Chronique du vendredi / La crise est un comportement

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Adam Thiam (Le Républicain)

On peut tout dire sauf que la  communauté internationale abandonne le Mali. Certes, elle le fait aussi pour la sécurité globale, donc la sienne aussi. Certes, beaucoup d’inconnues subsistent encore  avant  que le Mali récupère sa souveraineté aliénée sur les deux-tiers de son territoire et remettre dans le circuit normal de la production et de la cohabitation des communautés traumatisées.

Car des inconnues demeurent dont : la bonne foi des acteurs-clés  comme Ansardine ou Alger ; l’accueil par le Conseil de sécurité réservera  du document stratégique demandé à la Cedeao le 26 novembre si ce délai est respecté ; les moyens nationaux et internationaux qui seront effectivement investis dans la libération du Nord ; la stratégie de la libération qui dira si le calcul est d’enterrer la bête ou de la mettre en embouche dans les contreforts de  l’Adrar pour qu’elle revienne plus tard, plus forte et plus féroce ; et puis le délai d’une intervention qui pour être efficace doit être diligente.

Reste que  les  tout au long de la crise humiliante que notre pays traverse aux plans institutionnel et sécuritaire, la communauté internationale aura  fait preuve d’une rare bienveillance aussi bien dans la mobilisation générale pour la cause de notre septentrion que dans l’assouplissement, voire la levée des sanctions financières consécutives aux ruptures de légalité ou au difficile rétablissement de celle-ci.

Curieusement, au même moment, des signaux inquiétants émergent,  sur la question des assises nationales et sur celle de la candidature alléguée de Cheickh Modibo Diarra à la présidentielle qu’en qualité de Premier ministre il est chargé de préparer.  Pour lesdites assises, il faut s’étonner qu’elles ne se soient pas encore tenues quoiqu’invoquées par l’accord-cadre en son temps pour que les parties prenantes s’entendent sur la durée, les organes et les règles de la transition. Laquelle se termine en avril, si le délai donné par la Cedeao est observé. Dès lors,  la nation est en droit d’être informée sur le bien fondé de ces Assises envisagées dans la foulée du discours  du 29 juillet de Dioncounda Traoré  alors touché par la grâce de son prodigieux retour au pays. Et qui ne pouvait s’attendre à cette période à être la victime même collatérale ni du Fdr qui a dit clairement qu’il boycotterait lesdites assises telles qu’organisées, ni des députés qui dénonceraient, eux aussi, la gestion d’un événement censé dégager la sortie de crise plutôt que de l’obstruer.

S’agissant de la candidature du Chef du Gouvernement à la future présidentielle, celui-ci ne  s’est pas encore publiquement prononcé là-dessus. Mais beaucoup de sources lui prêtent lui prêtent l’intention de briguer la magistrature suprême.  Diarra peut invoquer le silence des textes sur la question au moment de sa nomination comme Premier ministre, alors qu’il avait quand même préalablement signifié sa candidature à la présidentielle d’avril 2012. Il peut aussi opposer à ceux qui font le rapprochement avec le cas Dadis que contrairement à ce dernier, lui n’avait promis à personne de ne pas être candidat. Mais il lui sera opposés et la jurisprudence des transitions africaines et le communiqué final de la réunion de Ouaga de mai dernier et l’engagement de Dioncounda Traoré le 29 juillet. Si tout cela n’a pas force de droit, alors on peut dire que la crise institutionnelle est repartie de plus belle. En dépit du  gouvernement consensuel d’août. En dépit de la grave situation au Nord de notre pays. Le Mali est toujours retombé sur ses pieds. Mais ce n’est pas le Mali que nous vivons. Celui-là a choisi de s’abonner à la crise.

Adam Thiam

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6 COMMENTAIRES

  1. @ N’IMPORTE QUOI ! il y a 16 heures (07:08 AM)
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    N°: 2210161
    Ton commentaire est pertinent.

    Je suis désespéré par l’incapacité des africains à comprendre ce qui se joue actuellement.

    La France ne travaille pas a aider le Mali à recouvrer l’entièreté de son territoire.
    Elle travaille à créer un Etat touareg dans l’Azawad.

