Après les indépendances, d’importantes modifications aux relations spéciales liant les pays francophones à la France et à l’Europe furent nécessaires.
Lorsque d’importants intérêts français étaient impliqués, comme en Côte d’Ivoire, au Madagascar, au Gabon et au Sénégal, où il existait de grandes communautés et des investissements français, on pouvait s’attendre à ce que la France tente de préserver ses intérêts avec ténacité. Cependant, elle aurait accepté un changement et un retrait si les Africains étaient persistants dans leur demande. De plus, l’évolution des relations franco-africaines remettait en question le rôle français dans l’océan Indien. La capacité française à contribuer à la sécurité et à la stabilité régionales s’érodait.
Dans ce contexte d’érosion de ses intérêts, il y avait de plus en plus de demandes en France pour la restructuration de la politique africaine. Le Premier ministre Messmer déclara qu’il n’était pas opposé en principe à des changements dans les structures administratives. Peu à peu, ce qui semblait émerger, était une politique à l’échelle de l’Afrique qui se concentrait moins sur les relations privilégiées avec les anciens membres de la « chasse gardée » et plus sur les intérêts globaux de la France en Afrique. A cet égard, le Nigeria et le Zaïre étaient susceptibles d’apparaître comme des pays particulièrement importants en termes d’investissements français, de commerce et de ventes d’armes. L’Afrique du Sud a également été considérée comme un marché de plus en plus important et aussi comme un pays qui accepterait, la présence stratégique française dans l’océan Indien.
En général, le prix que la France était prête à payer pour le maintien d’une relation privilégiée avec l’Afrique francophone diminuait. Le public français devenait agité par les critiques de la France par des dirigeants tels que Bokassa, Tombalbye ou Diori. La France ne se désengagerait cependant pas précipitamment de l’Afrique francophone ; les Français ont des intérêts importants en jeu. Pompidou s’était engagé à l’idéal gaulliste d’une communauté francophone sous le leadership français. De plus, il y avait un lobby humanitaire demandant à la France de poursuivre son haut niveau d’engagement envers les régions les moins développées d’Afrique, en particulier les pays du Sahel appauvris par la sécheresse.
En période de changement des priorités françaises vers l’Afrique, les États-Unis étaient prudents dans leur posture? Ils devaient évidemment faire face à une concurrence commerciale croissante dans les pays anglophones et au Zaïre, où leur propre position était traditionnellement forte. Ils devaient également être prêts à concurrencer vigoureusement dans les pays où l’influence française était en déclin. D’autre part, les États-Unis n’avaient pas de ressources pour remplacer l’aide économique française, et devaient être extrêmement prudents en soulevant les attentes africaines que moins de liens intimes avec la France, se traduirait par une augmentation de l’aide américaine.
Les États-Unis ont pris soin de ne pas donner l’impression qu’ils cherchaient une expulsion française. En ce qui concerne la politique globale des États-Unis à l’égard de la France et la préservation d’une relation de coopération franco-américaine, les États-Unis ne voulaient pas être perçus comme promouvant une stratégie de décolonisation économique en Afrique.
Si les États-Unis étaient capables de maintenir une attitude compréhensible à l’égard des problèmes de la France en Afrique, d’autres éléments de leur relation pourraient en bénéficier. Ces éléments après tout, présentaient un intérêt national plus important pour les États-Unis.
Amadou O. Wane
Collaborateur externe,
Floride, Etats-Unis
amadou@amadouwane.com
Le problème c’est surtout l’ingérence que pratiquent ces 2 nations, vraiment problématique quand l’affaire est deja compliqué au départ.
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