Chronique du vendredi / Et voici la campagne 2012

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Même sans son chien, s’il était à Bamako en ce moment, Pavlov aurait  émis sa précieuse théorie. Il n’aurait eu besoin que de s’occuper des manchettes de  presse, titres chocs et images des candidats dans leur traditionnel bain de foule qui à Sikasso, qui à Mopti, qui à Kayes. Ici, un Ibk requinqué et donné pour partant à la marche prévue contre un Maire du District qui n’est plus loin d’être radioactif. Là, un Soumaila Cissé au retour annoncé comme d’une jihad victorieuse pour des confrères, sulfureuse pour d’autres.

Ou encore Modibo Sidibé en veine de formules du genre  « mon parti, c’est le Mali » pendant que Sikasso lui prédit  le raz de marée à l’ancien Premier ministre. Ce candidat est d’ailleurs le seul à pouvoir être au même moment mais toujours nuitamment chez Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, selon les manchettes comparées. Seules petites exceptions : Tiebilé Dramé dont on a troqué la photo en abacost sombre, les yeux barrés de grosses lunettes noires par celle tout aussi austère où en boubou clair, rictus à l’appui, il fusille le photographe d’un regard fermé. Et puis sa formation, le Parena qui ne signe pas encore le V triomphal devant des foules semi hystériques.

Mais, forme subtile d’entrer dans une campagne où le Nord s’est déjà invité, le forum sur les crises sahéliennes du bélier blanc continue d’avoir une appréciable attention médiatique. Il est clair, en tout cas, et c’est cela qui aurait  donné à Pavlov le fil rouge, que le branle-bas de ce mois de décembre ne vise qu’une chose : passer à la vitesse supérieure à 0 heure une minute en 2012.

Conventions, investitures, discussions d’alliances  et ou de fusion-acquisitions, bouclage du budget de campagne pour les grands candidats, tout s’accélérera désormais dans le but d’avoir à partir de janvier les rouleaux compresseurs voulus. Avec, curiosité mondiale et indigence d’une démocratie qui n’a même pas de politologue ou de mécanismes de sondage,  très peu de données sûres sur le profil et les motivations d’un électorat que personne n’a encore étudié.

On sait seulement qu’il s’abstient et que ceci est un échec pour la démocratie, la comparaison avec les Etats-Unis ou l’Europe encadrés par de contre-pouvoirs forts, étant particulièrement stupide. On sait seulement que le corps électoral, chez nous,  est un défi pour les lois pourtant rarement immuables de la démographie et que l’alchimie en cours, à la Délégation Générale des Elections nous proposera un compromis acceptable.

Avant février ? Là encore, le réflexe pavlovien va jouer. Et sauf s’il veut à Bamako un Mnla électoral, le président Touré devrait éviter d’aller vers le genre de délai dissuasif que nous avons eu en avril 1997.  Le discours de Diéma semble vouloir  éviter ce risque. Entre  sa retraite annoncée à Mopti et le troisième pont de Bamako  par lequel passera son trajet sûrement, le président devra franchir une première barrière : des élections aux résultats acceptés.

Pourquoi? Parce que si l’élégance et la convivialité peuvent être de mise, les candidats aspireront plus au verdict réel des urnes qu’aux vertus de la palabre africaine. Car, sauf  l’Adema, le Cnid, l’Udd, le Parena et le Pdes, toutes les autres entités politiques qui comptent vraiment procèdent de la stratégie d’aller aux élections. Qu’il s’agisse du Rpm d’Ibk, de l’Urd de Soumaila Cissé, du Cnas de Soumana Sacko, investi ce samedi, du Rdpm de Cheick Modibo Diarra, de Yelema de Moussa Mara, de l’Adm de Madani Tall ou de la plateforme de Modibo Sidibé! Eux sont candidats.

 Même le Pdes qui tient sa convention demain aura la tentation pavlovienne de se tester en période électorale. Une certitude pour l’Adema de Dioncounda Traoré. Une hypothèse pour Me Tall, Tiebilé Dramé et Tieman Coulibaly qui avait dit qu’il y allait mais qui ne paraît poser aucun acte dans ce sens. Même s’ils décident de faire mentir Pavlov, il reste qu’il y a déjà pas mal d’appelés pour un élu, au maximum. Et que pour la grandeur d’un pays auquel nous avons beaucoup emprunté, il importe d’éviter la crise électorale. Bien qu’elle entre dans les réflexes pavloviens des démocraties tropicales.

Adam Thiam

 

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