des tarifs dans l’espace Uemoa, nous avons un comité de régulateurs des télécommunications et nous avons pris sur nous de faire une étude comparative des tarifs de détails pratiqués dans cette communauté», a assuré la directrice de la régulation des marchés fixe et mobile de l’ARCEP. Salamata Rouamba a souligné que les résultats issus de cette étude devraient permettre au régulateur de fixer des «coûts pertinents».
En attendant les conclusions de cette enquête, des experts estiment que dans les pays avec une excellente infrastructure (4G ou 5G), ou fortement dépendants de la fourniture de données mobiles avec de nombreux fournisseurs concurrents, internet a tendance à coûter moins cher. Tandis que dans les pays où les quantités de 2 à 5 Mo avec des expirations d’un jour ne sont pas rares, le prix d’internet est plus cher.
En 2021, le rapport du Business Managing et development, une structure malienne spécialisée dans l’audit stratégique, le conseil et l’assistance, estimait que les tarifs de communication au Mali sont jugés chers par trois utilisateurs sur cinq. Selon le document, ce caractère peu abordable des tarifs est beaucoup plus perceptible chez les abonnés de l’opérateur Orange-Mali (67%), contre 59% Moov Africa et 46% pour Télécel.
La baisse des tarifs devrait faciliter la réalisation de la vision du gouvernement de faire du numérique un instrument de transformation de la société afin d’accélérer le développement socioéconomique.
Cheick Moctar TRAORE