De l’Eau. C’est un tout nouveau ministre des mines, on aurait pu dire, en d’autres circonstances, frais émoulu, qui enthousiaste, était venu soutenir qu’en juin prochain le Mali produirait son premier baril de pétrole. Il était enthousiaste et probablement pensait qu’une telle annonce « blufferait » son auditoire, c’est-à-dire les Maliens qui l’écoutaient ce jour là à une heure de grande écoute. S’il savait ! S’il avait su que ce plat avait été servi par tous ses devanciers à ce poste et parfois même par d’autres, depuis le temps Moussa Traoré.
C’est un leurre auquel personne ne croit plus, plus grave, que peu de gens souhaitent voir sortir de l’état de mirage au regard de ce que l’or noir génère de déstabilisation, de corruption aggravée, de convoitise et de malédictions. Partout sur le continent et ailleurs cet or noir du diable a installé colère, fureur et fracas. Bref, au Mali on ne semble preneur que du bout des lèvres, plutôt l’argent du pétrole que le pétrole lui-même.
Au demeurant les expériences en cours en matière de mines sans atteindre les sommets de l’inacceptable hérissent les consciences dans tous les sens. A preuve, l’uranium dans la zone de Faléa où l’on parle déjà de pollution, d’atteinte à l’environnement et de préjudice fait aux populations avant qu’on en vient à accuser, avec preuve à l’appui, de contamination radioactive à grande échelle. La crainte aussi de voir, comme au Gabon dans la région de Mounana, des pans entiers de la forêt équatoriale durement et durablement pollués par ce « Yelow Cake » des exploitations d’Areva et avant lui de la Comuf.
Le même Areva tente de démontrer depuis quelques temps que le désert nigérien du coté d’Arlit est pur et sans tache malgré des décennies d’exploitation d’uranium, alors même que de nombreux puits dans cette région ont été fermés parce que leur eau est devenue impropre à la consommation. Vous vous rendez compte, fermer des puits dans le désert !
C’est pourquoi en matière de mine et de pétrole en particulier, il ne faut surtout pas que le nouvel arrivant pense qu’il a trouvé là, pour retenir l’attention, son fonds de commerce politique. Qu’il creuse donc mille puits, ce ministre, après tout, de l’eau pour soulager les besoins de consommation d’hommes et de femmes, de milliers de Maliens…Il rentrera dans l’histoire de son pays.
S.El Moctar Kounta