Chronique du vendredi : Sans doute comme une lettre à la poste

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Adam Thiam

Moussa Mara peut-il s’attendre à un oui massif des députés aujourd’hui ?  Sans aucun doute : il sera plus difficile d’épuiser les débats ce vendredi que de plébisciter la Déclaration de Politique générale du Premier  ministre, trois semaines après sa nomination  -un record national, peut-être-.

 

D’abord, parce que  la majorité présidentielle est hégémonique. Ensuite, parce que profondément  renouvelé, le Parlement compte de nouveaux qui font leurs armes et qui préféreraient se faire la dent sur des enjeux bien moins importants.

 

Enfin, il sera difficile de faire au successeur de Oumar Tatam Ly le procès de l’omission. Au contraire, avec près de soixante dix pages, Moussa Mara bat un autre record : celui de la plus longue Dpg jamais présentée dans notre pays. Avec ses avantages dont l’exhaustivité. Et ses inconvénients dont la même exhaustivité hélas. Qui parce qu’elle ne peut pas prétendre à l’universalité.

 

Donc, tous les projets ne peuvent pas être énumérés dans chaque secteur comme ils l’ont été dans le secteur des infrastructures routières, par exemple où même la longueur des routes à entretenir a été annoncée. Même si un Lycée à Kamandapé ne peut pas avoir l’importance stratégique et économique d’une simple bretelle ente Dioura et Monimpé.

 

Mais c’est le risque pris par le Premier ministre. L’exhaustivité de son œuvre suscitera les réactions des députés qui plaideront ouvertement pour leur terroir, qu’on leur rappelle le caractère national de leur mandat ou pas. Et des commissions qui estimeront devoir réclamer plus de justice pour leur secteur s’inviteront également au débat.

 

Sans compter l’opposition qui, conformément à son destin cherchera la faille. Autre chose : alors qu’il aurait pu, le texte n’a pas eu pour charpente les cinq transitions citées par Moussa Mara lui-même intégrant alors les préalables du Mali émergent selon le Chef de l’Etat. Mais le Plan d’émergence exigé par Ibk ne sera pas oublié.

 

Et comme l’a vu notre confrère les Echos, l’expert comptable aura réussi un bon alliage entre le programme du candidat Ibk et celui du candidat Mara. C’est de bonne guère pour un politique qui s’assume et qui a su s’éloigner du manteau diffamant de technocrate.  Pas de soucis donc pour le Premier ministre du jour. Il n’a pas comme Chaban Delmas l’a fait avec Pompidou, il n’aura pas rendu furieux son patron. Et s’il la corruption n’a pas eu grâce à ses yeux, il aura évité, contrairement à Beregovoy, de venir brandir la liste des responsables corrompus.  Mara sera donc adoubé comme ses prédecesseurs : Younoussi Touré, Abdoulaye Sékou Sow, Ibrahim Boubacar Keita, Mandé Sidibé, Mohamed Ag Hamani, Ousmane Youssoufi Maiga, Modibo Sidibé, Mariam Kaidama Sidibé, Django Cissoko qui à défaut d’une Dpg conventionnelle a fait valider sa feuille de route durant la transition écoulée.

 

Au rituel auront échappé très peu de chefs de gouvernements : Modibo Keita  venu en 2002 pour moins d’un trimestre, Cheik Modibo Diarra mais c’était déjà d’autres temps, et Oumar Tatam Ly que tout prédisposait pourtant à l’exercice. Mais c’est déjà le passé.

Adam Thiam

 

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4 COMMENTAIRES

  1. Moussa Mara: Nouveau Pape canonisé “Sursaut National” ou bonimenteur?

    Moussa Mara, nouveau premier ministre du Mali, expert-comptable diplômé de formation française, cet “ingénieur des chiffres et des métiers de l’audit” très vite devenu politicien local à Hamdalaye, un quartier de la rive gauche de Bamako, s’essaye aux destinées de la nation en distribuant de manière désordonnée des médailles de “leadership” à qui il veut.