    Le plan initial a foiré car la faction islamiste AQMI a pris le dessus sur les Touareg et a fait main basse sur les territoires conquis ensemble.
    Maintenant la France veut chasser les islamistes d’AQMI au profit des Touaregs. D’où l’intervention militaire qui se prépare actuellement. Celle-ci se fera avec le sang des africains, éternels cocus de l’Histoire qui pensent aider un pays frère a rétablir sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire. Or ils ignorent que la France se sert d’eux pour placer ses poulains touaregs. Comment cela se fera t-il ?
    C’est là que Compaoré entre en jeu. Il est délégué par la France pour soigner l’image d’Ansar Din en leur demandant de renoncer au terrorisme et à la violence. Ce qui permettra d’en faire des gens fréquentables et des alliés des Touaregs du MNLA.

    La deuxième phase sera qu’après l’intervention militaire pour chasser les islamistes d’AQMI, la France et ses alliés occidentaux imposeront au Gouvernement malien un référendum d’autodétermination qui aboutira à l’indépendance de l’AZAWAD et donc à la partition du Mali sur le modèle soudanais.

    Il y a quelques mois cette perspective avait été dessinée lors d’une rencontre à Ouagadougou sous la supervision de Compaoré qui représente les intérêts de la France. Il faut savoir décortiquer les communiqués conjoints publiés à la fin de ces rencontres. Des termes comme « une solution constructive négociée à la crise malienne » ne veulent dire rien d’autre qu’une autonomie et une indépendance à terme pour l’AZAWAD.

    Malheureusement seule l’Algerie a compris. Elle ne veut pas, pour des raisons geo-politiques évidentes, d’un Etat touareg à ses frontières sud parce que après le mali, les revendications territoriales touareg se poseront à elle et au Niger. D’où son refus pour une intervention militaire qui n’est qu’une opération déguisée pour donner aux Touaregs un Etat sous tutelle française.

    Dans ces conditions publier un article sur un journal français pour les appeler à l’aide c’est comme si une gazelle allait se plaindre auprès d’un lion pour arracher son petit des griffes d’une hyène. Et cela montre la nullité de Yoro Dia et de son boss Sanogo.

    Le Mali a définitivement perdu l’AZAWAD. Les africains ne doivent participer à aucune opération militaire qui ne profitera qu’à la France.

  2. Bien analysé, du théologique au géopolitique. C’est réconfortant de lire quelqu’un de sensé !

  3. Tout ceci a l’air de déjà vu en matière de transition. Se rappeler des fanfaronnades de Jean Marie Doré en Guinée et de Dadis Sanogo en son temps. Avant qu’ils ne se ravisent. On verra si un membre du gouvernement osera postuler, parjurer comme Tandia. Cela suppose que les maliens sont des moutons dociles. A-t-on oublié le 26 mars 1991 ? Ces vieux séniles sont-ils saisis d’amnésie ? Et la réaction de la communauté internationale ? Faut-il vraiment croire que l’ancien chef de village ne souhaite pas le bonheur de son village? Faut-il vraiment croire que ce malheureux Premier Ministre qui ose critiquer la classe politique malienne est vraiment dans une logique de vengeance ? Comment peut-il ne pas voir la différence entre le Mali de 1991 et ce qu’ont apporté les 20 ans de démocratie ? Mais nous, maliens moyens, constatons tristement, peut-être sans surprise, que nous réapprenons à choisir nos trous sur nos routes, comme sous l’ère Balla. Comme la communauté internationale a l’ai de réussir la libération du Nord, il faut qu’il compromette le second mandat d’élections libres et transparentes du gouvernement. MAIS TOUT CECI N’EST PAS DE SA FAUTE, COMME CETTE COMEDIE DE NEGOCIATION A OUAGA ET A ALGER AVEC LES ASSASSINS D’ANESARDINE, CE SERAIT LA FAUTE UNIQUEMENT DE LA SOCIETE CIVILE MALIENNE, SI ELLE SE LAISSE FAIRE…

