Chronique du web : L’argent comme s’il en pleuvait

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Il a été dit dans toutes les langues et claironné sur tous les toits du monde que « l’argent ne fait pas le bonheur ». On est d’accord ou on ne l’est pas, mais c’est ce qui se dit et qui est admis. Parfois du bout des lèvres !

Pour convaincre les sceptiques, on pourrait même rappeler les Ecritures Saintes notamment la parabole biblique du riche homme et du pauvre Lazare (l’Évangile selon Luc 16:19–30) et les nombreuses allusions dans les enseignements coraniques au vœu de pauvreté : « k’afili bi, k’akun ben sini » (traduction littérale : se dépouiller ici-bas pour bénéficier des douceurs de l’au-delà).

Pourtant, qui n’a pas rêvé ou fantasmé devant la bonne étoile d’un Bernard Arnault,  d’un Jeff Bezos, d’un Bill Gates ou autre Warren Buffet qui sont assis sur des matelas d’argent si épais et si hauts qu’on croirait qu’ils communiquent directement avec le Bon Dieu himself qui leur chuchoterait à l’oreille les recettes pour amasser leur pactole qui dépasse l’entendement.

Selon le classement 2020 de Forbes, le monde compte exactement 2 153 milliardaires en dollars. Rien moins que ça ! Fait inédit pour être signalé avec un retentissant “cocorico”, notre cousin Bernard Arnault, propriétaire du groupe mondial de l’industrie du luxe LVMH (Louis Vuitton Moët Hennessy), s’installe en tête du Top 5 des humains les plus fortunés. Selon les estimations de Forbes, il pèse, avec sa famille, 117 milliards de dollars, et brûle la politesse à la grande Amérique du président Donald Trump qui s’était, jusqu’ici, arrogée le privilège de fournir le capitaine de l’équipe des plus grandes fortunes du monde.

A la deuxième place pointe un certain Jeff Bezos, PDG d’Amazon,  qui étrenne modestement 115,6 milliards de dollars. L’homme fait le buzz depuis peu pour avoir lancé un fonds pour la terre doté de 10 milliards de dollars. Avec cette modique donation, il entend contribuer modestement à la lutte contre le changement climatique. Les 3ème, 4ème et 5ème places de ce classement de titans sont occupées respectivement par Sa Majesté Bill Gates, fondateur de Microsoft (110,6 milliards de dollars), le rude investisseur Warren Buffett (90,6 milliards de dollars) et le jouvenceau Mark Zuckerberg, propriétaire de Facebook, WhatsApp et Instagram (82,2 milliards).

Loin, dans les ténèbres, à la 14ème place avec seulement 59,9 milliards de dollars, arrive Françoise BettencourtMeyers, l’héritière de L’Oréal et fille de Mme Liliane Bettencourt. Lot de consolation, elle enlève haut la main à Alice Walton, l’héritière de la chaîne américaine de supermarchés Walmart, la très enviée couronne de femme la plus riche de la planète. En 2020, les femmes sont franchement à plaindre car elles ne sont que 243 représentantes à pouvoir jouer gaiement à colin-maillard dans cette petite cour de récréation hantée de milliardaires en dollars. Vous voulez vous joindre à ces nanties pour partager leur passe-temps ! C’est une très mauvaise idée ; vous n’avez pas l’étoffe et vous serez renvoyées fissa à vos chères études.

A présent, intéressons-nous à une question pour le moins épineuse qui alimente de très passionnées discussions dans les « grins » : quelle est la masse monétaire qui circule dans le monde ? Le site letribunaldunet.fr, dans sa livraison du 16 février, tente une réponse courageuse, mais commence par un avertissement : « Pour quantifier l’argent en circulation, on ne parle pas de milliards mais on parle de trillionsUn trillion équivaut à 1000 milliards ou bien 1 million de millions ». 

Le site précise aussi que « Aux États-Unis, il s’utilisera le terme de trillion tandis qu’en France, nous utilisons le terme de billion. Il s’agit de la même chose. Nous vous précisions que nous parlerons en trillion de dollars, car les nombreuses études sur le sujet sont américaines ».

Les chiffres que nous traitons dans la présente chronique sont fournis par la vénérable CIA. Selon la Central Intelligence Agency basée aux États-Unis, il y aurait plus de 80,9 trillions de dollars en circulation dans le monde entier. La Chine serait d’ailleurs le pays possédant le plus d’argent, avec près de 25 trillions de dollars.

L’Agence note que « … les États-Unis sont les deuxièmes de ce classement avec 14 trillions de dollars. Aussi, le Japon est sur la troisième place des pays possédant le plus d’argent, avec près de 9 trillions de dollars. La France n’arriverait qu’à la septième place avec plus de 2,3 trillions de dollars ». 

Mais attention, tout cet argent en circulation n’est pas du liquide. Du cash, comme on dit. Une grande partie de ce magot est sous forme dématérialisée et se trouve dans des comptes ouverts dans les livres de banques dont un certain nombre ne sont pas traçables à l’œil nu. Toujours selon la CIA, l’argent liquide ne représenterait que 5 trillions de dollars.

Pour sa part, OXFAM France s’est intéressée à la répartition de cette manne dans un rapport publié en janvier à la veille du Forum économique mondial de Davos (Suisse)L’ONG ne peut s’empêcher de gâcher la fête aux nababs qui n’aiment pas trop qu’on s’intéresse à leurs petites affaires. Si vous avez le cœur bien accroché, lisez les constats d’OXFAM :  les 1 % les plus riches possèdent plus de deux fois les richesses de 6,9 milliards de personnes. Très schématiquement, voici comment la fortune mondiale est repartie :

  Les richesses des 1 % les plus riches de la planète correspondent à plus de deux fois la richesse de 90 % de la population (6,9 milliards de personnes).

  Les milliardaires du monde entier, c’est-à-dire seulement 2 153 personnes, possèdent plus de richesses que 4,6 milliards de personnes, soit 60 % de la population mondiale.

  En France, 7 milliardaires possèdent plus que les 30 % les plus pauvres et les 10% les plus riches possèdent 50 % des richesses.

  Si quelqu’un avait pu économiser l’équivalent de 8 000 euros par jour depuis la prise de la Bastille (14 juillet 1789), il n’arriverait aujourd’hui qu’à 1 % de la fortune de Bernard Arnault.

  Dans le monde, les hommes détiennent 50 % de richesses en plus que les femmes.

  Les femmes assurent plus des 3/4 du travail domestique non rémunéré et comptent pour 2/3 des travailleurs dans le secteur du soin.

  Les 2/3 des milliardaires tirent leur richesse d’une situation d’héritage, de monopole ou de népotisme

Sans faire quelque apologie, « pecunia non olet » (l’argent n’a pas d’odeur), dit-on depuis du temps de Vespasien. Que ne ferait-on pas pour en gagner un paquet ! Y compris vendre notre âme au diable.

Serge de MERIDIO

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