Un Etat fort, une justice assainie, une Administration efficace, une distribution équitable des fruits de la croissance, la rébellion touareg, la transparence dans la gestion de la chose publique, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, la baisse des prix des denrées de première nécessité…
Autant de thèmes, abordés par le chef de l’Etat dans son discours à la Nation, prononcé vendredi dernier, à l’occasion du 47e anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance. Thèmes sur lesquels, nos concitoyens s’attendaient à des actes forts.
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Des concrètes des mesures. Mais en lieu et place, ils ont eu droit à un catalogue de bonnes intentions. L’espoir a fait place au désespoir.
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L’euphorie de la fête de l’indépendance, a cédé le pas à la colère.
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Pourtant, jamais le discours à la Nation du chef de l’Etat n’a mobilisé autant de foule. Figés devant leur poste –téléviseur ou avec leur transistor collé à l’oreille, nos concitoyens s’attendaient à des actes forts. Des décisions fermes. Surtout, dans un contexte aussi difficile ; la vie est devenue « Chèvre »… pardon, chère. Trop chère. La pauvreté et la misère restent les deux choses les mieux partagées par nos populations, dont l’écrasante majorité peine à s’offrir trois repas par jour. L’Administration est gangrenée par la corruption. La détournement du bien public est devenu un sport national. Plus c’est gros, plus ça passe. Et les auteurs, rassurés de leur impunité, se la coulent douce au volant de luxueuses bagnoles. Ou à l’ombre de superbes villas.
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S’y ajoute une rébellion touareg, qui ne finit pas de finir. Avec, cette fois, l’usage de mines anti –personnelles, qui ont fait des dizaines de morts et de blessés. Pire, depuis le 20 septembre dernier, Bahanga et sa bande d’assassins ont proclamé la naissance d’un Etat touareg : la République de Tumoujgha. Englobant une partie du territoire malien et nigérien, cet Etat fantômatique dispose d’un drapeau et d’un président, dont le nom continue de faire l’objet de mystère.
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Aussi, ce mois de Ramadan reste le plus noir de l’histoire de notre pays. Les prix des denrées de première nécessité sont hors de portée. Surtout, pour les couches défavorisées.
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Autant de sujets sur lesquels, le chef de l’Etat était attendu. D’où l’afflux des populations devant les postes–téléviseurs. Ou les postes –radios. Mais elles ont, vite, déchanté. En lieu et place d’actes forts, susceptibles de conjurer leur désespoir, elles ont eu droit à des envolées lyriques.
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Succession d’espoirs avortés, banalisation des plus grands vices
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Tous ceux qui ont écouté le discours à la Nation du chef de l’Etat ont compris une chose : le changement, tant promis, dans la gestion de la chose publique, n’est pas pour demain. « A bien écouter le chef de l’Etat, il n’y aura aucune rupture avec son précédent quinquennat. C’est la même politique qui va se poursuivre, avec les mêmes détournements impunis du bien public, la même corruption etc… Il n’y a plus rien à espérer », nous confie un téléspectateur, la voix nouée par la colère.
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S’agissant de la lutte contre la corruption et la délinquance financière, le chef de l’Etat indique, que de juin 2002 au 31 août 2007, il a reçu des services de contrôle de l’Administration, 722 rapports, dont 138 transmis à la justice.
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« Ces dossiers seront jugés, sans complaisance, tout en préservant la présomption d’innocence », a martelé le chef de l’Etat. Colère d’un mécanicien de la zone industrielle. Décollant son poste –radio de son oreille, il nous interroge, en laissant exploser sa colère : « Sur ces 138 dossiers, transmis à la justice, combien ont été jugés ? », dit –il. Avant d’ajouter : « Tous ceux qui ont été interpellés, par la justice, ont été libérés. Nous sommes pauvres, mais pas dupes ».
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Mais face à la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité, le chef de l’Etat promet une baisse dans les limites acceptables, Car, pour lui, cette hausse est à lier aux évolutions des prix sur le marché international. Evolution qui, selon le chef de l’Etat, s’inscrit dans la durée. D’où son cri de cœur : « Pour nos pays, ce n’est pas le chemin qui est difficile, mais c’est le difficile qui est désormais le chemin ». Et notre mécano de dégainer : « Limites acceptables pour qui ? Pour nous, les pauvres ? Ou pour les opérateurs céréaliers qui s’engraissent de la misère des pauvres ? ».
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Profitant de cette aubaine, le chef de l’Etat annonce que tous ces problèmes –ressentis par les uns, vécus par les autres –sont pris en compte par son PDES : le Programme de Développement Economique et Social, dont les Objectifs sont, entre autres : un Etat fort, une justice assainie, une Administration efficace, une distribution équitable des fruits de la croissance, la transparence dans la gestion des fonds publics, la lutte contre la corruption et la délinquance financière…
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Pour nos interlocuteurs, ces objectifs, restent des vœux pieux. « Aucune mesure concrète n’a été prise, durant son premier mandat pour parvenir à ces objectifs. On se demande ce qu’il fera, durant ce dernier quinquennat, pour y parvenir », répond un téléspectateur, partagé entre colère et déception.
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Pour réaliser les objectifs du PDES, le chef de l’Etat annonce que le prochain gouvernement sera composé d’hommes et de femmes intègres et dévoués.
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Un gouvernement qui aura, aussi, pour tâche de conduire deux reformes majeures : la suppression de la peine de mort et l’adoption du nouveau code de la famille et de la personne.
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En attendant, nos concitoyens continuent de tirer le diable par la queue.
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