Enfin, huit mois auront suffi aux huit pays des 28 que compte l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord), qui ont participé aux missions aériennes de l’opération « Protecteurs unifiés », pour tuer, sinon « assassiner », l’ex-guide Mouammar El Kadhafi et plusieurs de ses proches, ce jeudi 20 octobre 2011. Les images de sa mort sont bouleversantes. Le cadavre de l’ex-guide exhibé comme un trophée de guerre a fait le tour des grandes chaînes de télévision. C’est bien cela, la justice des vainqueurs. C’est cela aussi, le cours de l’histoire.
Cette campagne militaire, sans doute la plus électronique et la plus médiatisée de l’ère moderne, a nécessité plus de 26 089 sorties aériennes effectuées depuis le 31 mars, dont 9 618 dites « offensives », selon un bilan communiqué par l’Alliance. Le commandement américain était basé au Nevada (USA) d‘où étaient téléguidés les drones qui auraient tué l’ex-Guide. A l’annonce de la mort du leader de la Jamahiriya libyenne, plusieurs chancelleries occidentales se sont réjouies. De Barack Hussein Obama à Nicolas Sarkozy en passant par David Cameron. Même le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon (normalement tenu par le devoir de réserve) s’est réjoui à l’annonce de cette mort tragique de l’ancien guide, y voyant une « transition historique pour la Libye », tout en ajoutant que « le chemin à parcourir pour la Libye et son peuple va être difficile et rempli de défis ».
Mouammar Kadhafi né le 7 juin 1942 à Syrte, fils de bédouin, de la tribu des Gadhadfa, a réussi une éducation religieuse rigoureuse avant d’entrer dans l’armée en 1965. A 27 ans, il renverse le vieux roi Idriss Ier, le 1er septembre 1969, sans qu’aucune goutte de sang ne soit versée. En 1977, il proclame la « Jamahiriya » qu’il définit comme un « Etat des masses » qui gouverne par le biais de comités populaires élus, et s’attribue le seul titre de « Guide de la révolution, son pouvoir restant intact. Il a beaucoup marqué le monde contemporain à travers ses différentes prises de position qui l’ont souvent fait paraître comme un personnage singulier, atypique et théâtral.
Despote, dictateur, terroriste ! Les médias occidentaux de la propagande et de la désinformation ne manquaient pas de mot pour qualifier le guide libyen qui était devenu gênant et même très gênant. Il fallait donc trouver tous les moyens pour s’en débarrasser.
A l’opposé de cette image que les médias occidentaux veulent coller à Kadhafi, il y en a bien d’autres. Nous saluons la déviance et le courage de ce fils de berger vis-à-vis de l’Occident. Il était l’un des rares dirigeants africains à tenir tête aux Occidentaux. Il fallait avoir son courage pour jeter à la tribune de l’Assemblée générale la Charte des Nations Unies. Mouammar Kadhafi est ce dirigeant qui avait réussi, par le biais de la manne pétrolière, à hisser la Libye au rang d’un Etat presque émergeant doté d’une réserve financière et d’un niveau de vie très élevé, frôlant les 10 000 dollars US par an et par personne. L’accès aux services sociaux de base était presque gratuit.
De Kadhafi, nous retenons l’image d’un homme fidèle à sa parole. Mort les armes aux mains, il a tenu parole, car il avait promis de ne jamais quitter son pays, de se battre jusqu’à la dernière goutte de son sang. Ce mégalomane, pour reprendre l’expression de certains médias de la propagande, avait promis de mourir en martyr. Et il est mort en martyr ! Kadhafi va rejoindre le panthéon des grands héros tombés sur le champ de l’honneur. Quoi qu’on dise, Kadhafi est un héros.
L’ère post-Kadhafi ? C’est la plus grande incertitude pour l’heure avec l’incapacité du Conseil national de transition de former un gouvernement.
Par Gaoussou M. Traoré