Les fêtes religieuses, les anniversaires des dates symboliques, les fins d’années etc. sont, depuis des temps « immémoriaux », des occasions sacrées au cours desquelles, les uns et les autres, se rendent des hommages, échangent des vœux et implorent le pardon.
Au Mali en particulier, cette tradition est un des piliers de l’unité nationale, de la solidarité et de la tolérance.
Et fort heureusement, cette tradition se conserve et se consolide, à tel point qu’elle est devenue un code de conduite, une loi inviolable, un devoir moral pour chacun et pour tous.
Seulement, s’il y a quelques années, les présentations de vœux se faisaient de porte en porte, aujourd’hui, cette forme a tendance à disparaître, notamment, dans les grandes villes. Cela, grâce au… téléphone.
En effet, le téléphone est, de nos jours, devenu l’instrument « économique » par excellence de présentations de vœux pour nombre de nos concitoyens.
La forme, peut-elle affecter le contenu ? Difficile de répondre par l’affirmative et d’ailleurs notre propos n’est point à ce niveau.
Le problème se situe plutôt au niveau du règlement de la facture du… téléphone. Et là aussi, rares sont ceux qui s’en plaignent. Et pour cause.
Le principal bailleur de fonds de ces appels personnels, c’est le trésor public.
En effet, la plupart de ces présentateurs de vœux par téléphone, accomplissent leur devoir… dans les bureaux.
Et, ils sont si corrects, qu’ils n’oublient aucun ami, aucun parent, aucune connaissance, soit-il résident en Chine, aux USA ou sur la lune. A combien de millions s’élèvent, annuellement, le coût de ces seules communications personnelles à l’occasion du nouvel an, de la fête de Ramadan, de Noël, etc. ?
Si seulement ces cadres indélicats n’abusaient du bien public qu’uniquement à l’occasion des différentes fêtes !
Mais, cet exercice est quotidien.
Au Mali, dans toutes les structures de l’Etat et dans nombre d’autres privées, le téléphone est plus utilisé (et abusivement) pour les besoins personnels des cadres que pour ceux du service.
Et ce sont des milliards du Trésor public qui sont annuellement concernés, pour payer les caprices et les irresponsabilités de cadres, généralement, peu productifs, sinon inutiles et encombrants.
Pendant ce temps, certains (et les mêmes d’ailleurs) s’amusent à exiger de l’Etat, des indemnités, des grilles spéciales, et autres « casse croûtes » du genre, sur ce même budget national dont ils sont les principaux fossoyeurs.
Boubacar Sankaré