Chronique du vendredi : le satisfecit et l’impératif

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Adam Thiam
Adam Thiam

Un satisfecit pour la bonne gestion des fonds alloués au Mali par leurs institutions : c’est bien ce qu’ont donné à Ibk, la Secrétaire d’Etat française au Développement et à la Francophonie France et le Commissaire au Développement de l’Union européenne. L’ombre des deux avions présidentiels a sans doute plané tout au long de la rencontre d’évaluation de Bruxelles 2013 tenue hier dans notre capitale.

L’affaire était partout : dans la presse, dans les « grins », dans les ménages. Sur les lignes de fracture majorité-opposition, gouvernants-gouvernés, traîtres-trahis, et ce de manière quelque peu inquiétante. Car nous sommes encore un pays convalescent. Nous avons une ex junte en prison –donc forcément une partie mécontente de nos soldats-. Nous voyons l’unité Serval  de Bamako pourtant très utile pour la sécurité de la capitale, faire ses bagages pour Gao. Et la question de Kidal reste entière à en juger par les récentes déclarations des mouvements armés.

 

C’est peut-être pour toutes ces raisons que nos partenaires cherchent à calmer le jeu. La parenthèse des avions présidentiels est-elle fermée ? Pas si sûr : le train de vie de l’Etat est sensible dans tout pays dont les citoyens peinent à joindre les deux bouts ; l’opposition  cherche à marquer son territoire et elle ne dédaignera aucune occasion de pousser dans les cordes une majorité qui gagnerait à une communication plus cohérente et univoque. En somme, l’apprentissage de la démocratie doit continuer.

 

LA BOUSSOLE TOUJOURS SUR LE NORD

Mais si  nos partenaires ont tenu à « dédramatiser », ce n’est pas parce qu’il n’y a rien à y redire  -un ministre scandinave a du démissionner pour avoir acheté une boîte de chocolat sur une carte de crédit de l’Etat-. C’est parce qu’il y a des choses graves à gérer sur le front Nord.

 

D’abord qu’on appelle cela lenteur, blocage ou stratégie de pourrissement, dans moins d’un mois nous fêterons le premier anniversaire de l’accord préliminaire de Ouaga sans avoir commencé les pourparlers sur le fond. La nomination récente par le Chef de l’Etat de l’ancien Premier ministre, Modibo Kéita comme son représentant au dialogue inclusif intra-malien  -c’est la dénomination officielle- a été saluée par les parties prenantes, notamment nos partenaires, de pas encourageant dans la bonne direction. De même que la nomination comme ministre de la Réconciliation de Sidi Mohamed Zahaby, précédemment ministre des Affaires étrangères.

 

L’autorité du Représentant personnel du Chef de l’Etat ajoutée à l’expérience spécifique du ministre donne l’impression du tandem rêvé. Voici pourtant que le Mnla chahute Zahaby qui a pourtant été des négociations pour le Pacte républicain en 1992, y représentant les intérêts et les positions du Nord et des mouvements rebelles. Voici aussi que le Hcua que l’on croyait bien plus proche de Bamako demande un médiateur choisi par la communauté internationale et des pourparlers dans un pays neutre.

 

Voici enfin que les Groupes d’autodéfense donnent de plus en plus de la voix, exigeant d’être partie intégrante des futurs pourparlers, statut qu’à tort à ou à raison, ils n’ont pas jusque-là.  Bamako ne  donnant pas l’air de transiger  sur le « rapatriement » de la question du Nord, on réalise alors que  la question de Kidal reste posée -Kidal parce que les autres régions du Nord que sont Tombouctou et Gao ne sont pas dans la même situation-

 

En faisant le départ entre les pourparlers pour une paix définitive -qu’il revendique comme champ d’action- et le dialogue inclusif intra-malien, le Premier ministre Modibo Kéita ouvre, il est vrai, une opportunité pour l’implication de facilitateurs non maliens – internationaux ou africains-. Mais la question du Nord prouve bien qu’elle doit bien être la préoccupation principale du pays, de tout le pays, de la majorité comme de l’opposition, du gouvernant comme du gouverné. C’est toute la pédagogie de ladite rencontre de Bamako.

Adam Thiam

Commentaires via Facebook :

11 COMMENTAIRES

  1. Bonjour à vous tous.

    Arrêtons d’être aussi mauvais entre nous maliens. Au lieu de se donner les mains et encourager celui qui porte le fardeau pour nous reconstruire un nouveau Mali, nous sommes là en train de se salir. Il est facile de détruire en 1 an que construire en 10 ans. Tantôt telle personne a acheté un avion ou voiture très chère ou encore, certaines personnes n’arrivent pas à atteindre les 2 bouts. Posons nous la question suivante: Si nous obtenons une aide financière équivalente à mille milliard d’Euros, vous pensez que cette somme sera partagée entre les familles? je crois que non. Qui verra la trace de cette somme? les travailleurs et magouilleurs.
    Mettons-nous au travail au lieu de papoter nuits et jours et arrêtons de salir notre patrie en salissant nos dirigeants. Les problèmes maliens doivent se régler au Mali et entre maliens et non au dehors car c’est honteux.
    Vive le Mali, oui le développement, oui à la création d’emploi pour nos jeunes et non à la corruption..

