Chronique du Vendredi : Et voici le plus grand commun diviseur !

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« Armée mexicaine » ou Arche de Noé, le Pdes est, depuis le 18 juillet, une réalité qui donnera pas mal d’insomnie aux « corps constitués » que sont devenues certaines formations politiques, grandes ou moyennes de la place. Et s’il est vrai qu’Ibrahim Boubakar Keita à la naissance du Rpm, Cherif Ousmane Haidara à l’occasion des Maouloud et l’imam Dicko lors des protestations contre le projet de code de la famille ne seront pas impressionnés par la mobilisation réussie par Ahmed Diané Séméga, personne ne dira que le parti des « héritiers d’ATT » est né dans l’indifférence générale.

Les petits plats ont été mis dans les grands, la presse en fait ses choux gras, le pays observe, curieux de savoir ce qui va arriver maintenant qu’est parmi nous le plus grand commun diviseur. A commencer peut-être par Moussa Mara qui sait désormais le défi qui l’attend ce 24 juillet où il lance son parti. Sa consolation, cependant, sera que l’expert comptable connaîtra, par la suite, moins de problèmes que le ministre en charge de l’Equipement. Mara crée son parti pour être candidat à la présidentielle de 2012. Il n’y a pas l’ombre d’un doute là-dessus et personne ne songera à lui imposer des primaires, sauf à adhérer lui-même à ce mécanisme de démocratie interne.

Séméga, lui ne pourra pas dire autant. Il est certes le président du Pdes. Mais la qualité et la diversité de ses compagnons font de lui plus le premier parmi les pairs que l’exécuteur universel et le bénéficiaire unique du testament. D’ailleurs, l’auteur du testament est encore là. Il est bien vivant, il sera à la manœuvre jusqu’au 8 juin 2012 à 10h30, et le pouvoir c’est lui. Ensuite, les initiateurs visibles du Pdes ne peuvent pas se faire d’illusions : ils partent avec un bilan physique relativement bien communiqué puisque le parti tire son nom du programme présidentiel, mais il leur faudra encore trouver quelqu’un qui a l’aura d’un ATT même confronté à l’épreuve du pouvoir, ses erreurs inhérentes et ses odeurs de souffre. Car en 2012, nous l’avons souvent dit, nous pourrions avoir toutes les turbulences de 2002 moins la ceinture de sécurité qu’incarnait ATT.

Séméga, sans doute, sait tout cela, et par conséquent, il se comportera plus en concierge de la « permanence pour X » qu’en maître absolu des lieux. Ce maître, disons haut ce que tout le monde pense ne serait autre que le président lui-même. Non seulement, on a entendu le président apporter sa bénédiction au projet, une onction qu’il ne jugera pas nécessaire d’apporter au PCR et à la FCD sortis tous deux de son moule. Mais en plus, autant de ministres, de conseillers et de hauts cadres ne font pas ce genre de saut en écoutant simplement leur petit doigt. Mais alors, si le Pdes est vraiment son parti, pourquoi le président ne s’en revendique t-il pas le plus clairement et le plus ouvertement du monde dans le but de lancer le message le plus audible et le moins ambigu en direction des masses, pour obtenir leur adhésion maintenant, ici et tout de suite, puisqu’un tel parti a vocation à être le plus grand du pays ? Et parce c’est normale et cohérent en démocratie de s’appuyer sur un parti sûr.

Enfin, le Pdes n’en aurait été qu’un parti-Etat, (feu Mamadou Lamine Traoré disait un Etat-parti concernant l’Adema) et il n’aurait pas été le seul en Afrique. Le président veut-il s’épargner la confrontation avec les partis qui l’ont soutenu ? Cherche t-il à conserver le crédit d’être l’un des rares présidents au monde à avoir gouverné sans régime ? Le nouveau parti relève t-il de son devoir de gratitude envers ses compagnons qui veulent être en politique après lui ? En tout cas, le Pdes lui sera indéfectiblement associé et il ne peut plus agir comme si cette formation n’était pas là. Le consensus dont, il y a juste quelques mois, il se prévalait encore, en est devenu plus difficile.

L’ADP volera en éclat si l’Adema et l’Urd notamment connaissent une hémorragie importante de ses composantes envers le nouveau parti. D’ailleurs que celui-ci ait été crée pendant l’intersession parlementaire indique le souci de la bande à Séméga de ne pas faire des vagues. La nouvelle donne pourrait affecter la configuration et peut-être les résultats du gouvernement.

Mais le Pdes a plusieurs chances : l’ambition des cadres, l’affaissement des contre-pouvoirs, la multiplicité de partis qui tirent, presque tous, la langue. Qu’il se crée en fin de mandat peut être sa faiblesse, mais sa grande force pourrait être, très bientôt, d’être l’embouchure de plusieurs formations politiques, de militants-clients et de nouveaux acteurs. Il fera mal.

Adam Thiam


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