Chronique du vendredi : Œufs maliens mais panier algérien

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Adam Thiam
Adam Thiam

Le Mali a déplacé du beau monde à Alger qui abrite, depuis le début du mois, le second round des pourparlers inclusifs inter-maliens. Outre le chef de notre diplomatie, Abdoulaye Diop, pour faire symétrique, l’hôte algérois du processus étant le ministre algérien des affaires étrangères, il faut signaler la présence des ministres : Zahabi Sidi Mohamed (Réconciliation) ; Ousmane Sy (Décentralisation) ; Hamadoun Konaté (Reconstruction du Nord) ; Sada Samaké. Naturellement, sont aussi du voyage : l’ancien Premier ministre Modibo Keita, haut représentant d’Ibrahim Boubacar Kéita pour le dialogue inclusif intra-malien, une forte équipe de personnes-ressources de l’administration comme de la société civile malienne. Les petits plats auront donc été mis dans les grands.

MAIS  ALGER QUESTIONNE NOTRE ARCHITECTURE INSTITUTIONNELLE

Car c’est près d’une demie douzaine de ministres dont elle a exigé la présence à Alger. Ensuite, il faut constater  qu’aucun document résumant la position malienne et susceptible d’être le fil conducteur des négociations n’a été rendu public avant le déplacement algérois.  Y sommes-nous pour subir la loi des groupes armés ? En principe, l’Etat est plus vulnérable devant ces groupes depuis le 21 mai à Kidal avec la cinglante défaite de notre armée que dans l’après 18 juin 2013  avec les programmes de renforcement des capacités de l’armée nationale.  Mais des balises existent.

Premier d’entre elles : l’accord de Ouaga du 18 juin 2013. Il refera surface dès que les négociations remettent en cause les acquis fondamentaux de la capitale burkinabe. Autres repères : le projet d’accord issu du premier round algérois de juillet dernier ainsi que le mémorandum signé entre les six mouvements armés qui viennent de se réunir à Ouaga pour harmoniser leurs positions.

Et puis, le président malien a indiqué les lignes rouges : ce sont le fédéralisme et l’indépendance. Hors de question, a souvent répété le chef de l’Etat, que le Mali cède sur de tels projets avant de préciser que  tout le reste peut être discuté. Le reste, le discours présidentiel y a fait largement référence : décentralisation, régionalisation -un concept à clarifier- investissements à la mesure des défis développementaux du Nord.

LES REVENDICATIONS SECESSIONNISTES DU MNLA S’ETEINDRONT t’elles à l’hôtel El Aurassi où se déroulent lesdits pourparlers ? Car c’est ce groupe  qui insiste le plus sur l’indépendance politique des régions Nord.  Une de nos dernières autorités morales, Ali Nouhoun Diallo, en sera le premier surpris. Lui qui sera monté régulièrement au créneau pour dénoncer le soutien international, notamment français, au Mnla, à son avis l’instrument d’un complot contre l’intégrité et la souveraineté du Mali.

L’ancien président du parlement malien et ressortissant d’un  Cercle pourtant libéré par Serval ne croyait t-il pas récemment détenir la preuve de la duplicité de la communauté internationale, à travers l’adhésion, le 18 novembre 2013, de l’Azawad à l’Organisation des Etats Africains Émergents, une organisation basée à Washington DC, l’OEAS est membre observateur de l’ONU et dédié à la promotion de l’autodétermination des peuples ?

La question du statut de l’Azawad – dénomination récusée, du reste, par la partie malienne- sera un moment très âpre des pourparlers en cours. Mais la ligne rouge rédhibitoire ici sera l’Algérie. On voit mal ce pays cautionner en 2014 ce qu’elle a rejeté en 199, c’est à dire le projet d’un Azawad indépendant.

Question de ne pas tenter les Touareg algériens qui peuplent les zones pétrolifères de notre puissant voisin. Lequel maitrise nombre de variables de la crise dont Kidal, l’épicentre de toutes les rébellions et seule région non encore rentrée dans les rangs. Le Niger, autre pays qui a sa question Touareg, ne laissera pas lui non plus un Azawad indépendant naître sur ses frontières.

La géopolitique régionale est la principale adversaire du projet azawadien. Ce qui n’empêche pas le Mnla aujourd’hui comme le mouvement kabyle en Algérie d’être membre de l’Organisation des Etats Africains Emergents. Le Biafra, le Sud Cameroun, le Cabinda, les Iles Canaries n’en sont-ils pas membres ? Il est vrai qu’en définitive, qu’ Alger offre la paix ou non, l’orgueil national ne peut pas être défendu avec l’armée des autres.

Adam Thiam

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5 COMMENTAIRES

    • Merci Adam Thiamine
      Tu as tout dit à travers ta dernière phrase.
      “Qu’Alger offre la paix ou non, l’orgueil national ne peut pas être défendu par l’armée des autres”.
      Donc notre faiblesse c’est notre armée.Nous ne pouvons en vouloir qu’à nous même .

