La lutte contre Aqmi, on le savait, ne peut être que de longue haleine. Le Mali s’y est engagé depuis prés de dix ans avec des fortunes diverses, en réalité avec une approche qui n’était pas toujours celle de ses voisins et partenaires. Cela a donné lieu à beaucoup de malentendus et même de fâcheries.
L’on se souvient le rappel des ambassadeurs aussi importants pour le Mali que ceux de l’Algérie et de la Mauritanie. L’on se rappelle aussi les accusations à peine voilées qui ont fait de notre pays le ventre mou de la lutte et de la répression à la fois des jihadistes et des narco trafiquants qui écument la bande sahélo- saharienne. Toutes choses qui ont conduit aujourd’hui, malgré les multiples rencontres, les réunions au sommet, l’annonce de patrouilles mixtes et même l’appui de partenaires techniques, la plupart des pays occidentaux, au premier rang desquels la France à faire du Nord de notre pays une zone rouge interdite à ses ressortissants.
L’on avait pensé que les efforts mutualisés tasseraient la menace mais la dernière incursion dans notre pays de militaires mauritaniens pourchassant ou pistant des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique relance la problématique sécuritaire dans le Nord du pays. Elle la relance doublement : d’une part la menace, malgré les dispositifs, est loin d’être circonscrite, d’autre part pour la troisième fois consécutive se constatent des incursions d’une armée étrangère sur notre sol sans que cela soit porté, par les voix appropriées, à la connaissance des Maliens. Il a fallu que ce soit RFI qui en informe et à sa suite la Mauritanie. Le communiqué malien, lui , n’est venu que quatre jours après. Un déficit de communication et une cacophonie monstre ont enveloppé une information et des faits capitaux.
Tout laisse croire, analyse faite, qu’acculé par son opposition le président mauritanien, avant le Mali, a fait dire que la récente défaite d’Aqmi dans le Wagadou était le fait de patrouilles mixtes et c’est sans doute ce qui explique le cafouillage qui a entouré le contenu des différentes dépêches. Dans tous les cas, il ne faudrait pas laisser s’installer dans l’opinion, à tort ou à raison, l’idée selon laquelle devant notre mollesse à faire notre part de tâche, d’autres, en violation de notre territoire, s’en chargent et pour faire bonne mesure en partagent le gainavec nous.
S.El Moctar Kounta