L’ancien président de la Réserve fédérale (Banque centrale américaine), Allan Greespan, est un spécialiste reconnu de la technolangue, compliqué et inaccessible. On lui prête d’avoir dit un jour ceci : « si vous avez compris ce que j’ai dit, c’est que je me suis mal exprimé » !
Notre président s’exprime un peu plus clairement que Greespan, mais son laïus sur une candidature interne de l’ADEMA à la présidentielle à venir méritait bien d’être proposé au Baccalauréat 2018 pour le commentaire de philosophie. Que les lecteurs qui ont compris quelque chose lèvent le doigt ! « Le choix à l’interne du candidat ne me pose aucun problème… », dixit le président-candidat qui ajoute aussitôt : « aidez-moi à répondre aux préoccupations des maliennes et des maliens. Je vous fais confiance pour cette tâche et je vous renouvelle toute ma confiance… ».
En français facile, cela doit être compris par ses amis de l’ADEMA, tentés de concourir sous leur propre bannière, qu’il est urgent de rester avec lui !
Le débat au sein du parti de l’abeille arrive au plus mauvais moment pour le chef de l’Etat. Ses 39,24% du premier tour de 2013 se sont largement effiloché. Le coup de pouce salutaire de la junte de Kati est un lointain souvenir. L’écho des mosquées en 2017 n’est guère favorable au prosélytisme politique qui a fait florès, il y a quatre ans.
Bien plus grave est le niveau d’effondrement du coefficient personnel du chef de l’Etat, atout qui lui a été plus utile que le soutien du RPM. Y a pas à dire, la météo politique est à la grisaille et la supplique à l’ADEMA en dit long sur la position de demandeur dans laquelle se trouve un président qui n’a eu de cesse d’admonester son parti sur sa prétention à revendiquer la victoire de 2013.
On peut raisonnablement se demander si la bonne démarche est de s’adresser à quatre ministres prêts à devancer ses désirs que de convaincre les militants du parti de l’abeille dont une bonne partie est dans les cortèges de rue.
Le sort de l’ADEMA, dans les six prochains mois, relève plus de l’art divinatoire que de l’analyse politique. Un candidat interne unique ? Un candidat légitime interne et une candidature sauvage ? Aucune candidature interne officielle mais plusieurs candidatures sauvages ? Un ralliement à la candidature de IBK et des candidats dissidents ? Les scénarios sont nombreux et variés que si vous avez tout compris, c’est que c’est moi qui me suis mal expliqué !
Tièfing