  4. 1. Comment le Prophète IYAD, les Saints d’ANESARDINE, maintenant quelques apôtres du MUJAO, qui sont tous des djihadistes convaincus, sont soudainement saisis d’une ferveur religieuse de négociation et de phobie de la charia maintenant, juste maintenant ? La mort et le bucheron ? Et pourtant, au paradis, l’attendent joyeusement de sculpturales vierges soumises, d’une beauté inimaginable offerte à soi seul (90, 40 000, 400 000 ou même à volonté par un simple tic de la pensée, ça varie selon les prêcheurs qui ne précisent pas si c’est une horde d’étalons vierges qui sont réservés aux femmes du paradis). Y abondent des vaisselles dorées et argentées, des plats exquis, et l’alcool du paradis, aaah ! il est dit qu’il possède des vertus à nulle part pareille : il n’enivre pas, il n’est pas amère, plus succulent que le meilleur des rhums ou des hydromels. Un long fleuve éternel de lait coule loin vers l’horizon. Une mare de miel se répand à portée de main. Il parait, selon divers prêcheurs, qu’il suffit de penser à un plaisir pour mourir d’extase et ressusciter instantanément. Que du bonheur, rien que du bonheur, et encore du bonheur, tout le temps, sans discontinuer, sans jamais s’ennuyer. Et pourtant ! Leur grand frère, Ben Laden aussi, a passé sa vie à fuir le paradis qu’ils prétendent imposer aux autres. C’est vraiment étrange…
    2. Le Ministre de l’Intérieur algérien déclare, disant répercuter les positions de son Ministre des Affaires Etrangères: ’’ journal francophone Le Soir, jeudi 8 novembre 2012’’, que les frontières algériennes sont bien gardées et sûres. Et comment les mercenaires libyens surarmés sont arrivés au Mali ? Il ose même dire qu’il n’y a QUE 2000 à 3000 narcotrafiquants et terroristes au Sahel ? Est-ce-que cet homme est malade ou il est complice de 2000 à 3000 narcotrafiquants et terroristes ? Il ajoute que l’Algérie ne souhaite pas l’intervention militaire à cause de ses conséquences néfastes pour elle. Mais quel pays souhaite la guerre pour rien ? Pourquoi l’Algérie a pris les armes contre les colons français ? POURQUOI ELLE FAIT MINE DE COMBATTRE LES TERRORISTES PAR LES ARMES SUR SON SOL, notamment en KABYLIE ? COMMENT PEUT-ON LUTTER REELLEMENT CONTRE UN PHENOMENE CHEZ SOI ET LE SOUTENIR CHEZ LES AUTRES ? Des maliens sont privés de toute liberté, voilés de force, volés, violés, fouettés, amputés, lapidés, profanés, assassinés depuis plus de 8 mois maintenant, tous les projets de développement sont suspendus au Nord Mali, il n’y existe quasiment plus de santé, d’éducation ou de justice. L’Algérie répond : ‘’négocions’’, c’est-à-dire laissons les criminels continuer impunément à voler, violer, fouetter, amputer, lapider, saccager, profaner, assassiner encore ! Quelle explication donner à tout cela ? Tout simplement que l’Algérie (en tout cas le gouvernement actuel) est devenue un NARCO ETAT, UN ETAT TERRORISTE qui se moque éperdument des vies maliennes, que si les maliens se laissent se faire, ils n’ont qu’à périr tous, ce n’est pas son affaire. En oubliant que fatalement, un Nord Mali livré au banditisme/terrorisme aura forcement des répercussions désastreuses sur l’Algérie, les pays voisins et le reste du monde. Heureusement que le reste du monde qui n’est pas constitué de narcotrafiquants et de terroristes nous soutient. Et que la guerre contre le banditisme/terrorisme se fera, avec ou sans l’Algérie (et il faut ardemment souhaiter que ce gouvernement algérien ne reflète pas l’esprit du peuple algérien). ET QU’ATTENDONS NOUS POUR MARCHER SUR LES AMBASSADES ALGERIENNES AU MALI, EN FRANCE ET PARTOUT DANS LE MONDE ? POUR PROTESTER SIMPLEMENT CONTRE LE MEPRIS ALGERIEN.

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