Ils ont signé #bagadadji2020, #famoc, #doniblog et pas que ça, et on été de vrais champions, des soldats de la liberté d’expression et acteurs de la démocratie pour la masse d’informations recueillies et publiées sur leur pages, qu’ils soient journalistes, blogueurs ou usagers des réseaux sociaux. Ils ont forcé notre admiration par leurs efforts pour satisfaire le droit à l’information des populations, et leur devoir d’informer, en publiant en tant réel ce qu’ils voient ou entendent. Certes ils peuvent se tromper des fois, mais l’enfant tombe des mains de celui qui le prend, dit-on. Bravo, et félicitations pour la journée électorale !
On retient de ces élections législatives, qu’il y a eu des insuffisances, mais naturellement, qui ne seront pas, selon la formule consacrée d’un communiqué attendu des observateurs et de l’administration, puis de la cour constitutionnelle, de nature à entacher la régularité des élections législatives 2020. Outre l’insuffisance du dispositif de protection contre covid 19, les irrégularités ont fait légion : utilisation frauduleuse de cartes d’autrui, achat de conscience, isoloirs non adaptés, non affichage de liste du bureau de vote…
Après les concertations et la signature d’un accord politique en mai 2019, l’opposition réduite aux seconds couteaux, a jusque là vainement tenté de sauver les meubles d’une opposition honorable. Mais cette opposition trop modérée évolue en rang dispersé, divisée entre ce qui reste du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et la plateforme Anw ko Mali dron de Mme Sy Kadiatou Sow. Manquant de leadership terrible, elle s’amenuise progressivement, car le cercle des signataires de l’accord politique croit inversement.
La signature de l’accord politique par le directeur de campagne du chef de file de l’opposition – celui-là même qui a été une figure emblématique de l’opposition radicale, qui a porté jusqu’au bout, le flambeau du front contre la révision constitutionnelle « antè abana » -, pendant que le chef de file de l’opposition lui-même restait en dehors de cet accord vers le consensus, devait présager du tort et d’une courbe de mauvaise posture pour les opposants.
Comme si le sort s’acharnait sur l’Union pour la République et la démocratie, le deuxième tour des élections législatives se tient alors que son président Soumaïla Cissé, enlevé entre Saraféré et Koumaïra (cercle de Niafunké), pendant qu’il battait campagne pour le premier tour de ces mêmes législatives, n’est pas encore libéré.
Comme si cela ne suffisait pas, entre les deux tours du scrutin, l’URD est plongée dans le deuil : trois proches collaborateurs de Soumaïla Cissé, trois personnalités de premier plan de l’URD décèdent à un jour d’intervalle, tous les trois membres du Bureau Exécutif National du parti. Il s’agit de Niamé Kéita et de Me Faguimba Keïta décédés le jeudi 16 avril, ensuite de Amadou Coulibaly dit Baba djeli, décédé le samedi 18 avril 2020, veille du scrutin du second tour des législatives. Le premier, l’honorable Niamé Kéita, était membre du secrétariat chargé des questions de défense et de sécurité du Bureau Exécutif National, et vice-président de la Commission des Affaires Etrangères, des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration de l’Assemblée nationale ; le deuxième, Me Faguimba Keïta était Avocat à la cour, était membre du secrétariat chargé des affaires juridiques du Bureau Exécutif National de l’URD. Enfin le troisième Amadou Coulibaly dit Baba djeli, était Directeur du Protocole de l’honorable Soumaïla Cissé.
Légitimes motivations et manœuvres politiciennes
En tenant ces élections législatives malgré la propagation fulgurante du Covid 19, et pendant cette période d’hécatombe qui s’abat sur l’URD, le pouvoir relève un défi de taille, en mettant fin aux reports interminables de ce scrutin pour donner une légitimité aux élus du peuple et à l’institution parlementaire, (Assemblée nationale) dont le mandat a été prorogé par deux fois, compte tenu des circonstances de notre pays. Initialement fixées pour se tenir en novembre-décembre 2018, les élections législatives, ont été repoussées de six mois, à cause de la situation sécuritaire du pays. La Cour constitutionnelle du Mali avait ainsi consenti à cette prorogation, qui s’est révélée par la suite insuffisante, car à terme échu, il était toujours impossible d’organiser les élections, rendant nécessaire une seconde prorogation. En effet, le jeudi 27 juin 2019, l’Assemblée nationale votait le projet du gouvernement de proroger à nouveau le mandat des députés jusqu’au 2 mai 2020.
