Dans un peu plus de deux semaines, nous tournerons définitivement la page dédiée à l’année 2015 du grand livre de l’Histoire. Par tradition journalistique, cette période est propice aux bilans et projections en ce qui concerne l’actualité. En général, tous les grands médias y vont de leurs certitudes, ayant passé l’année à classer et à ranger fiches, dossiers, sondages et enquêtes d’opinion, veille, etc. En général, selon des critères propres à la profession, les sujets saillants de l’actualité internationale restent dans une marge d’erreur très tenue au point qu’on peut même parler d’unanimité. Au plan national aussi, la hiérarchisation de l’actualité le long d’une année qui s’achève est chose relativement plus aisée. Toutefois, comme on le verra, de plus en plus de problématiques nationales débordent sur le plan international donnant encore, une fois de plus, raison à Marshall Mac Luhan, ce visionnaire canadien qui, parlant de notre monde, évoquait le concept du « village global ». Mais qu’on ne s’y trompe pas, notre opinion, même nationale, est façonnée en partie par les grands groupes de médias. La qualité de leurs ressources humaines et techniques, leurs budgets astronomiques, leur entregent, l’influence qu’ils exercent sur ceux qui nous dirigent… sont autant d’atouts qui leur confèrent un monopole sur l’information. Dans nos pays du Sud, nous nous réveillons avec RFI, prenons notre petit déjeuner les yeux rivés sur les chaines satellitaires (France 24, LCI, Euronews, CNN, TV5, etc.), écoutons et regardons ces mêmes chaines au bureau, au marché… Toute la journée et tous les jours de la semaine, ce phénomène d’abrutissement se produit, se prolonge et, à notre insu, nous nous surprenons à penser, à réfléchir et à réagir en fonction du modèle de société qui nous est servi par ces grands médias. Aussi, ne soyez nullement surpris de ne voir figurer dans un Top 10 ni la bravoure du peuple burkinabè qui a su fait barrage à la forfaiture, ni la lutte contre Boko Haram, ni même le drame de nos frères dont la dépouille sert de nourriture aux prédateurs dans le désert et aux poissons dans la Méditerranée. Facebook, le géant américain des réseaux sociaux, a déjà publié sa rétrospective de l’actualité pour 2015. Il s’établit comme suit :
- L’élection présidentielle américaine (2016)
- Les attentats du 13 novembre à Paris (France)
- La guerre civile syrienne et la crise des réfugiés
- Le séisme au Népal
- La crise de la dette grecque
- Le mariage pour tous
- La lutte contre ISIS (Daesh ou Etat Islamique)
- L’attaque contre Charlie Hebdo (France)
- Les manifestations de Baltimore (USA)
- La fusillade de Charleston et le débat sur le drapeau (USA)
Vous avez l’œil exercé, j’imagine, et vous avez, comme moi, sursauté à la lecture de ce classement qui est dominé par l’élection présidentielle américaine de 2016. Et si vous n’avez pas toujours compris, Facebook place en tête de l’actualité de 2015 un évènement qui est à venir. Un évènement qui n’aura lieu qu’en 2016. Un évènement qui n’existe pas encore ! Trop fort non ! Vous avez compris, l’Amérique, c’est le monde. Ce qui est bon pour l’Amérique l’est aussi pour le monde. En d’autres termes, les questions domestiques américaines éclipsent de loin les autres sujets de l’actualité dans le reste du monde. Ne soyez pas étonné, dans le Top 10, trois (03) sujets sont américains : l’élection présidentielle de 2016, les manifestations de Baltimore et la fusillade de Charleston et le débat sur le drapeau. Je suppose que ce classement était déjà publié avant la fusillade de San Bernardino survenue le 2 décembre 2015 à San Bernardino près de Los Angeles, dans l’État de Californie, et qui a fait 14 morts. Elle aurait certainement mérité d’y figurer, et en bonne place. Enfin, une des explications du choix de l’élection présidentielle de 2016 pour figurer en tête du hit-parade de l’actualité en 2015 tient à ceci :
– les américains sont les plus nombreux sur les réseaux sociaux et, naturellement produisent le plus d’interactions qui déterminent les tendances de l’actualité ;
– et un fantasque candidat à la primaire républicaine, le milliardaire Donald J. Trump, amuse la galerie politique mondiale dans une proportion jamais égalée jusque-là. A telle enseigne qu’il est déclaré persona non grata dans plusieurs pays dont Israël et le Royaume Uni.
Serge de MERIDIO