Billet / Maliba

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La constitution du Mali dispose que notre pays est prêt à céder tout ou partie de sa souveraineté, y compris territoriale, pour la construction de l’unité africaine. Cette cession répond à une vision, à une politique mûrie et consentie par les fils du pays. Elle est une marque de hauteur et de grandeur et pour cette raison ne s’accommode ni de visées mercantiles ni de marchandage, encore moins de calculs, fussent-ils politiques.

Or, s’agissant de cette autre cession dont le Parena se fait l’écho depuis quelques jours, et qui a eu le retentissement que l’on sait, il est question de business. Il est question de multinationales dont la raison d’être est de faire du profit, il est question de gros industriels- commerçants maliens dont bizarrement l’activité essentielle réside dans l’importation du riz, la denrée la plus cultivée sur les terres de l’Office du Niger. Dés l’instant où une part non négligeable des terres de culture de cette zone (près de huit cent mille hectares sur un potentiel d’un peu plus d’un million) est cédée, les conditions et les clauses se doivent d’être transparentes et vulgarisées. Elles le doivent pour éviter de suspecter l’Etat de bradage et les bénéficiaires d’accaparement au moment où l’Organisation des Nations Unies vient de mettre garde contre justement l’accaparement des terres dans les pays en développement, dont le Mali.                            

L’office du Niger constitue un des plus vieux patrimoines de notre pays, sa construction (notamment le barrage de Markala) qui a duré plus de douze ans, sous le régime du travail forcé a vu mourir des centaines de patriotes. Il est notre arme la plus sûre pour sortir de la dépendance alimentaire, donc pour nous assurer à la fois dignité et prospérité. Sa gestion pour ces raisons, et pour d’autres, se doit d’être sans reproche et au bénéfice d’abord des enfants de la Nation.

Or il n’est pas certain que tous ces gros bénéficiaires aient pour priorité la souveraineté alimentaire dans notre pays. Déjà, ceux des nôtres qui sont sur la liste du Parena, pour près de 200.000 hectares, sont lourdement soupçonnés de ne pas avoir la surface nécessaire pour mettre en exploitation les quantités extraordinaires qui leur ont été octroyées. Tout laisse croire donc que leur dessein inavoué serait de coloniser ces terres et de s’en faire, par des documents juridiquement inattaquables (titres fonciers ou autres), les propriétaires et le moment venu d’en faire le produit d’une spéculation aussi juteuse qu’égoïste, au détriment de Maliba.

                                                                                                                                   S.El Moctar Kounta 

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