J’ai été étonné (je ne suis pas Malien, mais Africain) de constater que les Maliens se sont étonnés de la nomination d’une femme comme Premier ministre. C’est quoi cette histoire ? Dans les bureaux, dans les grins et autres lieux de détente, on entend partout : “Il faut que je rentre à la maison sinon j’aurai à faire à mon chef de gouvernement” (il s’agit de l’épouse). Vous reconnaissez avoir à la maison un premier ministre qui vous gouverne et à qui vous ramenez à toutes les descentes du boulot, du poisson, de la viande, du lait, je ne sais quoi encore, et vous vous étonnez de la présence d’une femme “commandante de la primatura“.
Sachez que cela ne saurait être une “féminisation” de la fonction puisque vous n’avez jamais parlé de la “masculinisation” des postes que vous occupez. Allons donc les amis!
Auriez-vous par hasard oublié que les compétences sont asexuées ? Et pourtant les preuves vous crèvent les yeux surtout quand on a en mémoire celles de la première femme député, des deux médiateurs de la République, de la militante farouche, de la première femme qui fut gouverneur du District, ministre des affaires étrangères, de la tanti qui a vertement repliqué à Moussa Traoré lors des grèves estudiantines, de celles qui ont forgé le Mandé et j’en passe. Je leur rends hommage pour leur contribution hautement positive dans le développement de notre cher Mali.
Vivement d’autres femmes pour prendre la relève. Quand nous devons aller au coude-à-coude, cessez de croire que la femme n’a pas de coude. Décidement, si vous avez honte, couvrez-vous donc le visage ! Notre pays peut se vanter d’avoir un nombre assez important de femmes pouvant assurer cette fonction.
L’étonnant de cet étonnement c’est qu’il n’y a pas eu un tel tollé lors des élections présidentielles qui ont enregistré une candidature féminine. Je ne suis d’aucun clan à savoir : ceux ou celles qui se félicitent de la nomination d’une femme en qualité de chef de gouvernement, et ceux ou celles qui s’en offusquent ou qui s’en étonnent, tellement je trouve cet acte normal et mérité.
Le Mali vaut cela et mérite plus que ça au regard de son parcours depuis les évènements de 1996. C’est avec les femmes que nous nous sommes battus pour l’instauration d’un ordre nouveau; c’est avec elles que nous construirons ce pays. Il ne saurait être question d’usurper le rôle qui leur revient dans la constuction d’un Mali démocratique, ambitieux, audacieux et prospère.
Ce courage politique sévit dans le sang malien depuis la nuit des temps. Ce n’est pas à la vue de l’horizon tant recherché que nous allons perdre ce courage.
La composition du nouveau gouvernement augure déjà de bonnes perspectives et pour les élections de 2012 et pour la sauvegarde de notre démocratie. Ne nous perdons pas en conjonctures inutiles car c’est maintenant qu’il faut l’aider pour réussir ce grand pari de développement.
A toutes les femmes du Mali, nous sommes avec vous et s’ils ne veulent pas être avec vous, moi je serai toujours avec vous pour la simple raison que je suis né d’une femme et ceci explique bien cela.
Chers amis mettons notre étonnement en jachère pour nous préoccuper des actes que nous nous devons de poser pour la réussite d’une si noble mission pour le grand bonheur de notre peuple et de notre pays.
Bonne chance Madame mon Premier Ministre. Allah K’i dèmè.