Chronique du vendredi : ATT sur Seine

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Autres temps, autres réalités. Le 14 juillet 2010, le président de la République assistait avec  des homologues africains à un lâcher de parachutes sur les Champs Elysées.  Presqu’un an, jour pour jour, et à la veille de cette date historique pour la France, il quitte Paris pour Bamako. Pas de photos ou d’images télé avec Sarkozy, s’il l’a rencontré.  Mais Att n’était pas au bord de la Seine pour rencontrer le président français. C’est officiellement connu. Il y était pour le Musée du Quai Branly et pour la civilisation dogon. Deux raisons qui en valent la peine. Première raison : le musée des arts premiers s’identifie à  Jacques Chirac avec lequel  Att a une relation d’amitié qui ne s’est pas démentie avec le temps.

D’ailleurs, dans un discours d’une très belle facture, qui malgré la dignité des mots laisse pointer, à la fois de la colère et du dépit vis-à-vis des mesures sécuritaires prises par l’administration Sarkozy et qui pénalisent une grande partie de notre pays, Att a rendu un hommage appuyé à Jacques le « vrai ». Chirac, rappelons-nous, est venu deux fois au Mali. Visite officielle en 2004 où il s’est rendu à Tombouctou et Bandiagara – deux des zones bannies aujourd’hui interdites. Ensuite : sommet Afrique-France dont le Projet d’appui aux Jeunes du Mali (Pajm) est une des heureuses retombées. Et puis, avant tout cela, Att sitôt investi en 2002 sera l’hôte de Chirac à l’Elysée.  Chirac a ceci que les présidents du continent aiment bien : il s’accommode de la diplomatie de la noix de cola qui ne réserve les éclats de voix pour les tête à tête. Nicolas Sarkozy aussi est venu deux fois au Mali.
La première fois en tant que ministre de l’intérieur pour défendre l’immigration choisie et la dernière fois en tant que président de la République venu reprendre son compatriote Pierre Camatte libéré par Aqmi dans les circonstances qui ont valu au Mali ses premiers accrocs graves avec  l’Algérie et la Mauritanie qui, elle, est devenue depuis, le chouchou de l’Elysée pour son combat ouvert et soutenu contre la nébuleuse terroriste. Si l’on oublie le discours de Dakar que l’Afrique n’a pas appréciée, on ne peut pas ne pas se souvenir de Kouchner,  tenant, du Quai d’Orsay, Att pour personnellement responsable de ce qui arriverait au très polémique otage d’alors.

 Et c’est là la deuxième raison du séjour parisien de notre président.  L’illustre musée y célébrait la culture dogon.  Or comme il l’a rappelé dans son adresse-interpellation, Att  vient de Mopti  et il est allé à l’école à Bandiagara. C’est dire s’il connaît la place du tourisme dans l’économie de cette région justement déconseillée aux touristes occidentaux, en général, et français, en particulier, à cause des risques d’enlèvement qu’ils y courraient par ou pour les éléments d’Aqmi. Le président malien n’est pas allé par quatre chemins. Il invite les touristes à revenir dans cette petite merveille de la nature et promet de garantir leur sécurité. Att ne dit pas alors et c’est intéressant à noter, qu’il n’y a pas de risque. Et nous ne sommes plus dans le plaidoyer dépité  qui fit dire à Ndiaye Ba alors ministre du tourisme que le Mali était plus sûr que la France.

Ce qu’il dit, c’est que l’Etat malien jouera son rôle de gardien de la sécurité collective, celle des Maliens comme celle des étrangers qui vivent au Mali. Il semble, si les lignes françaises n’ont pas bougé récemment, que ce compromis était recevable et que c’est sur cette note optimiste que de Raincourt, envisageait pour bientôt le retour du tourisme au Nord et au centre de notre pays. Parce qu’Att l’a dit dans des termes plus fins que nous : Mopti tire la langue, les hôteliers qui se frottaient les mains entre décembre et mars gèrent la pénurie, Tombouctou chercherait à vendre ses hôtels, les magnifiques couvertures kerka de Mopti ne se vendent plus. Le bilan de l’interdiction faite aux touristes de se rendre dans les zones déconseillées est donc noir, selon les propos présidentiels.

 Et plus qu’un plaidoyer, le président Touré a fait une plaidoirie. Reste à voir si les touristes français l’ont entendu et si pour l’industrie plombée de notre tourisme, 2011 ne sera qu’un mauvais souvenir.  On verra bien. Le plateau dogon, en tout cas, le mérite. Et c’est parfaitement possible. Le Pspdn n’a pas d’autre objectif. Et les partenaires qui l’accompagnent, non plus. Révélateur de ce désir de faire rencontrer les synergies, les expertises et la volonté : Chrisitian Rouyer, l’ambassadeur de France, est allé à Ber (Tombouctou) et à Mopti. Comme Chirac en 2004. A la différence que lui a transgressé les consignes officielles.
Adam Thiam

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