BenbereVerif : Faux, cette perruque n’a jamais été portée par les juges et les avocats au Burkina Faso !

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Un poste sur le réseau social X prétend que les autorités burkinabè ont interdit la perruque portée par les juges et avocats. C’est une fausse information : elles ont plutôt autorisé le port des costumes d’audience en Faso dan fani.

«Le Burkina Faso a interdit ce tissu colonial dans ses tribunaux», lit-on dans un post X qui a fait 2,5 millions de vue depuis le 11 janvier. Son auteur, Sampa Kabwela, se définit sur son compte X comme «éditrice, artiste, coauteure Insoselo na Mapinda» venant de la Zambie.

La publication est accompagnée d’une photo montrant une perruque sur une table en bois. Plusieurs personnes dans les commentaires ont cru à ce post : «Je prie pour que les pays des Caraïbes fassent de même. Car j’en ai assez de voir nos pays noirs s’accrocher à des absurdités coloniales blanches que personne ne peut expliquer» ; «Ce président burkinabé fait des heures supplémentaires pour nettoyer les cerveaux des citoyens» ; «Je pourrais déménager à BF, j’aime bien les signaux qui viennent de là-bas ces derniers temps. La perruque est hilarante. Quel que soit son symbolisme traditionnel, ce n’est pas pour les Africains. Pourquoi n’avons-nous pas notre propre tenue de cour ? Peut-être que si c’était noir, ça pourrait être un peu attrayant…» ; «Tant mieux pour eux ! Puissions-nous également finir par nous libérer de nos entraves» ; «La décision du Burkina Faso est louable. L’utilisation de perruques, souvent considérée comme démodée, n’a plus sa place dans une société moderne et civilisée. Malheureusement, de nombreux avocats africains continuent de les porter, ce qui symbolise un vestige du colonialisme» ; «Que Dieu bénisse ces hommes. Ils sont sur la bonne voie» ; «Le capitaine Traore a raison de l’interdire, et j’espère que d’autres pays africains suivront son exemple.»

D’autres comptes X avaient fait des publications similaires comme Sahel Revolutionnary Soldier, qui a ainsi légendé sa vidéo : «Personne n’a jamais été en mesure de m’expliquer de façon convaincante pourquoi les juristes ou les huissiers de justice africains devraient porter ces perruques bizarres.» La fausse information a été également reprise par un media ghanéen dans une publication X.

Le monde anglo-saxon

On remarque que les commentaires, sous la publication sont en anglais – ce qui démontre que cette perruque est bien connue dans les pays de ceux qui commentent. Les commentaires sont du Zimbabwe, Kenya, Zambie, Namibie, Afrique du Sud, Jamaïque, Nigeria. Ces pays sont des anciennes colonies britanniques. Cette perruque est portée d’abord en Angleterre, ensuite dans ces anciennes colonies.

D’après le site judiciary.uk, le bureau du système judiciaire britannique, «les perruques ont fait leur première apparition dans une salle d’audience purement et simplement parce que c’est ce qui était porté à l’extérieur ; le règne de Charles II (1660-1685) a fait des perruques un vêtement essentiel pour la société polie. Les portraits de juges datant du début des années 1680 montrent encore des juges arborant avec défi leurs propres cheveux naturels, et les perruques ne semblent pas avoir été adoptées en masse avant 1685.»

Des costumes endogènes d’audience

Contrairement à ce que l’auteur du post veut faire croire, le 23 octobre 2024 le gouvernement Burkinabè a adopté en Conseil des ministres le décret sur le port de nouveaux costumes d’audience des magistrats et des greffiers. Edasso Rodrigue Bayala, ministre de la Justice et des Droits humains, a fait savoir que le port des costumes d’audience en Faso dan fani vise à promouvoir l’identité culturelle burkinabè et à redynamiser l’économie nationale. «Alors qu’une toge importée coûtait entre 900 000 et 3 millions de francs CFA, le nouveau costume endogène est proposé à un prix nettement plus abordable, soit 150 000 francs CFA, soit dix fois moins cher », a-t-il dit le 18 novembre 2024, lors de la cérémonie marquant le port officiel des costumes endogènes d’audience par les magistrats et greffiers du pays.

On peut suivre la cérémonie de port de nouvelles toges dans ce reportage de la télévision nationale burkinabè.

Jamais dans l’histoire du Burkina Faso, des anciennes colonies françaises et en France, les juges, les avocats et greffiers n’ont porté de perruques.

Par Oumar Sankaré

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