Les paris hors-piste sur les courses de chevaux français ont été introduits au Mali en 1994 en tant qu’activité génératrice de revenus pour le gouvernement malien. Le gouvernement chargea le Secrétaire général du Ministère du Commerce et des Transports, Harouna Niang, de faire implanter la société française Pari Mutuel Urbain (PMU) au Mali. Il devrait contribuer à réduire le déficit national et aider à construire l’infrastructure de base du pays. L’intention du gouvernement était d’allouer les bénéfices pour l’intérêt général de la population.
Le premier défi de Niang fut de surmonter les restrictions légales qui interdisaient les jeux de hasard au Mali. L’article 186, section VI du code pénal malien interdisait le jeu « sauf où la loi fixe certaines conditions ». Les députés ont donc ratifié une loi fixant les paris hors-piste comme étant l’une de ces « conditions ». Surmonter les objections religieuses s’est avéré plus difficile. Dans un pays à plus de 90% musulmans, beaucoup de maliens croient que les jeux de hasard sont interdits dans l’islam. L’opposition au PMU-Mali fut plus féroce parmi les leaders musulmans. Selon les mots de Cheick Amadou Diakité, un imam d’une grande mosquée près de l’aéroport international de Bamako, « tout l’argent dérivé des jeux de hasard est de l’argent sale ». En réponse aux objections de la communauté musulmane, les responsables gouvernementaux ont soutenu que le Prophète Mohammed (PSL) lui-même aimait assister à des courses de chevaux. Ils ont ajouté que la plupart des chevaux de course en France aujourd’hui étaient d’origine arabe. La franchise de PMU au Mali a été organisée en tant qu’entreprise publique avec 75% pour l’état, laissant 25% aux investisseurs privés afin que la société puisse être gérée en tant qu’entreprise privée.
Une société avec même un actionnaire privé au Mali doit respecter le droit privé plutôt que le droit public, ce qui, en théorie, rend l’entreprise plus transparente. L’entreprise doit répondre devant un conseil d’administration, composé de membres du public et du privé.
Selon Idrissa Haidara, ancien président de PMU-Mali, la société générait environ 30 milliards de FCFA de bénéfices pour le Mali chaque année selon les chiffres de 2007. Avec le PMU, le Mali a accordé 13 milliards de FCFA à des projets tels que l’augmentation des forces de sécurité, l’amélioration de l’éducation en construisant des lycées et des auditoriums, l’extension du réseau de télévision national et l’élaboration d’un programme de lutte contre la pauvreté. Le reste des fonds fut utilisé pour l’appui budgétaire général. Selon Haidara, l’activité des paris a créé plus de 2 000 emplois directs et indirects pour l’économie domestique. La plupart de ceux qui parient sur les courses de chevaux sont des hommes.
En 2007, le PMU comptait 75 employés permanents, 800 vendeurs de billets et 300 trieurs de billets. En plus de ces emplois directs, le PMU a créé des emplois indirects avec les entreprises d’imprimerie et les journaux de paris. Les revendeurs vendent des tickets de paris dans des kiosques formels ou informels à travers le pays. Ils peuvent aussi employer d’autres personnes pour travailler pour eux. Les revendeurs font une commission d’environ 3% sur leurs ventes. Un revendeur a estimé qu’il pouvait gagner entre 30 000 FCFA et 240 000 FCFA par mois.
Depuis son arrivée au Mali en 1994, le PMU a rapporté des sommes substantielles pour ses actionnaires au Mali et en France. Il est maintenant un intérêt économique bien implanté. Bien que les leaders religieux continuent de s’opposer à PMU-Mali et aux jeux de hasard autorisés par l’Etat, ils ont largement accepté le fait que les paris hors-piste sont maintenant une facette de la société malienne. Certains des fonds furent investis dans des projets louables. Néanmoins, d’autres utilisations de l’argent ainsi amassé aurait pu générer plus d’emplois qu’on en a créés jusqu’ici.
Cela dit, le PMU est largement accepté par le public. Il fournit un flux de revenus, devenu nécessaire pour le gouvernement et bénéfique pour les parieurs qui gagnent.
Amadou O. Wane