Le titre du présent MALIBA devrait être Démocratie en danger ou péril pour la République mais il se contentera de Fautes politiques pour faire le ramassé de ce qui va suivre. Une situation presque dantesque. Tenez, chez nous un seule personne est à la fois le président de la chambre de commerce, le président du conseil économique et social, le vice président, en réalité le président, parce que bailleur de fonds du parti présidentiel, l’opérateur, qui malgré sa coloration politique, affichée aujourd’hui, était quand même en charge de la confection des bulletins de vote de la dernière présidentielle.
Tenez encore, les deux autres présidents des chambres consulaires sont tous marqués au fer rouge de la majorité présidentielle et mobilisent, non démarchent, le monde des affaires pour leur chapelle, en l’occurrence un PDES en manque de candidat, que son chef, le vrai, renie haut et fort puisqu’ayant juré sur les totems qu’il ne créera pas de parti.
Le jeu politique aujourd’hui dans notre pays n’est pas seulement trouble, il est sombre, il est opaque et dangereusement embouché. Notre conduite des affaires emprunte et même se conforte de rumeurs, de bruissements, de faux semblant, de silence complice qui n’en finissent pas d’ajouter au flou artistique qui tient lieu de ligne de conduite. Un remaniement est nécessaire pour booster le pays ? on louvoie, rien n’est fait et du coup ministres et institutions s’arrêtent de marcher, et avec eux, la République. Tout se passe comme si les réglages nécessaires en cours de parcours sont désormais plombés par des considérations mesquines et innommables. Une médaille scélérate d’une bourgeoisie compradore, qui fera plus de mal que de bien à son récipiendaire, est initiée pour l’ébranler ? C’est le silence radio. On reparle, après la grosse frayeur Tandja, dans les coulisses, de prolongation-homologation-troisième mandat, c’est motus et bouche cousue.
Le silence et encore le silence sur les reformes institutionnelles à entreprendre lesquelles, disons le tout net, n’ont plus le temps pour eux. Le Ravec est en panne et sera inopérant comme l’a reconnu le chef de l’Etat le 22 septembre 2009. Tout ceci prépare le lit de lendemains post-électoraux difficiles. Si l’on y ajoute l’absence de toute dynamique dans une préparation sérieuse des élections générales de 2012, l’on est en droit de s’inquiéter. S’inquiéter autant pour ce qui précède que pour les accusations infondées ou pas d’une implication des nôtres dans la crise ivoirienne notamment à propos de la BCEAO. S’inquiéter et frémir de constater que c’est chez nous que se pose Air Cocaïne, de voir que dès qu’AQMI veut marchander, il court de Niamey à Bamako, et pas ailleurs, « fourguer son paquet ». Oui, tout le monde se pose des questions.
S. El Moctar Kounta
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