  1. L’exigence d’un Statut politique de l’Azawad qui prolonge le concept/paradigme/slogan/cri de ralliement « Libération de l’Azawad » des Ichoumars (bandits armés sahariens) est une véritable fixation narcissique du « groupe d’intérêt narcotrafic » MNLA-HCUA-MAA, l’association (mafieuse plus que rebelle) des mouvements armés irrédentistes, séparatistes, indépendantistes, autonomistes, fédéralistes touaregs et maures maliens en panne de légitimité de représentation, d’imagination et d’absence de réelles causes de justification de la belligérance suite à la mort prochaine et inéluctable du rêve d’une « République de l’Azawad » sans que les tenants de cette ligne dure, considérée par le GRM comme une « ligne rouge à ne pas franchir », n’aient obtenu l’engagement des autorités du Mali à modifier la constitution en y introduisant la notion de « Sahara malien : espace franc et libre de circulation », de passe-droits aux bandits armés qui écument le Nord du Mali depuis 30 ans qui pourront ainsi poursuivre, tranquillement, leur activité lucrative de contrebande saharienne.
    De mon point de vue intéressé – je suis ressortissant des régions du Nord du Mali – le GRM ne doit considérer négociables (parce que gérables) que des doléances reliées à la situation particulière et spécifique du « monde nomade » qui est le « pater » des « enfants perdus » depuis trente ans. En tout état de cause, le GRM doit porter une attention singulière, lisible et acceptable par tous les maliens, à ses populations restées nomades, dans le Septentrion, au Sahara et au Sahel, à travers une organisation territoriale efficiente, une gestion administrative efficace, un développement institutionnel et politique adapté à cette particularité anthropologique, sociale, culturelle, historique et géographique, toutes mesures de nouvelle gouvernance qui tiennent compte des singularités des populations nomades ; point, barre !
    Il s’agirait, pour le GRM, de remettre en selle, en 2014, le mode de gouvernance et de gestion territoriale particulière du « monde nomade » – ces « gens-du-dehors » (« kel-adiama », comme kel Tamacheq qualifient leur propre mode de vie par rapport à celui des sédentaires voisins (ici, ce sont les sonraïs) considérés comme des « gens-du-dedans » – appliqué par les colons français dans les années 1950, juste avant l’indépendance du Mali.
    Le modèle de gouvernance et de développement que je recommande au « gens-du-dehors » serait celui qui favorise et encourage le nomadisme pastoral « intégral » pour valoriser des ressources naturelles productives rares ; il faudrait donc, logiquement et conséquemment, encourager les déplacements des campements nomades sur tout l’espace pastoral « approprié » et même « cadastré » par la tenure foncière tradition et mettre en place les infrastructures d’hydraulique pastorale idoine.
    En tant que citoyen nationaliste malien, cependant très fier de son identitaire spécifique kel tamashaqh, je recommande au GRM, de ne voir dans les revendications des Mouvements armés que des gâteries/drôleries d’« enfants égarés», des bandits armés, des jeunes issus des parents exodés « déboussolés » des sécheresses des années 1973 et 1984, essentiellement des touaregs « Ichoumars » de retour de la Libye, la cervelle lavée par Kadhafi qui y a inoculé le virus de la révolution-révolte-rébellion contre les pouvoirs des Etats sahariens-sahéliens (Mali-Niger), accusés d’ostracisme contre le peuple touareg pour lequel le Guide de la Jamahiriya estime devoir, moralement, politiquement et matériellement, aider à créer un foyer dit « Etat islamique saharo-sahélien » dédié majoritairement aux touaregs.
    Conséquemment, la position du GRM sur la question du statut politique et juridique à accorder à «l’Azawad des rebelles touaregs» serait la mise à jour et la refondation – « réchauffer le plat, quoi ! – du Pacte National de Paix et de Concorde signé avec les Mouvements armés touaregs et arabes en 1992 en prenant l’engagement devant l’opinion internationale.
    La déconcentration administrative régionale en cours permet de mettre en place six entités régionales administratives dans l’espace des trois régions actuelles pour lesquelles le GRM donnera la dénomination qui permette l’appropriation des espaces territoriaux déconcentrés/décentralisés pour des citoyens quelque peu « tribalisés » :
    • la région de la Boucle du Niger en lieu et place de celle de Tombouctou; capitale Tombouctou;
    • la région de l’Affala dans le Sahara de la région de Tombouctou; capitale Araouane ;
    • la région du Gourma dans l’espace de la zone du Gourma dans les régions de Tombouctou et de Gao; capitale Gossi;
    • la région du Songhoï dans la vallée du fleuve Niger, en lieu et place de la région de Gao; capitale Gao;
    • la région de l’Ezawagh; capitale Ménaka ;
    • la région de l’Adagh, en lieu et place de l’actuelle région de Kidal; capitale Kidal.