  2. Incroyable les Maliens.je parie tout que Kalam est un politicien. Sinon il ne peut pas demander à un journaliste de prendre position quand son rôle c’est de donner à son public les éléments de l’analyse. Ce n’est pas Thiam le problème mais bien vous, Kalam

    • Si le journaliste n’arrive pas a donner sa propre position, c’est difficle pour les malfaisants de se corriger, vous ne trouvez pas?
      Adam Thiam a une plume extraordinaire, mais quand on fait trop le PEUL, on finit par perdre des 2 cotes (FOULBEI HATCHIREI KAN GACHEI) 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 .

  3. Adam Thiam !

    Un vrai ” foulakè ” avec toute la malice qui va avec.

    Ménager la chèvre et le choux.
    Faire semblant d’aborder la gestion calamiteuse des deniers publics par le pouvoir en place sans en toucher les points sensibles pour ne froisser aucune susceptibilité.

    Ne jamais insulter l’avenir..on ne sait jamais !

    Vu la communication catastrophique de l’équipe en place et l’amateurisme du nouveau PM, peut être on peut avoir recours à un journaliste sachant bien manier les mots et qui en plus a une petite expérience de conseillé.
    Bien vu !
    Vous avez parfaitement raison Monsieur Thiam. Au train où va le Mali, il vaut mieux savoir tirer ses marrons du feu.
    Comme a si bien dit l’ancien Président en exil, ” dans cette Histoire de Mali,” Bè Bi Babolo ”

    Puisqu’on ai assurer d’aller droit au mur avec une succession d’hommes et de femmes d’une carence inouïe, mieux vaut au préalable se remplir le gosier et bien le remplir.

    Un mur, cela peut faire mal !!

  4. Bon éclairage des préoccupations du moment…Mais où en est-on vraiment à Kidal ?
    Adam Thiam ne pourriez vous pas intervenir pour que les informations concernant concernant cette guerre soient cohérentes ?

    Vous nous dites que rien n’est réglé …Mais le PM va à Kidal

    Étonnant !

    • RINZ

      “Vous nous dites que rien n’est réglé …Mais le PM va à Kidal”

      C’est normal qu’il aille à Kidal! Avec ce nouvel avion, il est urgent de démontrer aux PTF comme au peuple qu’il a bien une quelconque utilité!… 😆 😆 😆

      S’il n’avait pas été à Kidal, il aurait été à Sévaré, à Kayes, à Gao ou n’importe où il y a une piste pour se poser!

      Il faut faire voler ce nouvel avion…… ET VITE! 😆 😆 😆 😆

  5. Ce qui est important pour tout malien digne de ce nom ayant suivi l’intervention du PM, c’est que sur les 965 milliards FCFA (plus de 1,471 milliard d’euros) déjà décaissés, le Mali n’a pas profité de 2/3, et pire l’Etat malien ne sait même pas oû ils sont allés ces 2/3! Notre PM était bien fondé de demander aux PF de clarifier pour les maliens l’utilisation faite de cet argent pourtant sorti au nom du Mali à grand tintamarre! Mais comme l’a dit Aminata D TRAORE en substance; tout ceci n’est qu’une grande farce, un grand bluff!

  6. Une manie bien établie : devant des problèmes clairement identifiés, toujours créer de nouvelles structures ou de nouveaux projets (Ministère de la Réconciliation, Commission Vérité/Réconciliation/Justice, Négociateur, Représentant au dialogue inclusif intra-malien), à Bamako, Ouaga, Alger, Maroc. On préfère toujours déplacer le curseur au lieu de corriger l’erreur bien visible. ALORS QUE LA SOLUTION TOUT AUSSI BIEN IDENTIFIEE EST DE RENFORCER UNE UNIQUE STRUCTURE DEJA EXISTANTE : une seule cellule chargée des rencontres intercommunautaires soutenue par une justice qui lutte contre l’impunité, une guerre durable contre les groupes armés quelqu’en soit son coût humain et financier, un système de renseignement efficace en milieu nomade surtout, la lutte contre chômage, enfin la coordination régionale et internationale des actions de lutte contre le terrorisme…

  7. Que faites vous du desarmement des groupes a r m e s ,prealable a tout processus de dialogue ❓ ❓ ❓ ❓ ❓

    • Que du BLUFF! IBK va negocier meme si ces RATS avaient l’arme atomique. 😆 😆 😆

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