La crise au nord commence à affecter la cohésion sociale au sud. Après une grande marche des femmes et enfants du camp Soundjata Keïta sur le palais de Koulouba avant-hier, la population s’en est prise violemment hier mercredi 1er février 2012 aux biens des touaregs résidant dans cette ville. Tout porte à croire que c’est la conséquence de l’amalgame et de l’extrémisme.
Après la marche des épouses et fils de militaires du camp Soundjata Kéïta de Kati avant-hier pour dénoncer le laxisme du gouvernement dans la gestion de la crise au nord, c’était la révolte généralisée hier dans la ville. Une révolte dirigée contre les biens de toutes les peaux blanches notamment les touaregs qui y vivent. En effet, les populations s’en ont pris violemment aux biens de Tamasheq résidant dans la ville de Kati. Cette révolte était consécutive à l’arrivée à Kati des blessés loyalistes venus du front. Ces blessés sont arrivés à bord d’un vol spécial à l’aéroport de Bamako-Sénou, et ont été ensuite embarqués dans 2 ambulances pour être acheminés à l’Hôpital de Kati. Arrivés à Kati, les blessés ont reçu la visite de la population. Et c’est là où les esprits ont commencé à s’échauffer et l’idée de vengeance a germé. Les populations ont donc décidé de venger les victimes en s’attaquant aux touaregs de la ville. C’est pourquoi pendant la journée d’hier une chasse aux Tamasheq a été lancée à travers la ville de Kati. Partout, les biens des Tamasheks ont été ciblés par les manifestants en colère.
En face du Prytanée militaire, la pharmacie Elmédy et sa clinique appartenant à un Tamashek ont été saccagées par la foule. De même que le domicile de l’ancienne ministre de l’Artisanat et du Tourisme, Zakiatou Walet. C’est dire combien la tension était vive hier à Kati. Les manifestants disent avoir épousé cette option par le fait qu’il est avéré que les assaillants du nord-Mali avaient des complices jusqu’à Bamako. Des complices qui informeraient les assaillants sur le terrain à propos de toutes les stratégies planifiées par les forces loyalistes.
Des arrestations ont été opérées dans les rangs des manifestants et conduits au camp I de Bamako où ils ont été soumis à des interrogatoires musclés. Mais jusqu’aux environs de 18 heures, la ville était toujours sous l’emprise des manifestants très armés de colère.
Ce sont là les effets collatéraux de la rébellion qui sévit au nord de notre pays. Et la situation risque de se détériorer davantage dans les jours à venir parce que c’est le début d’une autre crise qui risque de diviser l’armée et les populations du Mali d’une manière générale. Somme toute une mauvaise publicité qui pourra faire gondoler les apatrides du désert. Pourtant, le président de la République Amadou Toumani Touré a toujours invité les gens à ne pas faire l’amalgame. « Il faut faire la différence entre un Tamasheq qui tue au nord et l’autre qui vit en parfaite intelligence avec le Mali. Car, cet amalgame risque de conduire le pays à des doubles identitaires», a chaque fois rappelé ATT. Certes les nouvelles en provenance du nord ne sont pas bonnes, mais la préservation de l’unité nationale doit aussi prévaloir dans nos actions.
Ben Dao et A.D