Considéré comme l’hôtel ultra sécurisé de la capitale, le Radisson est tombé entre les mains de terroristes pendant 7 h le vendredi dernier. Ce fut une journée de peur et de terreur où la dextérité de forces de sécurité nationale a payé. Retour sur une journée de terreur.
C’est une journée de terreur que les habitants de la capitale ont vécu le vendredi 20 novembre 2015 avec l’attaque de l’hôtel Radisson Blu. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cette attaque est survenue à un moment où les populations commençaient à se rendre au travail et ne se doutaient de rien.
Stratégiquement, le quartier ACI-2000 dans lequel l’établissement hôtelier se trouve est très bien fréquenté. Mais la violence des coups de fusil ont fini par convaincre les citoyens d’une situation inhabituelle. Personne ne s’attendait à une attaque terroriste et la gendarmerie de Bamako-Coura, qui est arrivée en premier lieu, ne s’était pas également préparée à un tel scénario.
Après vérification, une prise d’otages et des assaillants non neutralisés. Sitôt mis au courant, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le colonel-major Salif Traoré, s’est précipité sur les lieux. Constat, c’est une attaque et il fallait sauver les vies humaines. Sur le champ, une stratégie a été peaufinée et les différents corps de la sécurité y participaient avec sérénité. La Brigade anti criminelle (Bac), la gendarmerie, la garde nationale et d’autres entités de la sécurité.
Une de premiers des mesures prises : la création d’une cellule de crise autour du ministre de la Sécurité. C’est cette cellule qui était chargée de coordonner les actions sur le terrain, elle regroupe l’ensemble des acteurs de la sécurité et de la défense.
Il a fallu attendre 9 h pour lancer le premier assaut qui a permis d’exfiltrer un grand nombre de clients de l’hôtel. Non loin, un site a été installé au Palais des sports pour la prise en charge médicale et psychologique des rescapés, cette activité a été gérée par la protection civile avec l’aide des services du ministère de l’Action humanitaire.
Vers 11 h, les premières informations officielles sont communiquées par le ministre de la Sécurité en point de presse. Entouré des chefs de l’armée et de la sécurité dont le chef d’état-major général des armés, le général de division Mahamane Touré et d’autres chefs militaires, le ministre Salif Traoré a assuré de la volonté des forces de sécurité de gérer la situation.
Néanmoins, il évoquait la présence de trois individus armés à l’intérieur de l’hôtel. En bon militaire, il n’a pas voulu donner plus de détails et promis d’informer au fur à mesure de l’évolution de prise d’otage. La seule chose qu’il n’a pas occultée c’est que l’ambassade de France assiste nos forces sur le terrain.
Dans l’après-midi, il a convoqué un deuxième point de presse au cours duquel, le ministre Salif Traoré précisera la nationalité des personnes qui ont pu être exfiltrées par les forces de sécurité (Maliens, Français, Ivoiriens, Turcs, Algériens, Russes, Canadiens, Sénégalais, Espagnols, Allemands et Chinois).
Précision de taille, le colonel-major Salif Traore dira que la situation a évolué que les assaillants sont coincés dans une pièce où ils ne détenaient aucun otage. Cependant, il a annoncé 5 blessés du côté de nos forces de sécurité et renouvelé l’appui des forces françaises qui seront à jusqu’à la fin de l’opération et de la Minusma qui a offert des services.
Pas de détails, car le ministre devait se rendre à l’aéroport pour accueillir le président de la République qui venait d’écourter son voyage au Tchad au sommet du G5-Sahel. L’information officielle s’est arrêtée le temps d’un conseil extraordinaire des ministres au cours duquel le bilan de l’attaque et les nouvelles mesures seront données par le chef de l’Etat IBK.
Pendant ce temps, on a spéculé sur les chiffres dans la presse, on a évoqué la mort de 27 personnes. A la fin du conseil des ministres, le président IBK est apparu à la télévision nationale et a communiqué un bilan de 21 morts dont deux assaillants.
Comme il fallait s’y attendre, un deuil national de trois jours sera observé et l’état d’urgence est décrété durant 10 jours.
Alpha Mahamane Cissé