  2. L E D É S A S T R E !

    Le Mali était entre doute et espoir en 2013.

    En 2014 il est plongé dans le désespoir total avec la perte de Kidal tombé dans un contrôle exclusif des voyous armé, un gouvernement hyper corrompu, qui jongle entre népotisme et affairisme avec l’argent public.

    Absence de nouveaux projets de développement dans le pays et le ralentissement voire l’arrêt net des travaux des projets entamés sous ATT.

    Comme ci le malheur ne vient jamais seul, les partenaires financiers coupent les décaissements de leurs fonds au pays, les prix flambent et les revenus des travailleurs stagnent voir régressent.

    Dans ces conditions de loyer cher, de factures d’électricité qui se corsent, du prix des denrées de première nécessité qui galopent, chacun peut comprendre la galère d’un chef de famille qui n’a que son maigre salaire ou sa retraite pour nourrir et soigner une famille dont ses enfants diplômés n’ont aucune perspective d’emploi dans un pays qui n’en crée pas.

    L’investissement public est à l’arrêt et l’investissement privé est fortement découragé par une politique de népotisme et corruption alimenté directement par Koulouba et ses valets.

    Donc pas d’investissement, pas d’emploi et pas de perspective pour une jeunesse désœuvrée et laissée pour compte.

    Au même moment IBK voyage comme un prince du golf, imbu de sa personne, il s’image roi sur un trône en or massif.

    Alors qu’il a un contrat de 5 ans avec le peuple malien qui tire sa substance dans la constitution du 25 février 1992 qu’il foule au sol à tout vent aux rythmes de ses “Inchala” et autres diversions à connotation religieuse dans un pays laïc.

    Il se noie dans un luxe indécent et dans une exubérance coûteuse pour le contribuable malien pour assouvir son dessein malsain d’une jouissance ignoble et inutile à la tête d’un État malade et moribond.

    Et quand on lui reproche ses frasques et lustres inopportuns, il verse dans la délation et le parjure en mentant vertement aux maliens qui l’ont donné leur confiance il y a un an et qui baignent dans la misère et l’amertume d’un rendez-vous manqué.

    Il ment sur les anciens régimes, il ment sur l’armée et il conjure à son premier ministre et à ses ministres de faire de même.

    Cette avalanche de mensonges d’état a ternit le peu de crédit qu’avait cette organisation de malfaiteurs qui se nomme gouvernement au Mali.

    Le peuple malien et ses préoccupations sont repoussés aux calendes grecques, gentiment mis aux oubliettes alors que les menteurs professionnels se la coulent douce avec son argent.

    L’UNTM est fâchée, l’opposition est fâchée, le FMI est fâché et la jeunesse est révoltée mais les voyous armés dansent au nord.

    Mais pour IBK et ses laudateurs, une horde de parvenus de la 25ème heure, abondamment dotés d’une idiotie rare, croient dur comme fer que les revendications légitimes du peuple fatigué du Mali, sont l’ouvre de spécimens “aigris”, “jaloux”, “méchants”, “hypocrites” et “Hassidi”.

    Leur folie douce en débordement excessif, se joue désormais sur twitter pour débiter des âneries les unes plus grosses que les autres.

    Mais l’homme qui conduit bien le cheval et l’homme qui est tombé du cheval, c’est le même individu, dit un proverbe bambara.

    Wa salam!

    • Onze avions ont disparu en Libye: en vue d’une attaque le 11 septembre?
      SAUVEGARDER
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      Par: Deborah Laurent
      3/09/14 – 20h14© reuters.
      Les Etats-Unis sont en alerte. Selon un reponsable américain, qui s’est confié au journal numérique gratuit Washington Free Beacon et dont les propos sont repris dans toute la presse étrangère, onze avions commerciaux ont disparu de l’aéroport international de Tripoli en Libye. L’approche du 13e anniversaire des attentats du 11 septembre fait craindre le pire.
      L’aéroport de Tripoli a été pris d’assaut par des combattants islamiques un peu plus tôt cet été. Il a été fortement endommagé par les combats.

      Tandis que le Département d’Etat américain fait profil bas, le fonctionnaire bavard avertit: “Il manque un certain nombre d’avions commerciaux. Nous avons découvert le 11 septembre 2001 ce qui peut arriver avec des avions détournés.”

      Al Jazeera a déclaré que les avions sont en possession d’un groupe appelé Masked Men Brigade et qu’ils seront utilisés pour une attaque terroriste.

      Le 11 septembre marque également le deuxième anniversaire de l’attaque du consulat américain à Benghazi. Quatre Américains avaient été tués dont l’ambassadeur américain Christopher Stevens.
      http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/2028552/2014/09/03/Onze-avions-ont-disparu-en-Libye-en-vue-d-une-attaque-le-11-septembre.dhtml

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