Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo se sont rencontrés le lundi 29 juillet 2019 à Bruxelles ! La présidentielle de 2020 en ligne de mire ? Mystère et boule de gomme. Pour l’heure, c’est tout juste une rencontre fraternelle entre deux anciens Chefs d’Etat, pour parler de questions de réconciliation nationale, soutient- on de part et d’autre.
Reste que dans un an, au plus, les Ivoiriens seront bien appelés à élire leur nouveau Chef d’Etat. Le contexte politique est bien mouvementé et l’opposition ivoirienne, dans son entièreté, s’opposant à la nouvelle configuration de la Commission Nationale Electorale (CENI) acté le même lundi. Son argumentaire ? Cet organisme en charge d’organiser le scrutin présidentiel et d’en publier les résultats provisoires serait favorable au pouvoir. Après deux mandats successifs, l’actuel Chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, ne pourrait pas en briguer constitutionnellement un troisième. La présidentielle devrait bien être disputée entre les autres candidats.
En 2010, Bédié, Chef alors incontesté du PDCI vivement opposé à Laurent Gbagbo du FPI avait soutenu ADO à la présidentielle. Il resta son principal soutien politique mais finit par claquer la porte de la coalition gouvernementale pour rejoindre les partis de l’opposition. Dont le FPI est la principale composante.
Pourquoi Bédié se donnerait-il la peine d’aller jusqu’en Belgique rencontrer son ancien rival pour ne discuter que de la seule réconciliation nationale ? Pourraient-ils se réconcilier à travers cette brève rencontre et inviter leurs deux camps à en faire de même? Pourraient-ils constituer une plateforme politique solide contre le RHDP ?
Pour l’heure, les militants du camp Bédié comme de celui de Gbagbo ont vivement applaudi l’initiative de leurs champions. Seulement, il reste à savoir comment réunir, autour d’une plateforme, deux partis qui ne partagent pas la même idéologie politique et qui sont longtemps restés farouchement opposés. Pour des nécessités de real politik ?
Notre confrère l’Intelligent d’Abidjan exprime également des inquiétudes: « L’alliance électorale PDCI-FPI représente-t-elle une alternative crédible face au nouveau parti présidentiel, le RHDP ? […] Bédié et Gbagbo se sont-ils rencontrés pour nouer une alliance véritable ou jouent-ils, l’un et l’autre, au jeu du chat et de la souris ? Qui sortira vainqueur à la fin, car il n’y aura qu’un seul candidat à la présidentielle de 2020 ? »
Une chose est en tout cas certaine : à plus de 85 ans, Bédié est un homme sénile. Un handicap de poids pour qu’il ne soit pas candidat en 2020. Quant à Gbagbo, bien que libéré, il ne peut quitter Bruxelles (sa résidence), pour des raisons judiciaires. Ce qui rend improbable sa candidature et encore plus improbable la création d’une plateforme PDCI-FPI (très contrenature).
Gaoussou M. Traoré