Billet / Maliba

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Ces dix dernières années, il faut le dire, on a eu la nette impression que le président de la République n’avait pas de gouvernement donc pas de ministres, pas de directeurs nationaux, non plus, tant le chef de l’Etat a été de tous les chantiers, de toutes les pierres à poser, de toutes les inaugurations et de tous les voyages tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Cela a contraint souvent les chefs des départements ministériels à la figuration et au piétinement. Surtout que ceux-ci, pendant près de dix huit mois étaient dans l’expectative ne sachant, chaque jour, s’ils vont rester ou partir. Cela n’a guère incité à ouvrir les cartons et n’a sans doute pas permis la concentration nécessaire à l’examen des dossiers prioritaires. La marche du pays s’en est ressentie.

La fréquence des sorties présidentielles, si elles ont donné l’agréable sensation de fierté que le pays était en train de bouger et même de se construire, comme le proclamait parfois, sans retenue, des panneaux d’un PDES en marche, un moment, on a eu l’impression d’une boulimie et même d’une frénésie. Dès lors la question s’est posée de savoir si le terrain ne mangerait pas le bureau, le béton, les idées, car après tout il faudrait bien que le président de la République épluche ses dossiers, échafaude ses plans et anticipe.

Anticiper, le maître mot. Anticiper pour que les réformes longtemps annoncées et voulues soient mises concrètement en chantier. Anticiper, en chef d’orchestre, et non en instrumentiste. Ce qui aurait supposé que les taches institutionnelles dans la profondeur, la pertinence et l’originalité voulues auront été prises en charge dès les premières heures de la mandature par des mains compétentes et disponibles, toutes entières dédiées à cette mission. C’est cette anticipation qui aurait permis l’organisation d’élections propres et crédibles qui renforceraient plutôt que ne desserviraient la démocratie dans notre pays.

Pour n’avoir pas assez pris la mesure du temps, le pays entier, aujourd’hui, est inquiet à propos de ce qu’il adviendra en 2012 si les consultations devraient conduire à ce qui est arrivé ailleurs, chez des voisins. Un scénario que Maliba récuserait de toutes ses forces.

S. El Moctar Kounta

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