Depuis décembre 2019, date de l’apparition des premiers cas de Covid-19 à Wuhan, dans la province chinoise du Hubei, le monde vit au rythme du macabre décompte quotidien des victimes de la pandémie. Face à la maladie, notre impuissance collective n’a d’égale que l’étendue du champ de ruines que sont devenus nos hôpitaux, notre assistance sociale, notre économie, … bref, notre humanité. Atterrés, groggy et désemparés, nous en sommes au point d’avoir oublié que nous fûmes heureux. Oui, nous fûmes heureux ! Avec un peu d’effort, en fouillant dans notre court passage ici-bas, nous trouverons des périodes de légèreté qui nous rappellent la joie de vivre, l’autre versant de notre triste [condition humaine] actuelle. Si nous étendons cet exercice à notre mémoire collective, l’évidence saute à nos yeux que des séquences certes très brèves de notre « chienne de vie » ont été merveilleuses. Pour les ados que nous étions dans les années soixante-dix, les pêches collectives, les battues au village au cours desquelles on capturait des gros rats, les compétitions d’adresse de tir au lance-pierre, les danses athlétiques sur la place du village, les commémorations du 22 septembre avec les mille et un jeux hilarants, les baignades, les travaux collectifs aux champs… ou les sorties en pré-vacances qui préfigurent l’écologie moderne… sont autant de moments inoubliables qu’on évoque avec une pointe de nostalgie et, parfois, une larme au coin de l’oeil.
Mais le monde se souvient aussi qu’il y a eu les Beatles : John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr. Ce sont « Quatre garçons dans le vent » partis des docks de Liverpool, en Angleterre, pour conquérir le monde. En une décennie, la « bande des quatre » est passée à la postérité comme « les quatre garçons dans le temps », écrivant alors qu’ils n’avaient même pas encore 30 ans chacun la « fabuleuse aventure du XXème siècle… ». Mais pour les férus d’histoire, faisons un arrêt sur image ! Le 10 avril 1970, il y a donc exactement 50 ans, un communiqué laconique rendu public par Paul McCartney annonce la dissolution du groupe. Les termes exacts du communiqué seraient « les “Fab Four” n’enregistreraient plus rien ensemble ».
Pour les centaines de millions de fans des Beatles à travers le monde, ce 10 avril 1970 est à marquer d’une pierre noire. C’est un deuil. C’est une catastrophe. C’est la fin d’une ère. La rivalité, la crise de leadership originelle qui opposait deux amis inséparables depuis leur rencontre le 6 juillet 1957 à Liverpool, John Lennon et Paul McCartney, est passée par là. Ceux qui avaient encore quelques illusions en furent pour leurs frais lorsque pressé par le New York Times quant à la reprise de sa collaboration avec son ami John Lennon, Paul McCartney claqua une réponse sèche : « non ».
Peu de temps après cette interview fatidique, la dissolution de leurs liens d’affaires devant un tribunal britannique scellait définitivement la fin du groupe. Pour de nombreux fans, la fin définitive du groupe, c’est quand le 8 décembre 1980, à 22 h 52 à New York, un certain Mark David Chapman assassinait John Lennon, âgé alors de 42 ans. Ironie de l’histoire, l’assassin portait sur lui quatorze heures d’enregistrements des Beatles, une bible et 2000 dollars. Et la formule qui boucla la boucle, on la doit à George Harrison : « Les Beatles ne se reformeront pas tant que John Lennon sera mort ». Avec cette passion que seule sait produire l’innocence, les drames (la disparition de John Lennon et George Harrison) et l’œuvre du temps, la « beatlesmania » n’en est que mieux repartie. C’est comme du vin qui se bonifie avec l’âge.
A propos justement de goût et de couleurs, la discographie des Beatles laisse une des palettes les mieux fournies et ouvertes du rock et de la pop music. Comme l’écrit Wikipédia, en dix ans d’existence et seulement sept ans d’enregistrement (de 1962 à 1969), les Beatles ont gratifié le monde de douze albums originaux et composé près de 200 chansons majoritairement écrites par le tandem Lennon/McCartney, dont le succès dans l’histoire de l’industrie discographique reste inégalé. Les annales de la discographie retiennent que les Beatles restent les artistes les plus vendus de tous les temps et le groupe, selon les propos de John Lennon, était « plus connu que Jésus Christ ». Je vais forcément titiller mes aînés et les connaisseurs en leur proposant ce Top 50 des meilleurs titres des Beatles : https://tinyurl.com/yx2akyl7
Vous comprendrez que ce n’est pas mon classement, mais celui de spécialistes qui ont parfois consacré de nombreux livres à la carrière des Beatles. Beaucoup seront déçus de ne pas trouver dans le listing un titre qu’ils affectionnaient particulièrement sur un disque vinyle passé de mains en mains dans les années soixante dix au gré des « boom » et « surprise-partie ». Pour ma part, je suis en colère de n’y trouver aucune trace de ce que je considère comme ma chanson-culte de fan des Beatles sur le tard : « Ob La Di, Ob La Da ».
En ces temps de doutes où le Covid-19 et une récession économique annoncée risquent de soumettre le monde à rude épreuve, comment puis-je conclure cette petite page d’histoire sans vous proposer ne serait-ce qu’une note d’espoir ! Let itbe (1er couplet) composé par Paul McCartney himself ferait bien l’affaire :
Let It Be
When I find myself in times of trouble, Mother Mary comes to me Speaking words of wisdom, let it be
And in my hour of darkness she is standing right in front of me Speaking words of wisdom,
Let it be Let it be (x4)
Ainsi Soit-Il
Lorsque j’ai des soucis, Mère Marie vient me voir
Prononçant de sages paroles, ainsi soit-il
Et dans mes heures sombres, elle se tient juste en face de moi
Prononçant de sages paroles, ainsi soit-il
Ainsi soit-il (x4)
Serge de MERIDIO