Ce que Je Pense : Stade omnisports Modibo Keita, le Pont des Martyrs, l’Internat de la FAST… à quand la catastrophe ?

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Le général  américain Ulysses Simpson Grant, héro de la guerre de sécession des Etats-Unis d’Amérique (1861-1865), a dit un jour : « La capacité d’un homme d’Etat se mesure par son aptitude à pouvoir desceller en avance les menaces auxquelles son peuple serait confronté dans un futur proche ou lointain et d’y apporter des solutions d’intérêts généraux… ». Cette formule est, selon moi, plus ou moins transposable aux monstres administratifs de nos jours qui sont les Etats, dans le sens de leurs capacités à pouvoir détecter des dangers d’ordre nationaux voire internationaux.

Si certains chercheurs (anthropologues, sociologues, politologues…) ont commencé à prophétiser la disparution prochaine de l’Etat en tant que « appareil administratif » à cause de ses nombreuses insuffisances (voir l’ouvrage intitulé Sociologie Politique, de Philipe Braud 7e édition; Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence 2004 ou sur le site : www.lgdj.fr) et autres centres de pouvoir concurrents qui lui disputent son hégémonie et son amplitude. Il faut dire que les Etats modernes de nos jours, pourtant  bardés de tous les moyens, sont presque tous atteints d’une carence qui fait que le dernier des petits dangers (qui sont pour la plupart causés par eux-mêmes) passe sous leurs nez. C’est vrai que l’Etat malien souffre pour le moment de beaucoup de manques qui pourraient dans certaines mesures lui servir d’alibi, mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt, il est et doit être mis en cause dans beaucoup de situations de dysfonctionnement majeur dont la prévention lui incombe peu ou prou. Parlant de dangers publics, j’ai jeté mon dévolu sur trois ouvrages publics existants à Bamako et qui sont de véritables « Bombes à retardement » pour leurs usagers. Il s’agit tout simplement du stade omnisport Modibo Keita, l’internat de la Faculté des Sciences Techniques (FAST) et surtout du pont des martyres.

Susceptibles de semer désolations et amertumes parmi les plus démunis.

Le 21 Février dernier tout Bamako et le Mali en général, fut plongé dans une sensation d’horreur sans précédant à la suite de la bousculade meurtrière survenue au stade Modibo Keita lors de la grande messe de prêche coutumièrement organisée, depuis 9 ans, à l’occasion de la commémoration de la naissance et du baptême du prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui) par  le célèbre prêcheur Ousmane Chérif Madani Haidara. L’horreur et l’indignation qui s’en est suivi découlait non seulement du nombre élevé des victimes (36 morts dont seulement 3 hommes et plus de 100 blessés) mais aussi et surtout du fait que la majorité était des femmes et des enfants. Après la valse d’émotions, il s’imposait de se demander ce qui n’a pas marché et ce qui doit être fait pour éviter dans l’avenir un tel désastre au malien. Chacun y est allé de ses accusations et condamnations. Dans tous les scénarios, soit l’Etat soit Dieu lui-même ont été désignés comme responsables par les uns et les autres.

 

Etant donné que Dieu est devenu le bouc-émissaire idéale mais hélas invisible et non condamnable devant un tribunal quelconque, je pense qu’il serait trop facile de lui faire porter le chapeau. Pour savoir qui est responsable il faut seulement se pauser les questions suivantes :

-A qui appartient le stade Modibo Keita ?

-Qui est chargé de l’entretenir et d’y veiller ?

-Qui empoche les revenus qui en découlent ?

Les réponses à ces trois questions montrent sans détour que le seul et unique responsable de cette catastrophe est l’Etat, garant de la sécurité des personnes et des biens. En effet, l’Etat est tenu d’être aux aguets et à l’affût de toutes situations potentiellement nuisible de façon directe ou indirecte aux citoyens. En 9 ans d’éditions, nos très chers administrateurs n’ont su en aucun moment prévoir que des millions de fidèles parmi lesquels enfants et vieilles femmes se trouveront, vont prendre d’assaut un stade d’à peine 15 milles places ne disposant que de quelques portes. Au-delà de ces facteurs purement humains, il ne faut pas perdre de vue que trois autres édifices aux nombres desquels le stade Modibo Keita plus l’internat de la FAST et le pont des martyres menaces ruine.

-Construit dans les années d’indépendance, le stade qui porte le nom du premier Président du Mali est aussi vieux que notre pays indépendant. Nul besoin d’être spécialiste pour savoir que ce stade est plus proche de sa date de péremption que d’autre chose. En dépit d’importantes rénovations de circonstances, de très grandes fissures continues à apparaître sur les gradins et les poutres géantes qui soutiennent l’infrastructure. Mon inquiétude s’est confirmée le jour où j’ai constaté que le haut de la tribune d’honneur se met à trembler fortement une fois que les spectateurs s’agitent alors que le stade est plein à craquer.

-L’internat de la FAST est un bâtiment imposant de 4 étages qui abrite de façon pléthorique aujourd’hui, des milliers d’étudiants de l’université de Bamako. Il y a de cela quelques semaines, le Centre National des Œuvres Universitaires (CNOU) a pris l’initiative, heureuse pour certains, de rénover ledit bâtiment malgré le fait que l’ingénieur chargé desdits travaux a conclu que l’édifice peut s’écrouler à tout instant. Rénover une structure aussi vieille et énorme ne servira à rien tant que ses fondations sont complètement pourries.

– Au-delà de son nom, qui est pour le moins lugubre, le pont des martyres fut réalisé au temps colonial avec des normes de cette époque. Continuellement soumis à la pression des usagers de toutes sortes, il est depuis belle lurette entré en phase de délabrement avancé qui fait qu’on pourrait apercevoir l’eau du fleuve à travers des trous béants qui le parsèment de parts et d’autres.

Lors des festivités du cinquantenaire de notre indépendance, le gouvernement a réalisé beaucoup d’opérations d’embellissements des édifices publics. Elles n’ont servit pour la majorité qu’à les recouvrir de peintures et non à les rétablir dans les normes sécuritaires nécessaires. Aujourd’hui nous avons pleuré 36 morts, sans doute nos autorités doivent faire preuve de responsabilité en refondant complètement les ouvrages publics menaçant ruine avant qu’ils ne fassent une catastrophe irrémédiable. En attendant, nous implorons le tout puissant de nous mettre sous sa protection. Amen.

Daouda Kinda

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