Afri’Actu* : Révolution du jasmin: regards croisés

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Huit mois déjà que plusieurs pays arabes sont bouleversés et déstabilisés par ce que l’on continue d’appeler le printemps arabe (ou la révolution du jasmin). Tout a d’abord commencé en Tunisie, avec l’auto-immolation par le feu d’un jeune diplômé. Faute de trouver un boulot compatible avec son diplôme, il  s’était résigné à vendre des fruits pour subvenir aux besoins de sa famille. Son acte qui serait dû à une ‘’provocation’’ d’un agent de l’Etat, a constitué la goutte d’eau qui allait faire déborder le vase !

 

Pour la Tunisie dont la jeunesse fait partie des mieux formées du continent mais sans emploi, cela suffisait donc pour mettre en colère les jeunes diplômés et la classe moyenne qui n’avait plus d’autre choix que de  se révolter.  Puis vint le tour du pays des pharaons. L’Egypte, est le pays arabe le plus peuplé avec plus de 80 millions d’habitants. Situé au cœur du désert de Nubie, il a la chance d’être traversé par le Nil, le fleuve le plus long de l’Afrique. L’essentiel de ses ressources financières proviennent du Tourisme, des rentes  obtenues par la traversée du Canal de Suez par les bateaux et un  peu du pétrole. Pour dire qu’il s’agit d’une économie qui ne garantit pas forcément l’équilibre social face à une crise boursière qui donne alors aux arguments des populations, tous les ingrédients de la révolte contre les autorités.

 

Au Maroc ou en Algérie, les citoyens ont aussi des problèmes économiques au quotidien. Ce qui les différencie cependant des autres pays arabes, c’est leur histoire commune avec l’ancienne puissance colonisatrice. Le Maroc, après son occupation coloniale, est demeuré un protectorat français. L’ancienne puissance colonisatrice a respecté tous ses us et coutumes jusqu’à sa monarchie. Les populations ont donc été traitées dignement.  Quant à l’Algérie, la France voulait faire d’elle son prolongement territorial au Sud de la Méditerranée, depuis son occupation en 1830. Elle a donc essayé de la métisser physiquement et culturellement. C’est ainsi qu’il fut un temps où l’Algérie hébergeait la plus importante colonie de peuplement français en dehors de la métropole. Une colonie qui vivait au niveau des  grandes villes, au rythme de la France. Mais le dessein colonial va échouer après une douloureuse guerre d’indépendance qui va durer deux décennies, avec son épilogue son épilogue en 1963. Tout ce qui précède a pour objet de présenter le décor géo-politico-institutionnel des pays arabes mentionnés. Nous pouvons comprendre dès lors que si en Tunisie et en Egypte la manipulation via les réseaux sociaux comme Facebook a  marché, c’est parce que ces deux pays dépendent des subventions occidentales : l’Egypte recevant chaque année plus d’1 milliard de dollars US. des seuls USA et  la Tunisie des millions d’Euros de la France,

 

Au Maroc, malgré le modernisme de la vie économique, les citoyens demeurent nationalistes et attachés à leur culture, avec un orgueil dû au fait que le pays s’est développé par ses propres moyens en se dotant de cadres et d’ouvriers qualifiés. L’Algérie a ses nombreuses richesses en hydrocarbures, notamment en gaz naturel, qui lui ont procuré une très grande manne financière ces trois dernières années et qui lui ont permis d’éponger la totalité de sa dette extérieure par anticipation. D’où la fierté et le haut niveau de nationalisme des Algériens qui ne supportent aucune ingérence étrangère dans ses affaires intérieures. Nous pouvons comprendre que la stabilité économique et le nationalisme de ces deux peuples les ont sauvés d’un complot savamment préparé et orchestré par le néo-colonialisme « économique » occidental à l’endroit des peuples arabes.

 

Nous verrons plus tard que là où les gens pensent que les révolutions ont réussi,  il n’y a que du leurre. Pourquoi ? Nous constatons déjà qu’en Tunisie comme en Egypte, les soulèvements sont récupérés par l’armée et une grande partie des anciennes classes dirigeantes. Parce que, en réalité, dans ces deux pays, l’on cherchait tout simplement à décapiter la classe dirigeante existante. Or l’histoire nous a démontré qu’une telle décapitation laisse toujours à la classe dirigeante une possibilité de régénérescence, étant donné que le reste du corps est encore bien vivant.   

* Par Gaoussou Madani TRAORE

 

 

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