Comme l’on pouvait s’y attendre, dès la proclamation des résultats du scrutin présidentiel du 27 août 2016 par la Commission électorale autonome (CNA), qui accorde la courte victoire au président sortant du Gabon, son challenger Jean Ping les a systématiquement récusés pour s’autoproclamer vainqueur. Une dynamique qui a conduit ses partisans à prendre d’assaut les rues de Libreville et Port-Gentil aux fins d’obliger le pouvoir de reconnaître la victoire de leur champion. Des manifestations, occasionnant des scènes de pillages, de vandalisme et de saccages de biens de particuliers et de bâtiments administratifs dont le Palais du peuple, que les Forces de l’Ordre et de Défense ont violemment réprimées.
Pour corser le bras de fer, l’opposition gabonaise a indiqué qu’elle ne portera pas recours auprès des instances judiciaires pour résoudre le contentieux désormais posé. Ce qui voudrait dire qu’elle est décidée, si un recomptage bureau par bureau n’est pas effectué par la CNA, à arracher par une insurrection populaire, ce qu’elle considère comme sa victoire. Mais ses exigences de recomptage, bureau par bureau, soutenues par la Communauté Internationale, en l’occurrence la France et les USA, seront-elles acceptées par le pouvoir ? Celui-ci argumente que, même si l’opposition n’a pas adhéré à la proclamation des résultats, elle était représentée à la CNA pour participer à la programmation et la sécurisation du vote. Ainsi le président sortant et ses porte-paroles tranchent que l’opposant Ping, pour contester les résultats proclamés par la CNA, n’a qu’une alternative : soumettre son contentieux à la Cour Constitutionnelle ou reconnaître sa défaite. Une situation qui campe les deux camps aux antipodes.
Pourtant ce scénario de chaos et de blocage que l’on est en train de vivre au Gabon, exactement comme celui de l’après présidentielle 2009, était prévisible et redouté. Par conséquent, il pouvait bien être évité si, en amont, les acteurs politiques avaient préalablement songé de façon consensuelle à se doter de tous les voies et moyens institutionnels et légaux qui permettent d’empêcher la contestation du scrutin. Cela est d’autant évident que des moyens humains et techniques existent conventionnellement afin de rendre un scrutin crédible et transparent. Mais comment?
De l’avis d’expert, avant tout scrutin, les partis et les acteurs politiques devraient préalablement s’assurer du respect scrupuleux des principes basiques d’organisation qui favorisent toute élection démocratique, transparente, libre et neutre. Lesquels garantissent à son tour sa régularité auprès de l’ensemble des Challengers et des observateurs nationaux et électoraux. Des résultats qui sortiraient ainsi du vote des électeurs ne seraient contestés qu’au niveau des seules Instances juridiques supérieures comme la Cour suprême ou la Cour Constitutionnelle, selon les pays.
Mais puisque, dans le cas gabonais, l’opposition a écarté tout recourir à l’arbitrage judiciaire, que reste-t-il alors ? L’ingérence étrangère ? Les intérêts occidentaux étant très importants au Gabon, pour résoudre la crise née du contentieux électoral, l’immixtion extérieure n’est certainement pas une piste à écarter. La France et/ou les USA, qui maintiennent des contacts directs avec les deux parties, peuvent bien peser à la résolution du contentieux. Pourvu que cette ingérence soit acceptée de tous !
Dans ce cas, plusieurs cas de figure sont possibles. Pour calmer le jeu, afin de ramener la paix sociale et la sécurité, ces deux partenaires peuvent contraindre les protagonistes politiques du pays d’Omar Bongo Odimba à un partage du pouvoir. Pourquoi pas la solution à la kenyane ?
Gaoussou M. Traoré