Chronique du web : L’actualité en mode patchwork

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Le Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maiga, ici à Kidal, dans le nord du pays, avant son départ pour Gao, le 23 mars 2018. © Harandane DICKO / MINUSMA / AFP

Il est des semaines où tout chroniqueur est confronté à un dilemme cornélien : choisir un sujet-phare qui l’inspire ou embrasser toute la palette de l’actualité en ayant toutefois présent à l’esprit que « … qui trop embrasse mal étreint ». Cette semaine, j’opte pour le second membre de l’alternative en espérant que je ne commettrai pas de péché de gourmandise. Le menu de ce patchwork s’ouvre fort logiquement, de mon point de vue, sur l’« historique » visite du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga à Kidal-La-Rebelle le 23 mars dernier. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la « petite perle » de l’Adrar des Iforas manque au reste du pays et, si nos frères et sœurs de là-bas sont un tantinet sincères avec eux-mêmes, ils reconnaîtront que nous leur manquons aussi terriblement.

Comme l’américain Neil Armstrong, je suis adepte des petits pas. En effet, le 21 juillet 1969, le patron de la mission Apollo XI était le 1er homme à marcher sur la lune. Ce jour-là, il lâcha une phrase qui est devenue historique et qui lui survit : « un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité ». Qu’importent la provocation et surtout le sentiment d’humiliation que peuvent ressentir les autorités et les patriotes maliens ! A mon sens, le plus important, c’est qu’il se passe quelque chose à Kidal. Des petits pas posés dans le sable mouvant et brûlant du désert enfantent quelque chose sur la durée. Et cette chose ressemble, à s’y méprendre, à un retour progressif de la « Cité interdite » dans le giron national.

Si l’aventure chaotique entamée en 2012 par nos frères irrédentistes – un temps à la solde de multiples forces occultes aux intérêts et motivations divergents – peut se dégonfler ainsi à la manière d’un ballon de baudruche, nous pourrions raisonnablement célébrer la victoire de la raison sur la passion. Mais ayons la victoire modeste et, comme le disait si bien François Mitterrand, « donnons du temps au temps ». Et ce temps, seul Grand Juge, rattrape aujourd’hui un certain Nicolas Sarkozy qui, pour se faire élire président de la République française en 2007, n’a pas hésité un seul instant à se faire financer par l’argent du « dictateur » libyen de l’époque, selon Médiapart et de nombreux autres médias français. Pour cette indélicatesse qu’il récuse avec la hargne qu’on lui connaît, le « Tout-Puissant » Sarkozy a été gardé à vue les mardi et mercredi derniers, puis mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Les juges qui fouinent dans ses affaires douteuses depuis de longes années le soupçonnent de « …corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens ». C’en fait un peu trop pour un seul homme qui, pourtant, ne rate aucune occasion de proclamer sa vertu, son idylle pour les français et surtout son rejet de la dictature et des dictateurs.

Et si la guerre en Libye en 2011 n’était qu’un fallacieux prétexte pour Sarkozy et ses soutiens d’empêcher le clan Kadhafi de mettre sur la place publique les preuves de ces petits arrangements entre grands au moment où ils filaient le parfait amour ? En tous les cas, beaucoup en sont convaincus, et pas seulement au Sahel où la sale guerre de Sarkozy à Kadhafi a ouvert durablement les vannes de l’enfer. De le voir ainsi pris dans les mailles du filet de la justice française et se débattre avec l’énergie du désespoir, il fait pitié à voir. Et du côté de ceux qui ne sont pas encore entrés dans l’histoire, Sarkozy ne peut espérer quelque sympathie. Bien au contraire, à une certaine époque, la vox populi aurait réclaméà son encontre le gibet, la guillotine… ou le peloton d’exécution. Pour celui qui réussit le tour de force de plonger des nations entières dans le chaos, ce n’aurait pas été cher payé ! D’autant plus que le terrorisme qu’il a contribué à financer, à équiper et à sanctuariser continue de frapper indistinctement de part et d’autre de la Méditerranée. Si le drame quotidien vécu dans le Sahel semble peu émouvoir une certaine opinion européenne, il en va différemment des attaques terroristes perpétrés sur le vieux continent. Le vendredi dernier, à Carcassonne et à Trèbes, dans l’Aude (France), un illuminé braquait une voiture, attaquait quatre CRS qui revenaient d’un jogging à Carcassonne et se retranchait dans un supermarché avec des otages. Abattu par les gendarmes, Radouane Lakdim achevait ainsi son équipée sanglante avec un bilan de quatre morts y compris le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, décédé le samedi 24 mars, qui a offert au terroriste sa vie contre celle d’une otage. Respect pour lui et tous ceux de son envergure pour qui la responsabilité s’entend au sens du sacrifice ultime !

Retour au bord du Djoliba pour relever une décision capitale prise lors du Conseil des Ministres du mercredi 21 mars 2018. Pour faire court, elle est relative au remplacement de la carte NINA par la carte d’électeur pour le scrutin présidentiel de juillet prochain. C’est une excellente nouvelle en ce sens que l’introuvable carte NINA constituait une forte hypothèque pour la réussite des élections à venir. En d’autres termes, le pourcentage d’électeurs disposant du fameux sésame étant désespérément bas, les taux de participation s’en ressentiraient gravement. Reste au pouvoir à vendre à son opposition le bien-fondé de sa décision et à la convaincre qu’elle ne recelait aucune malice.

 

Je voudrais m’arrêter sur deux mauvaises nouvelles : l’arrivée d’un faucon à la Maison Blanche au poste très sensible de conseiller à la Sécurité. John Bolton, c’est de lui qu’il s’agit, remplace le général McMaster que Trump vient de dégommer en faisant fuiter la nouvelle de son limogeage sur twitter. Comme d’habitude ! C’est un ultra-conservateur qui a fait ses classes sous Bush fils et un partisan déclaré de la politique du bâton dans les relations internationales. Une promotion qui inquiète les diplomates du monde entier.

L’autre mauvaise nouvelle, c’est la descente aux enfers de Facebook. Le géant des réseaux sociaux n’est pas si sûr qu’il en donne l’air. Pour preuve, il vient de reconnaître qu’il s’est fait dérober les données de plus de 50 millions de comptes par Cambridge Analytica, une entreprise spécialisée dans le recueil et l’analyse de données en ligne, dans le cadre de campagnes électorales. Compte tenu de la proximité de l’entreprise incriminée avec les milieux républicains américains et la dernière élection présidentielle américaine – déjà soupçonnée de collusion avec la Russie-, l’affaire est prise au sérieux. Conséquences, Facebook fait face à une campagne de désabonnements  (#QuittezFacebook ou #deletefacebook) et son action est en chute libre en Bourse. Mark Zuckerberg, son fondateur, est contraint de présenter des excuses publiques aux actionnaires et aux utilisateurs pour ce qui n’a d’autre nom que de la négligence.

Dernier élément de ce tour d’horizon de l’actualité sur le web, le match amical international Mali-Japon qui s’est joué le vendredi dernier à Liège, en Belgique. Pour ma part, ce fut une belle rencontre qui permettra aux deux encadrements d’opérer d’intéressants réglages pour des échéances précises : la CAN 2019 au Cameroun pour le Mali et la Coupe du monde Russie 2018 pour le Japon.

Serge de MERIDIO

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