Les enjeux du moment, la nécessité et l’urgence des réformes à venir exigent que le mandat de l’Assemblée nationale actuelle, dont la légitimité est remise en cause par la majorité des Maliens, soit renouvelé.
Au-delà de ce défi politique de légitimer l’institution parlementaire, pour aborder des reformes majeures pour l’Etat, des non-dits sont évoquées dans certains salons de Bamako, et qui expliquent le maintien vaille que vaille de la date des élections, alors que le danger est réel, auquel le pouvoir expose le peuple en jetant les populations à la pandémie, appâtant les électeurs en leur promettant des masques sur le lieu du scrutin, et qui se révèlent être des masques d’une journée, jetables. On a dit, 20 millions de masques : l’éléphant annoncé arrive. Suivons les 500 milliards annoncés, si nous restons en vie, car ce pouvoir qui doit protéger expose ses enfants … Dieu sauve. Par ailleurs, là où des élections ont connu un ajournement en France et aux Etats-Unis, doit-on estimer que ceux-ci manquent de courage face au Covid 19, pour les tenir ?
Le pouvoir fait preuve de maladresse, en habillant le maintien du scrutin dans l’emballage du dialogue national inclusif, où le Covid 19 était encore ignoré et n’a pas été abordé comme éventualité. L’équation DNI n’a pas abordé l’inconnu qu’était le Covid 19.
Des motivations malicieuses expliqueraient également le maintien du scrutin, malgré la réalité de la progression fulgurante du Covid 19. L’enlèvement du chef de file de l’opposition offre une opportunité inouïe de ne pas s’attarder sur son cas et de profiter au maximum du détournement de l’attention du peuple de l’URD pour piocher dans sa platebande politique. Le pouvoir n’entend pas perdre l’ultime circonstance de faire la peau politique de l’opposant Soumaïla Cissé, qui est trois fois challenger au deuxième tour de l’élection présidentielle (en 2002 contre ATT, 2013 et 2018 contre IBK) ; président de l’URD, la deuxième force politique à l’Assemblée nationale, après le RPM du président IBK.
Après avoir élu quatre candidats au premier tour, dont son président Soumaïla Cissé, la proclamation des résultats sera édifiante sur le nombre de député que fera élire l’URD, sur les 27 candidats du parti au second tour de ces législatives.
Au-delà de ces contingences évoquées, est également à prendre sérieusement en compte, la variante ‘’Alliance démocratique pour la paix (ADP-Maliba)’’ qui cherche à se positionner comme deuxième force à l’Assemblée nationale, et son président Aliou Boubacar Diallo, bien que novice en politique, n’est pas un enfant de cœur. Les observateurs ne manquent pas de relever sa volte-face lors du deuxième tour de la présidentielle de 2018, en refusant de soutenir la candidature de Soumaïla Cissé, tous jadis membres de l’opposition, contre le président sortant Ibrahim Boubacar Kéita. Le minier qui est futé à rentabiliser ses mises, a signé l’accord politique à l’approche des élections législatives. S’il ne réussit pas le jeu des alliances pour faire main basse sur le perchoir, personne ne peut l’empêcher de dépoussiérer son manteau d’opposant pour détrôner Soumaïla Cissé, en lui prenant la couronne de chef de file de l’opposition, s’il a plus de député. Un Aliou Boubacar Diallo, s’il devenait chef de file de l’opposition ferait certainement le moindre mal au pouvoir IBK, plutôt qu’un Soumaïla Cissé, vieux briscard rompu à la tâche, qui a blanchi sous le harnais.
- Daou