Pour éviter les accidents de la circulation, des normes de conduite nous sont dictées : avoir une bonne maîtrise de l’engin que l’on conduit, connaître et respecter les règles de la circulation, rouler sur ou dans un engin en parfait état technique, rouler à une vitesse modérée, etc.
Ces normes de conduite sont, dit-on, universelles. Mais notre pays, pardon Bamako, fait exception, à la règle. N’importe quel objet roulant a le "droit" de circuler, sans freins, sans phares avec très souvent aux commandes ces gens qui n’ont de respect ni pour leur propre vie, ni pour celles des autres. Chacun est maître absolu des routes et tout le monde est pressé.
Crainte de représailles des agents de sécurité ? Point ! Ceux-ci sont à leurs différents postes à travers la ville que pour "régler" les Sotrama et les dourouni. Et là, les négociations prennent trop de temps pour s’occuper des autres engins qui n’apportent généralement rien à… "manger". D’ailleurs, ces engins, c’est les affaires des Ninjas et douaniers. Discipline alimentaire oblige, il faut s’occuper de ses oignons. Cela est connu de tous et fait le bonheur de la "Mafia" routière insolente et omnipotente. Conséquence : les plus arrogants, "je m’enfoutistes" et cascadeurs imposent leur loi et écrasent, s’il le faut, ces conducteurs experts en matière de circulation routière.
Pour ceux qui auront la chance d’échapper à la tyrannie des cascadeurs, ils doivent dévier des routes menant vers les cimetières et les mosquées. Car par là, le malheur des uns et la "foi" des autres imposent une autre loi. C’est un véritable défi que lancent les cortèges ou même les piétons aux automobilistes et conducteurs d’autres engins. Le malade que vous devez transporter à l’hôpital court tous les risques de rendre l’âme en attendant le passage du long cortège "sacré" à destination du cimetière ou encore ces fidèles qui s’entretiennent au milieu de la route parce qu’ils viennent de la mosquée d’à côté. Respect aux morts, aux lieux de culte, c’est normal. Mais cela justifie-t-il l’anarchie ?
A tout cela, s’ajoutent ces cortèges de malheur, pardon de mariage, qui se terminent très souvent par des accidents mortels qui fauchent régulièrement la vie à ces hystériques fous joyeux, lorsqu’on n’écrase pas un gamin revenant d’un centre de santé en compagnie de sa mère.
Circuler à Bamako, c’est s’ouvrir les portes de "lahara" et courir les risques de s’y faire projeter.
Mais il le faut bien. Pour vivre à Bamako ou… y mourir.
Boubacar Sankaré