Chronique du web : Quand le diabète est source de discrimination professionnelle

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En ce XXIème siècle, il ne fait pas bon être malade du diabète en France, pays des Lumières, qui plus est, n’est pas peu fière d’être « la patrie des droits de l’homme », celle qui a légué à la postérité  la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

Ce petit rappel vaut son pesant d’or puisque, au pays de Montesquieu (De l’esprit des lois, 1748), si vous souffrez du diabète, la loi vous interdit purement et simplement d’exercer des métiers comme militaire, gendarme, hôtesse de l’air ou steward, contrôleur aérien ou contrôleur de trains, conducteur de trains, sapeur-pompier, policier, pilote d’avion ou d’hélicoptère, ou encore douanier.

Si vous vous reconnaissez dans cette catégorie de français pourtant forte de 3 à 4 millions de personnes, soit quelque 5% de la population selon des statistiques de 2016,  c’est peine perdue d’envoyer votre dossier pour postuler dans les métiers ci-dessus visés. Depuis cette année, vous vous fracasserez contre une lourde… simplement parce que le taux de sucre dans votre sang est trop élevé de façon quasi-permanente. On parle alors d’hyperglycémie chronique. Dans 92 % des cas, il s’agit d’un diabète de type 2 qui correspond à une inefficacité de l’insuline, l’hormone chargée de réguler la glycémie.

Sur le site topsante.com, un article publié récemment (3 novembre 2019) relaie la colère et l’indignation des diabétiques français face à ce qu’ils considèrent comme une injustice. Réunis au sein de la Fédération Française des Diabétiques (FFD), ils soutiennent que le diabète se traite aujourd’hui grâce à la mise en place d’une alimentation équilibrée (moins riche en sucres, notamment), à la pratique d’une activité physique régulière et adaptée (natation, vélo…) et à des traitements médicaux par voie orale ou injectable.

Les diabétiques français dont on comprend les cris d’orfraie ne manquent pas de comparer la France à d’autres pays développés dont la législation fait preuve de plus de souplesse. C’est le cas notamment du Canada, pays vertueux, où il est possible d’être pilote de ligne quand bien même on est diabétique. En effet, souligne l’article de Top Santé, « Les pilotes atteints de diabète doivent (…) surveiller leur glycémie avant chaque vol, toutes les heures en vol et 30 minutes avant l’atterrissage ».

La FFD relève aussi qu’« au Royaume-Uni par exemple, depuis 2012, les pilotes qualifiés et les aiguilleurs du ciel atteints de diabète traité par insuline et d’autres médicaments peuvent effectuer toutes les tâches y compris les vols d’avions commerciaux ».

Les États-Unis, autre bon élève de la classe, permettent à « une personne diabétique de type 1 ou 2 sous insuline d’exercer en tant que pompier à condition de respecter un certain nombre de critères médicaux et de compréhension de la pathologie ».

Et si la France était tout simplement ringarde ! Les diabétiques n’en pensent pas moins et ne désarment pas face à la frilosité du législateur. La Fédération Française des Diabétiques est résolument engagée à « secouer le cocotier » hexagonal en initiant des actions d’éclat dont une pétition en ligne, au titre évocateur, qu’elle a lancée à la mi-octobre : Diabétiques : Stop aux métiers interdits !

Si vous êtes français, et pas que, et si cette cause vous parle, vous pouvez vous rendre à cette adresse : diabetemetiersinterdits.com

Là, vous pouvez signer la pétition, voir les signatures des grands et des anonymes qui portent ce combat ou, si vous êtes comme Monsieur Dupont qui n’a pas envie de s’engager, lire tout simplement les commentaires laissés par les visiteurs du site.

Vous ne manquerez donc pas de lire la charge que sonne la FFD contre «Des textes réglementaires obsolètes totalement déconnectés des évolutions thérapeutiques et technologiques (progrès des insulines, pompes à insuline, autosurveillance glycémique, mesure et lecture du glucose en continu) car ils nient que ces dispositifs permettent aux personnes diabétiques d’effectuer leurs activités ».
L’argument massue développé dans la pétition est bien ce qui s’apparente à une double peine que le sort infligerait aux malades du diabète : « A l’injustice de la maladie s’ajoute une discrimination incompréhensible pour les 4 millions de patients diabétiques ».
Fort du poids de ces millions de personnes au nom desquelles elle agit, la FFD souligne : « Parce qu’avant d’être malade, nous sommes avant tout des citoyens… » et, à ce titre, « … revendique un accès et un maintien dans l’emploi adaptés à chaque personne diabétique ».

Et pour conclure, la FFD « demande au Gouvernement de réviser les textes réglementaires qui interdisent aux personnes diabétiques d’accéder à certaines professions afin qu’elles puissent exercer le métier de leur choix au regard de leurs aptitudes et de leur état de santé, au cas par cas ».

Pour les diabétiques français, leurs proches et leurs soutiens, il est à espérer que la pétition franchira très rapidement la cote fatidique des 500 000 signatures de personnes majeures, de nationalité française ou résidant régulièrement en France. Si cette conditionnalité est remplie, ils pourront saisir le Conseil économique, social et environnemental ainsi que l’autorise la loi constitutionnelle de 2008. C’est tout le mal qu’on peut leur souhaiter et espérer que leur combat aboutira et, mieux, qu’il suscitera des vocations dans des contextes où la stigmatisation et l’exclusion ont tendance à s’installer à l’allure d’un clignement des cils.

Serge de MERIDIO

 

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