Dans cette deuxième partie de son analyse de la situation politique du Mali –une chronique que nous appellerons désormais ’Autopsie d’un gâchis’’ – notre collaborateur de Paris estime que le sursaut est bel et bien possible, à condition toutefois que les leaders politiques intériorisent la profession de foi de «placer le Mali au dessus de tout».rn
La passion du service public» tel est donc l’admirable slogan de l’ORTM, à qui on ne demande pas cependant de marteler toujours et en permanence ce tic plutôt commercial, mais de remplir normalement la mission pour laquelle elle a droit d’exister et qui tient au bas mot à un simple triptyque: informer, éduquer, distraire.
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Dans un pays cité comme un modèle dans la sous-région pour ne pas dire à la face du monde, nul n’ignore alors le rôle primordial que peut et doit jouer ce media assez particulier, dans la consolidation de cette démocratie. Chacun sait également que le déficit de communication est aussi une des causes (pas la principale) de la déliquescence de tous ces partis politiques en perdition et plus que jamais soumis à la dure et terrible loi de «la sélection naturelle des espèces».
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Le sursaut est pourtant bien possible mais à condition pour tous les leaders politiques d’intérioriser cette profession de foi «placer le Mali au dessus de tout» si chère à IBK qui vient de donner il y’a quelques jours seulement un bel exemple de grandeur en y acceptant avec humilité (Dans la bouche de ce grand amoureux des belles lettres françaises, le mot semble avoir une consonance toute particulière) de se mettre à l’école de la démocratie certes en péril après plus d’une dizaine d’existence mais qui a encore de beaux jours devant elle. De nombreux errements constatés ici et là aux tout débuts sont surtout à mettre au compte d’un indéniable péché de jeunesse. Ce qui n’exonère pas le moins du monde les responsables de partis incapables eux aussi de transcender leurs querelles personnelles ou de leadership pour créer et accélérer la fusion de plusieurs formations en un seul bloc capable de s’opposer sérieusement aux deux mastodontes que sont devenues l’Adema et l’Urd.
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Les élections législatives ayant aussi leur propre réalité dans chaque région du pays, elles ne sauront à elles seules offrir le principal baromètre pour mesurer l’audience et la puissance particulières des partis dans telle ou telle localité. Ce sont les élections communales qui vont donner une photographie plus fidèle et complète des forces et faiblesses à travers le pays.
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Nous devons également rompre aussi avec le conformisme ambiant et la pensée unique qui a toujours cours dans certaines rédactions et même paradoxalement au sein de plusieurs directoires des partis politiques. Pour encore revenir au Cnid, plus sûrement par dépit amoureux, de nombreux militants de ce parti ne partageaient pas ce radicalisme hautement affiché par Me Tall pendant la violente crise politique de1997 qui opposait l’Adema et ses satellites aux autres forces démocratiques.
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Hold up
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En effet tout le monde savait que l’absence d’un fichier électoral fiable et crédible avait été un stratagème mûrement pensé, réfléchi et exécuté par l’Adema pour se maintenir au pouvoir.
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Nous étions déjà au terme du premier mandat de Alpha et une vacance de pouvoir n’était pas prévue par la constitution.
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Alors que faire?
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Deux solutions s’offraient à eux. La première était de refuser de légitimer ce hold up savamment orchestré au plus haut sommet de l’Etat avec la bienveillance manifeste de IBK, alors président du parti et Premier ministre. La seconde plaçait donc les mêmes partis devant ce fait accompli et qui devraient alors, par instinct de survie, accepter d’accompagner l’Adema dans ce processus. Un courant minoritaire dans le parti avait bien opté pour la deuxième solution. Celle de boycotter les élections présidentielles mais en y acceptant cependant (au regard donc des réalités sociologiques et culturelles propres à chaque localité) de participer aux élections communales et municipales.
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Le ver dans le fruit
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Peine perdue pour les partisans de cette approche car le ver était déjà dans le fruit et le président, Me Tall, connu également pour avoir ce don particulier d’hypnotiser ses ouailles, ne voulait rien entendre.
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C’est pourtant là avec un peu de recul que se trouvent objectivement les raisons profondes de l’actuelle décadence du Cnid déjà affaibli auparavant par une première dissidence qui avait entraîné le départ de nombreux cadres et militants vers d’autres chapelles.
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Le nouveau combat du Cnid sera alors de neutraliser, partout où qu’ils se trouvent, les actions de ses nouveaux «exilés»désormais regroupés au sein d’une nouvelle formation le Parena dont l’emblème fait plutôt penser à un joyeux et joli jour de fête. Une belle symbolique pourtant car chaque jour de victoire électorale n’est-elle pas aussi un jour de fête, sauf que ce parti bien en peine chasse sur les mêmes terres que son géniteur, l’Adema.
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La désertion du terrain politique par le Cnid, le Mpr ou le Rdp pendant la grave crise du Coppo devrait en principe profiter de manière considérable à cette formation qui trouvait là une occasion inespérée de ratisser large et de poser du coup ses valises dans la cour des grands.
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L’Adema …restera ogre
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Mais cette illusion sera de courte durée car l’Adema est et restera un ogre. Et ce n’est pas mon «Ami» l’exubérant Ppr qui me dira le contraire. Le désir boulimique de ce parti reste toujours intact et les élections législatives viennent également de confirmer sa place de leader sur l’échiquier politique national.
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N’exagérons rien cependant car ce sera surtout des élections communales que nous aurons une photographie plus claire et complète des forces politiques en présence. La puissance électorale de l’Adema peut aussi cacher la fragilité de cet édifice dont l’actuelle solidité tient visiblement à peu de choses. Dans un récent passage à l’Ortm, un cadre dirigeant de ce parti avait bien dit que l’histoire ne se déroulait pas de façon linéaire et qu’une rupture ou coupure pouvait arriver à chaque étape du processus.
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Vérité ou prémonition?
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Le choix du parti de soutenir ATT aux dernières élections répondait à un double objectif : sauvegarder l’unité du parti et préserver de facto les privilèges acquis au cours du premier mandat du général. Ce parti sera-t-il capable de désigner après son congrès à venir son candidat pour les élections présidentielles sans y mettre sérieusement en péril cette unité de façade et avec à la clé ce risque évident de créer une Urd bis?
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Bacary Camara PARIS
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