Sauf miracle, au matin du 8 juin, il redonnera un coup de pioche. Comme il l’aura souvent fait durant son magistère. Nous notons les dernières couches de peinture sur certains bâtiments de la future cité administrative. Mais nous serions fort étonnés que ce soit cette infrastructure que le président recevra pour le 8è anniversaire de son investiture, les lenteurs accusées dans ce chantier lui enlevant une grande part de son attrait. Et puis, il reste encore tant à faire là-dessus !
Comme l’année précédente, ce sera peut-être le front des logements sociaux qui occupera Amadou Toumani Touré. Sur ces joyaux, beaucoup a été dit et écrit. Personne ne peut dire que le système est parfait.
Le Vérificateur Général qui a poussé ses investigations dans ce secteur en a noté les faiblesses et fait rapport au président de la République, au Premier ministre, au président de l’Assemblée nationale ainsi qu’aux ministères concernés. Les critères d’attribution se doivent, pour lever toute ambiguïté et minimiser le favoritisme, d’être plus transparents. Le taux de recouvrement qui était de l’ordre de 80% en 2007 -un record quoiqu’on dise- doit également être amélioré.
Et sans aucun doute, il y a encore des efforts à faire en ce qui concerne l’efficience des projets. Nous sommes gênés chaque fois qu’on rapporte des travers graves dans le processus d’attribution et nous ne les approuvons aucunement. Ceci dit, aucune méchanceté ne doit nous pousser à minimiser la stratégie des logements sociaux dans un contexte d’urbanisation rapide et de grande pauvreté. Certes, des habitats à loyer modéré, il y en eut avant le président actuel. Mais nous n’en avons jamais eu dans l’ampleur et l’efficacité d’aujourd’hui. Celles-ci sont l’apport propre d’ATT. Sous estimer cela, c’est mépriser les problèmes de ceux et celles qui seraient encore en location ou simplement SDF.
Loger ses compatriotes est une préoccupation noble qui mérite d’être saluée. D’autant que le projet en cours des 20 000 logements est simplement sans précédent dans notre pays et certainement très rare en Afrique. Si nous n’hésitons pas à critiquer, ce qui, à notre avis ne va pas, nous ne devons pas taire les réussites et les logements sociaux sont de celles-ci. Mieux, il sera difficile pour n’importe quel autre président après ATT de s’écarter de la voie tracée. Et ce sera pour le bien du pays. Le problème, c’est la polarisation autour de la personne même du président. ATT ne saurait être la propriété d’aucun clan. Il n’aurait pas été élu ni fait l’objet d’un consensus s’il était perçu comme un chef de faction en 2002. Et c’est moins lui qui a proposé le consensus que ses compatriotes qui ont fait le consensus autour de lui, de ce qu’il a représenté et des valeurs qu’il porte.
A deux ans de la fin de son mandat, retrouver ce qui nous unit est la seule garantie de la société de progrès que nous voulons être. Ce réflexe commande de prendre toutes les distances avec les manœuvres de zizanie et les stratégies d’auto-validation d’autant plus superflues que le bilan doit parler de lui-même. Le président le sait et le tacticien qu’il est ne peut pas vouloir rater sa sortie.
Il était un enjeu durant la transition. Il le reste en ce moment sensible de son mandat. Evénements-bidons, impostures diverses, opportunismes à tout crin, encerclements seront désormais notre lot. De l’excellent observatoire des hommes qu’est le pouvoir, ATT a certainement appris, il faut l’espérer, à éviter les pièges fatals. Son obsession du bilan indique ceci : il sait mieux que nous, que seul le béton ne lui mentira pas.
Adam Thiam