Il est peut-être un peu trop imprudent, en tout cas prématuré de conjuguer le Pdes au passé. Il prend, en effet, du temps pour un parti ordinaire de s’implanter, de gagner en épaisseur et de devenir à la fois une force de proposition et un pôle d’influence.
S’agissant cependant du pari d’Ahmed Diané Séméga, on sent l’impatience -généralement de ses militants – ou le ouf de soulagement – de tous ceux à qui il inspirait quelque frayeur- devant son rythme d’expansion jugé lent et son bilan du moment qui n’est pas impressionnant, pour certains. Il faut dire, pour mieux comprendre l’attitude des uns et des autres, que le parti en question n’était pas n’importe quelle formation.
Par ses origines, il ne ressemble à aucun autre parti de l’échiquier national. L’Adema et l’Usrda, par exemple sont des partis qui ont porté leurs responsables au pouvoir, pas l’inverse, même si l’exercice du pouvoir leur a permis de mieux s’implanter. Le Pdes ne ressemble pas non plus à l’Udpm issue, il est vrai, du pouvoir, mais dont le fondateur était Moussa Traoré en personne. Lequel, en tant que chef d’Etat a plus que plaidé pour son bébé : il l’aura même engraissé à l’hormone de l’Etat, organisé son hégémonie le plus ouvertement du monde et fait de la condition de la promotion des cadres leur adhésion au parti qui était unique de surcroît.
Le Pdes, certes est le seul parti de la place à être né avec un peu moins de la moitié des membres du gouvernement, près d’une vingtaine de députés, plusieurs dizaines de hauts cadres avançant à visage découvert ou masqués ainsi que qu’avec quelques puissances d’argent. Tout ce qui lui manquait par rapport à l’Udpm, c’est le contexte pluraliste de l’heure mais aussi et surtout l’adhésion massive et ouverte du président Amadou Toumani Touré dont il se réclame pourtant. Le chef de l’Etat ne s’est jamais déclaré contre mais il l’a répété, l’initiative vient de ses proches qui ont décidé d’aller en politique. Il ne le combat pas et c’est certain il lui serait difficile d’être indifférent à l’évolution de cette formation dans laquelle il compte plusieurs proches.
Mais tout de même, il n’a jusqu’à présent posé aucun acte public destiné à montrer clairement à ses compatriotes qu’il est de ce parti et qu’il les invite à y adhérer eux aussi. Au contraire, il semble avoir pour le Pdes, la curiosité que l’entomologiste a pour son insecte : il l’étudie, le regarde grandir ou se rabougrir. Et voilà tout le problème. Car le Pdes est né en comptant sur lui, non pas en train de tirer les ficelles, mais distribuer les cartes du parti. En tout cas, les fondateurs du Pdes ne s’attendaient pas à le voir refréner leurs ardeurs et les forcer à faire profil bas ou à raser les murs. Car, également par le contexte de sa naissance, ce parti ne ressemble à aucun autre parti de la place.
Il est né à un moment de grand bruit de remaniement ministériel et est peut-être né pour cette raison dans le but de fournir à l’attelage gouvernemental la locomotive qui devrait tracter la fin de mandat et , sans doute, la transition naturelle vers le mandat suivant. Et ne l’oublions pas, il naissait quelque temps seulement avant la rentrée parlementaire. Ce ne peut-être qu’un heureux hasard : il a du se constituer à ce moment là avec un bureau provisoire et sans congrès constitutif justement avec l’objectif d’influencer la configuration du parlement. A la fois pour des raisons d’ordre général – structurer et conforter l’appui à l’action présidentielle et pour des raisons spécifiques : prêter plus d’attention et de renfort aux projets soumis à l’Assemblée nationale.
En particulier le code de la personne et la révision constitutionnelle. L’homologation des mandats électif devant déboucher sur une « tazartché à la malienne ne pouvant, à notre humble avis, qu’être une simple rumeur. Mais qu’il s’agisse du remaniement ou de la formation d’une majorité parlementaire autre que l’Adp, il y eut une fausse alerte et plus gravement une fausse couche. Résultat : le Pdes court, met en place ses structures souvent à grand renfort de publicité.
Sa visibilité ne semble pas poser problème, encore que son existence au jour le jour n’est pas évidente : pas de débats, pas de cercles d’étudiants ou de cadres. Ici et là quelques coupes de football. Mais le pire est que sa lisibilité aussi est d’un flou magistral. Comme si le président veut éviter comme la peste de faire de cette formation la seule branche sur laquelle il veut s’asseoir. Auquel cas, on se demande pourquoi il a laissé ce parti naître. On entend dire que tout se décantera au congrès constitutif en 2011. Mais d’ici là, personne ne nous en voudra de se demander sa valeur ajoutée.
Adam Thiam