Chronique du Vendredi : Du Sahel et de la Libye à Malabo

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Actualité oblige, l’espace sahélo-saharien est au menu du sommet de l’Ua ouvert hier à Malabo. Sans doute, comme des sommets précédents, les résolutions de Malabo seront, elles aussi, aussi rapidement oubliées qu’elles furent prises. Car c’est cela l’organisation continentale depuis l’Oua et le passage à l’Union africaine n’y a pas changé grand chose : les placards sont bourrés de décisions sans lendemain. 

A quoi sert-il alors d’aller discuter des menaces sécuritaires de l’espace sahélo-saharien à de telles rencontres? A quelques résultats qui marqueraient la victoire diplomatique de l’Algérie : c’est à dire  la criminalisation du paiement de rançon contre la libération des otages, en l’occurrence ceux qui tombent entre les mains d’Aqmi – près d’une centaine depuis 2003- et qui s’ils servent de monnaie d’échange, sont une vraie manne pour la nébuleuse. Sans compter les retombées du narcotrafic s’il est permis de faire le lien entre les Salafistes et la cocaïne, une jonction que les Américains ne se gênent pas de faire depuis l’arrestation-déportation, il y a un peu plus d’un an, de trois Maliens à Accra qui ressemblent, au maximum, à des lampistes.

 Les débats de l’Ua iront-ils jusqu’à reconnaître qu’une réponse de qualité à l’insécurité dans le Sahel-Sahara exige un plus grand front que celui des quatre pays dits du champ ? Les experts de l’organisation continentale savent t-ils que le crime pour peu qu’il soit organisé peut aller de la Cyrénaïque au Darfour, de Tindouf à Mugadisciu ? Sans aucun doute : le mégaphone Konaré, à partir de 2005 n’avait eu de cesse d’alerter contre la déstabilisation du Darfour qui, pour lui, ouvrait une sorte de corridor du non-droit et de l’insécurité.

 Ce que nous avons en 2011, avec une succession de petits émirats qui, au lieu de la discorde au sein de la nébuleuse, correspond à la nécessité tactique de la mobilité, le principal bouclier des khatibat. D’où toute la pertinence de l’approche régionale dans la lutte contre Aqmi. Celle-ci, après quelques couacs, semble désormais acquise entre le Mali, l’Algérie, le Niger et la Mauritanie. En tout au niveau du discours.

Car, si le dispositif de Tamanrasset a été applaudi de nouveau, l’idée du sommet des Chefs d’Etat sahélo-sahariens n’est plus évoquée et la visite du président Touré à Alger, annoncée comme mesure de décrispation reste à faire. On voit mal, pourtant, malgré le retour de la bonne ambiance, l’armée algérienne combattre à Kidal, Tombouctou ou Nara comme le fait l’armée mauritanienne depuis un an sur le territoire malien.

Car la réponse régionale ne saurait dispenser de mesures nationales sincères, mesurables et durables. Elles seules peuvent d’ailleurs éliminer le genre de malaise que suscite l’opération récente de la forêt du Wagadou, avec sa part d’éclats – les dégâts causés aux salafistes- mais ses parts d’ombre -comment le tandem Mali-Mauritanie a été véritablement géré-. L’Ua n’aime pas les arrière-cuisines et Malabo n’ira pas jusqu’à ce niveau de détail. Mais il ne peut pas faire l’impasse sur la Libye et notamment sur les implications sécuritaires de la crise libyenne dans l’espace sahélo-saharien. 

Les saisies d’explosifs opérées par le Niger, il y a deux semaines, démontrent l’extrême vulnérabilité d’une zone passoire. Cela devrait plaider pour le panel qui a demandé la fin des hostilités en Libye. Mais qui ne s’oppose pas à la volonté de l’Otan : le départ de Kadhafi. Qui a eu une chance inouïe pour une fois : l’imprécateur de Benghazi quasiment assigné à résidence ne sera pas à Malabo pour le crucifier. Par un curieux retour de manivelle, Abdoulaye Wade se trouve contraint de gérer les conséquences de sa propre démesure. Mais ce qui est valable pour Wade l’est pour la plupart des présidents de notre continent dont la crise de leadership plus que criarde est la lourde hypothèque de demain.

Adam Thiam 

 

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