Selon l’encyclopédie libre Wikipédia, « la Seconde Guerre mondiale prend fin sur le théâtre d’opérations européen le 8 mai 1945 par la capitulation sans condition du Troisième Reich, puis s’achève définitivement sur le théâtre d’opérations Asie-Pacifique le 2 septembre 1945 par la capitulation également sans condition de l’empire du Japon, dernière nation de l’Axe à connaître une défaite totale ».
Si nous avons bien appris notre table de soustraction à l’Ecole primaire, cela fait donc 75 ans que cette guerre particulièrement meurtrière dont le coût humain se situe entre 50 et 85 millions de morts est finie.
Et pourtant, on continue de parler de cette guerre qui n’a pas fini de dévoiler ses mystères. Presque tous les 2 à 5 ans, il est découvert quelque part sur le Vieux continent ou sur d’autres théâtres d’opération des vestiges de cette bêtise humaine sous la forme d’obus non éclatés, d’armes ayant échappé au temps, d’épaves de navires au fond des Océans ou d’avions dans quelque montagne, de documents, de restes humains… Mais la toute dernière trouvaille sur cette époque sanglante et dont le site geo.fr rend compte dans un article publié le mercredi dernier, fait état d’un bunker secret utilisé par l’«armée secrète » de Churchill, le Premier ministre britannique de l’époque, découvert récemment dans la forêt écossaise
Selon les chercheurs du Forestry and Land Scotland (FLS) à l’origine de cette découverte, il s’agit d’un endroit qui aurait servi de base à une unité secrète chargée de défendre le Royaume-Uni contre l’invasion par les forces allemandes. C’est une histoire méconnue de la Seconde Guerre mondiale qui vient de refaire surface en Ecosse, précisent les chercheurs, avant d’indiquer que « En 1940, alors que plusieurs pays avaient déjà chuté face à l’Allemagne, le Premier ministre Winston Churchill a décidé la création de nouvelles unités militaires à la fonction très particulière ». Ces unités dites auxiliaires avaient pour mission de défendre le Royaume-Uni contre une invasion par les forces allemandes. C’étaient des hommes spécialement entrainés chargés de perturber l’ennemi via de violentes opérations de sabotage qu’ils préparaient dans des bunkers cachés à travers le pays. En somme des commandos qui préfigurent les unités d’élite de nos armées modernes.
Au plan de sa structure, « le bunker présente deux entrées, à chaque extrémité. Il est formé d’une arche de plaques de fer rivetées placée au dessus d’un sol bétonné. L’espace principal ne mesure que 7 mètres de long sur 3 m de large mais cela suffisait à contenir des lits, une table, un poêle de cuisson et tout l’équipement nécessaire pour permettre à l’unité d’y survivre. Ce genre de bunker, selon les archives, était utilisé par sept hommes armés de revolvers, de pistolets-mitrailleurs, et d’un fusil à lunette. Ils avaient aussi des stocks d’un explosif plastique appelé « Nobel 808 » particulièrement adapté à la démolition ainsi que des détonateurs et des interrupteurs à pression.
Un détail que donne le FLS et qui vaut son pesant d’or, les hommes de ces unités auxiliaires étaient surnommés scallywags (en français, voyous), et étaient tous des locaux volontaires composés de gardes-chasse, de forestiers ou encore de braconniers. Ces hommes étaient choisis pour leur bonne connaissance du terrain, puis entrainés à fabriquer et manier des explosifs, réaliser des sabotages et tuer.
Dans ces unités, une seule règle avait cours : « se battre jusqu’à la mort », d’où leur espérance de vie particulièrement courte, soit une douzaine de jours. Parlant de ces hommes dès 2013 sur la BBC, l’historien Tom Sykes précisait : « Ils s’engageaient dans une mission suicide (…) Il n’y avait aucune issue pour eux, ils allaient être capturés et torturés et ils étaient prêts à se suicider avant de se laisser capturer ».
Pour éviter qu’un tel endroit chargé d’histoire ne connaisse un afflux incontrôlé de curieux, les responsables du FLS ont tenu à garder secrète la localisation précise du bunker. Ils ont en revanche précisé que l’endroit constituait un abri idéal pour des chauves-souris, et ont ainsi fait installer des boîtes permettant aux mammifères volants de s’y percher.
Il ya cette autre histoire de la Seconde Guerre mondiale sur laquelle j’étais tombé fortuitement au gré de mes lectures. C’est l’histoire incroyable du soldat HirōOnoda en poste sur l’île de Lubang, dans les Philippines. Ce soldat qui vécut à la manière de Robinson Crusoé refusa de croire à la fin de la Seconde Guerre mondiale et à la reddition du Japon en 1945, et continua la guerre avec trois autres camarades jusqu’en 1974.
Alors que la position qu’il défendait avait était conquise par les forces américaines en 1945 et les troupes japonaises anéanties ou faites prisonnières, le soldat Onoda continua la guerre, vivant d’abord dans les montagnes avec trois camarades (YuichiAkatsu, SiochiShimada et KinshichiKozuka). Un d’entre eux, Akatsu, se rendit finalement aux forces philippines en 1950, et les deux autres furent tués dans des affrontements avec les forces locales entre 1954 et 1972, laissant Onoda seul dans la montagne.
Le preux guerrier nippon rejetait comme une ruse toute tentative visant à le convaincre que la guerre était finie. En 1959, il fut déclaré légalement mort au Japon. Retrouvé par un étudiant japonais, Norio Suzuki, Onoda refusa obstinément d’accepter l’idée que la guerre était finie à moins d’avoir reçu de son supérieur hiérarchique l’ordre de déposer les armes. Pour l’aider, Suzuki retourna au Japon avec des photos de lui-même et d’Onoda comme preuve de leur rencontre. En 1974, le gouvernement japonais put retrouver le commandant d’Onoda, le major Taniguchi, devenu libraire. Il se rendit à Lubang, informa Onoda de la défaite du Japon et lui ordonna de déposer les armes. Le lieutenant Onoda quitta la jungle 29 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et accepta l’ordre de son chef de remettre son uniforme et son sabre, avec son fusil Arisaka Type 99 toujours en état de marche, cinq cents cartouches et plusieurs grenades à main.
Bien qu’il eût tué une trentaine de Philippins qui habitaient l’île et échangé plusieurs coups de feu avec la police, le soldat Onoda bénéficia de circonstances atténuantes, et donc du pardon du président philippin Ferdinand Marcos.
L’histoire retiendra que le lieutenant Onoda fut, au sens strict, le dernier soldat de nationalité japonaise à se rendre. Belles histoires mais au fond tristes puisque feuilletant des pages sombres écrites par notre bêtise collective.
Serge de MERIDIO