Afrik’ actu : Soro choisit ses convictions

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Guillaume Soro lors de l'annonce de sa démission du perchoir de l'Assemblée nationale ivoirienne, le 8 février 2019. © REUTERS/Thierry Gouegnon

A l’issue d’une session extraordinaire convoquée le vendredi 8 février,  Guillaume Soro a démissionné du poste de président de l’Assemblée nationale. L’ancien chef rebelle ivoirien occupait ce poste depuis 2012. Si beaucoup de cadres du RHDP réclamaient sa tête, au regard des textes, rien ne l’obligeait à quitter le perchoir. Car, si certains observateurs peuvent estimer qu’il a été poussé à la sortie par le président Ouattara qui l’avait publiquement sommé d’adhérer à la nouvelle formule du RHDP ou de démissionner de son poste, la constitution ivoirienne stipule la séparation des pouvoirs. L’exécutif ne peut théoriquement pas faire de diktat au législatif.

Mais que pouvait encore gagner Soro à se cramponner à son poste, si ce n’est pour le simple privilège de demeurer à un haut poste de responsabilité de l’Etat ? En bon stratège politique, l’ancien Premier ministre, compte tenu de nombreuses tribulations politiques au sein de la majorité qu’il quitte, devait bien « libérer le tabouret » pour  ses convictions et  ses ambitions politiques. Sa démission est-elle « une suite logique et normale de son refus de partager la philosophie et le projet politiques du nouveau RHDP » ?

Schisme au sein du RHDP

Alassane Ouattara et Guillaume Soro qui sont demeurés dans une alliance politique depuis le début des années 2000, étaient visiblement en plein désaccord idéologique pour le futur du RHDP. Le second devait forcément se positionner. Leur alliance aura bien vécu pendant deux décennies. En refusant de s’engager pour le RHDP unifié, Soro garde ses idées et ses convictions politiques et évite une crise institutionnelle. « Refuser de démissionner conduirait immanquablement à la crise institutionnelle déstabilisante avec le cortège de dommages pour la nation. L’on ne peut risquer de mettre en péril la paix fragile acquise après tant de souffrances de nos concitoyens », a-t-il tenu à clamer dans son discours de démission.

Le désormais ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne, en adoptant le schisme, sait bien que le jeu est risqué politiquement. Ce, d’autant plus qu’il redevient un simple député élu à Ferkessédougou (dans le nord du pays). Toutefois le quadragénaire, qu’il est, reste un dinosaure  politique convaincu que c’est la seule manière de continuer à servir la nation sans être confondu avec le pouvoir. Mais ce jeune homme d’Etat, compte tenu de ses nombreux soutiens dans la coalition au pouvoir, est considéré par des analystes politiques avérés comme un potentiel chef d’Etat ivoirien en 2020. Cela, c’est le futur qui le dira.

Gaoussou M. Traoré

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