En quelques années, l’espace UEMOA a vécu trois crises majeures : la crise ivoirienne qui, avec son dénouement tragique avec près de 3 000 morts, aura été la plus spectaculaire, la crise bissau-guinéenne soldée en 2009 par l’assassinat du président Joao Bernardo Vieira et la crise institutionnelle au Niger sanctionnée par le coup d’Etat qui a coûté à Mamadou Tandja son fauteuil. Des événements qui doivent amener à réfléchir sur l’avenir de cette sous-région et se poser des questions sur sa stabilité qui est censée être le soubassement même du développement. Il est vrai qu’en matière d’intégration l’UEMOA est devenue, par la force des choses, une référence en Afrique à cause de ses réalisations au plan économique. Mais, comme dirait l’autre, le politique étant le concentré des problèmes économiques, ces belles réalisations sont menacées de s’écrouler comme château de cartes si des mesures idoines ne sont pas prises pour préserver la stabilité et la sécurité à l’échelle sous-régionale.
La création d’un observatoire de la démocratie et de la sécurité pourrait contribuer à maintenir la stabilité et la bonne gouvernance politique à l’intérieur de l’espace. Une telle institution pourrait jouer le rôle d’une sentinelle pour sauvegarder les valeurs démocratiques, en l’occurrence les libertés individuelles et collectives, les libertés d’expression et d’association, la liberté de presse, la garantie d’un fonctionnement normal des contre-pouvoirs, l’observance des principes d’élections transparentes crédibles, voire de l’alternance, le respect des droits des partis d’opposition, le respect des dispositions constitutionnelles…Une telle institution dotée de moyens adéquats devrait être à même de produire périodiquement des rapports, d’épingler les manquements aux principes de la démocratie et de la bonne gouvernance politique et d’interpeller les gouvernants. Le tout dans une dynamique d’anticipation et de proactivité. Une timide tentative a cours dans ce sens à l’échelle africaine, donc continentale, avec le Mécanisme d’évaluation pat les pairs. Mais elle est trop générale et laxiste pour être efficace.
Avec l’observatoire de la démocratie et de la sécurité dans l’espace UEMOA, on pourrait même instituer des amendes à payer par les contrevenants, des amendes devant servir à renflouer les caisses de l’Union pour financer des projets intégrateurs.
Yaya SIDIBE