    “un grand serviteur de l’Etat qui a dédié sa vie professionnelle à son pays et a développé des qualités de leadership”

    Disait-il d’Issiaka Sidibé lors de sa déclaration de politique générale, le beau père du fiston national depuis peu bombardé président de l’assemblée nationale du Mali.
    Je ne sais pas pour vous mais je n’ai pas connaissance de ces “qualités de leadership développés” chez l’honorable Issiaka Sidibé qui n’a même pas daigné nous dire quand est-ce que qu’il fut diplômé de l’ENA du Mali dans son CV de présentation à la nation.

    Une fine barbe négligée sur un visage lucide, le ton nonchalant et le regard félin, Moussa Mara égraine des promesses aux maliens à coup de déclarations tonitruantes promettant ciel et terre au travers de
    “La politique qui va rendre les Maliennes et les Maliens heureux.”

    Poursuit-il et ce n’est pas fini.

    “La politique qui va effacer des yeux et des mémoires de nos compatriotes les affres de la honte, de la peur, du désespoir, de l’inquiétude sur l’avenir du pays. La politique qui va redonner à notre pays sa dignité et sa fierté.”

    Et je vous jure qu’il était en pleine forme et le meilleur c’est son “sursaut national” qu’il va “réussir” en ces termes:

    “Le sursaut national est plus que nécessaire. Tous ensemble, chacun en ce qui le concerne. Nous avons la charge d’amorcer, d’organiser et d’encourager ce sursaut. Sous l’égide du Président Ibrahim Boubacar KEITA, nous allons nous y employer et réussir.”

    J’ai retenu mon souffle et j’ai ouvert mes yeux pour voir comment il va y parvenir.

    Côté investissement je n’ai pas noté grand chose, un programme d’investissements et une politique macroéconomique nettement moins ambitieux non seulement par rapport au PDES d’ATT mais aussi et surtout par rapport aux programmes économiques en cours dans la majorité de nos pays voisins.

    Moussa Mara parle de 15 lycées très insuffisants pour accueillir les suppléments d’enfants maliens en fin de cycles de l’enseignement fondamental.

    Il est resté évasif sur les efforts d’investissements dans l’enseignement fondamental (il songe plutôt à l’enseignement préscolaire, aux jardins d’enfants et oublie l’enseignement fondamental en tout cas en terme d’investissements concrets) alors qu’il veut orienter les enfants maliens vers les “sciences et les techniques”.

    Cela demande des ateliers, des laboratoires des bibliothèques qu’il faut construire mais combien et comment?

    Mystère de Dieu et mystère de Mara.

    Idem pour les politiques sanitaires, agricoles, industrielles qu’il compte mener où les investissements concrets sont noyés dans des objectifs généraux sans moyen de voir clair dans les priorités en terme de construction d’hôpitaux, d’aménagements sylvo-agrico-pastoraux (combien d’hectares faut-il aménager où et quand) et d’aménagements de zones industrielles (combien, où et quand).

    Pour financer sa politique, Mara écorche les pourcentages du budget d’état (40% pour l’éducation, 15% pour l’agriculture, pour la santé il ne donne aucun pourcentage).

    Mais il oublie gentiment de nous dire le montant de ce budget d’état (qui est de 1559 milliards en dépenses pour 2014) et celui du budget spécial d’investissement.

    Pour la défense et la sécurité il promet 4% de la richesse nationale qui vaut selon lui 240 milliards contre 175 milliards aujourd’hui consacrés par le budget d’état à la défense nationale.

    Ces 240 milliards représentent actuellement 15% du budget d’état de 2014.

    Donc 40% éducation, 15% agriculture, 15% défense nationale sans compter la santé, la diplomatie, l’environnement, l’administration, la justice, l’eau et l’énergie, l’entretien luxueux des institutions du pays notamment la présidence de la république, etc.

    À ce rythme nous risquons vite de dépasser les 100% du budget national, c’est à dire que la moyenne de la politique de financement de Mara va dépasser le total de la capacité financière de l’état malien.

    Alors en bon ingénieur du chiffre, il veut inventer une réforme fiscale mais sans daigner nous dire combien il compte accroître les recettes publiques avec la fiscalité intérieure et de celles issues de la fiscalité de frontières compte tenu des contraintes et engagements communautaires du Mali.

