Telle la cale du Titanic, le bateau-Mali prend, désormais, l’eau de toutes parts. On se croirait sur «le paquebot de Jack et Rose». Les contestations et autres réclamations proviennent de partout et hors du pays de la part de compatriotes furieux contre l’Etat et les autorités, décidés à mettre fin à la mal gouvernance (l’Imam Dicko, lui, parle de non-gouvernance) qui caractérise notre pays depuis quelques années maintenant.
De Kayes à Kidal, en passant par Gao et Tombouctou ; de Taoudéni à Bougouni, Goundam, Diré, Ménaka, les frondes fusent de toutes parts, déclenchées par la saison des pluies qui a mis à nu l’état plus que désastreux de nos routes.
Si, aujourd’hui, ce qui unit les Maliens dans le cadre de la contestation et de la défiance de l’Etat, ce sont les revendications relatives à de bonnes et meilleures routes, force est de reconnaître que les Maliens, dans leur très grande majorité, ne sont, en réalité, pas contents de la manière dont le pays est tenu, de la façon dont certains, au sommet de l’Etat, se comportent, des solutions (ou non-solutions) apportées à leurs préoccupations.
Au-delà des routes, c’est la mal gouvernance qui est dénoncée et critiquée par tous les Maliens ; c’est la gabegie au sommet de l’Etat, les détournements, les vols de la part de ceux qui doivent donner le bon exemple que nos compatriotes n’entendent plus supporter.
Partout, désormais, sur toute l’étendue du territoire national, comme s’ils s’étaient passé le message, des femmes et des hommes, des jeunes, vieux et vieilles, ont décidé de mettre le holà aux pratiques malsaines, de prendre leur avenir et leur destin en main. Ils bloquent les routes sur lesquelles aucun engin ne roule ; envahissent et occupent les aéroports intérieurs où aucun avion n’atterrit et d’où aucun ne décolle.
Tout cela se produit dans un pays si instable que, sous la pression, le gouvernement prend des décisions et des mesures qui pourraient se retourner contre lui, donnant lieu à de nouveaux mouvements. Et, tels de véritables amateurs, ils le reconnaissent, eux-mêmes, et l’affirment en public en face de journalistes.
À propos de cette panique, rien n’est plus édifiant que la déclaration de la ministre de l’Equipement, Seynabou Diop. Elle nous prévient, indirectement, que les travaux qui ont démarré n’iront pas loin. Ils seront bientôt arrêtés en attendant la fin des pluies. Car, précise-t-elle, il est impossible de faire des routes pendant l’hivernage. «Le bitume et une seule goutte de pluie ne font pas bon ménage», Nabou dixit.
Makan Koné