Le 30 juillet, nous avons été invités à la deuxième Conférence nationale d’investiture du candidat de l’ADEMA. Nous étions dans salle très exigüe au cinéma «Babemba». On se frottait l’un contre l’autre. On se bousculait parfois, mais sans aucune méchanceté. La précision n’est pas fortuite. Nous étions pro-Dioncounda, pro-Iba, pro-Sékou Diakité, pro-Marimantia, pro-Modibo Sidibé, Pros tout le reste. Donc, on ne s’aimait pas trop. Les saluts étaient brefs, les accolades moins chaleureuses. Les cris de la pauvre griotte ne nous disaient presque rien. Pourtant, elle criait si fort que l’Ambassadeur du Burkina assis face aux hauts parleurs a dû quitter la salle avant le début de la cérémonie. Un moment, et nous apercevons Dioncounda s’engouffrant dans la salle. Ses gardes du corps sont impressionnent par leur gabarie et leur mine. Mais, les fans s’efforcent à serrer la main de leur futur président. Ils prennent quelques coups de coudes. Il n’y a pas eu de côtes cassées. Un peu après l’organisation nous a fait sortir sans aucune autre forme de courtoisie.
Ils se sont réunis, ont débattu, et ils ont voté. Ils nous appellent à nouveau pour nous faire le compte rendu. Dioncounda est investi candidat à l’élection présidentielle de 2012.
Nous avons cru rêver. Mais, vrai de vrai Dioncounda Traoré est désormais le porte-étendard de l’ADEMA. Mais, nous avons eu des soucis. Quel Dioncounda l’ADEMA conduira aux urnes ? Le même docteur en Maths ? Le Député rieur au vent ? Ce soldat téméraire qui n’a fait qu’avaler des couleuvres pendant très longtemps ? Ce Dioncounda qu’on voit rarement aux cérémonies douloureuses du voisin ? Ce militant repoussant, timide ?
C’est à leur péril que les militants de l’ADEMA ont porté leur choix sur un tel candidat! Mais, mon voisin dans la salle croit dur comme fer que Dioncounda est capable de changer, d’être de commerce facile. Il m’a juré que Dioncounda est capable de partager le repas avec le chef de village de Loulouni ou même le chef du ton villageois de Fourou.
Il m’a aussi dit que Dioncounda est capable de convaincre Alpha O. Konaré à soutenir sa candidature. Il croyait m’avoir convaincu. Mon œil ! Pour se faire accepter, le candidat ainsi désigné par le peuple ADEMA a deux défis majeurs à relever impérativement. Le premier et le plus important est de renforcer l’unité autour de lui tout en parant au plus pressé. C’est-à-dire éviter que des abeilles ne s’égarent dans la nature.
Le second défi pour lui est de se doter d’un bon plan de marketing politique. Il doit être désormais plus photogénique politiquement et plus sociable.
Il sait très bien qu’il n’est pas populaire et il sait pourquoi. Il sait ce que les Maliens pensent de lui mieux que nous. Voilà ce que je pense tout haut de l’homme que j’ai connu à distance. A notre première rencontre, il ne m’a donné l’impression de quelqu’un d’agréable !
Abdoulaye NIANGALY