    Il est courageux Mara, il est même très courageux et il continue et là le meilleur est ce qui suit.

    Il sort de son chapeau, oh plutôt de son bonnet, ces fameux “Diaspora Bonds”.

    J’ai pris ma tête dans les deux mains et j’ai prié le bon Dieu pour que ce ne soit pas une “Diaspora Bombe”!

    Car Mara veut se lancer sur le financement d’un État corrompu (qu’il reconnaît “malade”) et dépensier par les marchés financiers en créant incognito une obligation d’état (c’est à dire un titre de dette publique) destinée aux maliens de l’extérieur.

    En clair, il veut solliciter l’argent des expatriés maliens à travers un emprunt public pour financer les investissements publics.

    Le problème est que la rentabilité et la sécurité des fonds investis par l’état malien ne sont pas encore garanties car le niveau de corruption, de laisser aller, de gaspillage de nos ressources publiques diminuent considérablement la rentabilité économique de nos projets d’investissements et sapent du coup la solvabilité de l’état malien.

    Alors si la loi contre la corruption annoncée par Mara peut à elle seule garantir cette solvabilité de l’état malien pour sécuriser les fonds empruntés aux travailleurs immigrés sans mesures concrètes de redynamisation de la justice sociale, de l’efficience et de l’efficacité des actions publiques, nous seront là pour voir cela sinon nous sommes dubitatifs pour le moment.

    Car pour faire passer un État “malade” à un “athlète” comme le veut super coach Moussa Mara, (le “special one” de la gouvernance en Afrique) il faut du COURAGE, du TRAVAIL et de la RIGUEUR alors que ces mots ne sont pas prononcés plus de deux fois dans le long discours de Mara devant la représentation nationale.

    Wa salam!

    • Mon cher Kassin, La paix est le temps où l’on dit des bêtises, la guerre le temps où on les paie. Cette guerre, nous pouvons la gagner, il n’y a aucun doute là-dessus, à conditions seulement de ne pas commencer par la perdre. On peut commencer la guerre quand on veut, mais on ne la finit pas de même. Kassin, tu as l’intelligence presbyte, l’enthousiasme retardataire ; tu détestes la pertinence, et tu ne t’intéresse qu’à l’inutile. Alors réveille-toi.
      On ne peut battre son adversaire que par l’amour et non la haine, qui est la forme la plus subtile de la barbarie. La haine blesse celui qui hait, et non le haï. Ce que l’on aime avec violence finit toujours par vous tuer. La violence est un échec car elle te retire tes qualités d’homme.
      La guerre représente le moindre effort intellectuel : elle dénoue les situations embarrassantes et dispense de chercher des solutions complexes et durables aux problèmes posés. C’est quand il n’y a plus rien à gagner ou à perdre que vous avez une guerre. Alors que nous avons tout (ressources humaines et minières…) à gagner dans la paix au Nord du Mali.
      Petit balourd de Kassin, écoute-moi bien, réussir sa vengeance n’est pas à la portée de tout le monde. Il faut l’intelligence d’un savant, la précision d’un archer, la patience d’une taupe. Car, pour se venger, il faut que l’offensé mette l’agresseur à sa place. Quand tu es sans pitié, sans scrupule, sans compassion, sans indulgence, alors tu es aussi sans intelligence.
      Au Mali, tout le monde veut gouverner. Mon cher, le peuple est difficile à gouverner quand il est trop savant. La guerre n’a jamais été une école de courage et de virilité mais elle se nourrit de nos erreurs. Tout ce que tu peux régler pacifiquement, n’essaie pas de le régler par une guerre ou un procès. On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre. Celui qui a plongé son regard dans l’œil vitreux d’un soldat mourant sur un champ de bataille réfléchira à deux fois avant d’entreprendre une guerre. Mon ami Kassin, tu ne connais pas ce pays. Il est rempli d’homme de valeur, d’homme clairvoyant qui n’aspire qu’à la quiétude. Celui qui sait vaincre n’entreprend jamais la guerre. Voici à ce propos ce que disais Martin Luther KING « La race humaine doit sortir des conflits en rejetant la vengeance, l’agression et l’esprit de revanche. Le (seul) moyen d’en sortir est l’amour. »

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