La semaine dernière l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a observé une grève de 72h allant du 18 au 20 novembre 2020. La Centrale syndicale a posé sur la table du gouvernement de la transition des doléances en 11 points dont, entre autres, l’harmonisation des grilles salariales. L’ampleur a marqué l’attention des membres du gin, mais les avis sont partagés. Certains pensent que la situation actuelle du pays n’est pas propice à une grève. Pour eux, l’UNTM devrait vraiment tenir compte de la situation socio-politico-sanitaire du pays. Nous « pensons que c’était mieux après la transition », disent-ils.
Par ailleurs, d’autres soutiennent les grévistes car, selon eux, l’attitude des militaires en créant un nouveau cabinet pour un vice-président prouve qu’il y a de l’argent. Ceux-ci, sont persuadés qu’il n’y a pas de mauvais moment pour partir en grève. Tout au contraire, les moments de difficulté pour un gouvernement sont les mieux choisis pour espérer avoir satisfaction de ses doléances pour un syndicaliste. Ils signalent toutefois, l’approbation de l’article 39 qui à leurs yeux, n’est pas le rôle d’un pouvoir transitoire. Le pouvoir de transition a le rôle de sécuriser le pays et d’organiser une élection transparente. Seuls les partis politiques et la société civile ont droit à diriger la magistrature suprême sinon il y en aura d’autres coups d’Etat parce qu’on est dans la constitution, ont-ils laissé entendre.
« Tu as vu la grève des médecins, des magistrats au moment où les Premiers ministres se succédaient avec aussi la débâcle de l’armée à Kidal et l’embrasement du centre. La période transitoire ne veut pas dire l’arrêt dans la gestion des affaires publiques », a rappelé un membre du grin. Pour lui, en s’inscrivant dans l’esprit de la continuité, l’État doit s’assumer pas seulement dans les domaines de la souveraineté, mais et surtout dans les domaines sociaux et économiques. L’État doit être à la hauteur de faire face à des multiples crises financières, sécuritaires, économiques et la gestion courante des tensions sociaux qui sont les principales causes de la chute du régime IBK, dit-il.
Un autre membre avertira que les autorités actuelles ne doivent pas penser que la société civile et la classe politique vont les laisser gérer en roue libre. Une transition n’est pas faite seulement pour bénéficier des avantages liés à des postes de responsabilité au plus haut sommet de l’État, mais elle est surtout faite pour gérer les problèmes auxquels nous sommes confrontés.
Cependant les membres du grin sont dans l’embarras total. Ils se demandent parfois si nous sommes capables de tirer les leçons de l’histoire, si nous progressons d’un stade à un autre en nous élevant, ou si nous passons simplement par des cycles de prospérité et de crise, de rébellion et de paix, d’ascension et de déclin. Ils se demandent si nous sommes prêts à jeter les jalons du changement pour la nouvelle génération.
Ibrahima Ndiaye