A Deauville, station balnéaire du Nord-Ouest de la France, s’est réuni du 26 au 27 mai 2011 le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du G8 (les 8 pays les plus industrialisés au monde) avec, comme invités, les pays dits émergeants. A l’issue du sommet, il est ressorti plusieurs décisions et recommandations qui détermineront, suivant leur bon vouloir, la marche économique et politique du monde.
Ce sommet a fait la part belle aux pays dits du «Printemps arabe» avec, au passage, des promesses de dons et de prêts (à taux préférentiels). Ainsi, il a été promis la somme de 40 Milliards de dollars US par le G8 et 35 milliards de dollars US par le FMI (Fonds Monétaire International) qui était présent au Sommet, à respectivement la Tunisie et l’Egypte. Le Conseil national de la Transition libyenne a également eu sa part.
Sur le plan politique, il a été recommandé au président yéménite de quitter le pouvoir. Quant à la Libye, les grands du monde ont réaffirmé leur hargne à finir le boulot. En ce qui concerne la Syrie, en raison de la position géostratégique, parce qu’étant considéré en conflit avec Israël, leur position a été ambivalente, mais il lui a été recommandé de cesser les tueries et d’ouvrir un dialogue politique et démocratique avec son opposition.
Comment, dans ces conditions, s’empêcher de dire que le G8 est l’organe dirigeant du monde, ‘’le directoire du monde’’ même si le président du pays hôte du Sommet, Sarkozy, se croit obligé de jouer avec les mots en déclarant que : «Le G8 n’est pas le directoire du monde » ?
Le G8 est bel et bien le directoire du monde ! Force est de l’admettre, c’est à dire qu’on le veuille ou non : ce sont ces grands du monde qui dictent et régentent les conduites politique et économique de la planète à l’issue de chaque sommet. Sinon, pourquoi le G8 s’ingère –t-il dans les affaires intérieures des autres pays en ne leur reconnaissant aucune souveraineté ? Par exemple le Yémen, pays tribal par excellence, pendant des années allié des occidentaux (les USA en tête) dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Le G8 demande à ce que ses dirigeants quittent le pouvoir en faisant fi des réalités socio – politiques et culturelles au lieude prôner une approche de dialogue et de négociation. Pour celui qui est de bonne foi et qui essaie de comprendre la sociologie politique de ce pays, le départ de Saley et de son équipe ne peut être une solution en soi sans que les tribus ne scellent un accord consensuel. Il faut souligner que ce pays n’est pas prêt à accueillir la démocratie à l’occidentale.
Le cas de la Libye est manifestement la situation d’ingérence la plus caractéristique. Puisque, après avoir créé de toutes pièces une insurrection armée (qui n’avance guère depuis le 19 mars malgré les bombardement de l’arsenal militaire de l’armée régulière par les forces de l’OTAN) mettant le pays à genou et dans une situation d’enlisement, les « grands du monde» ont clarifié leur position en affirmant qu’ils vont finir le boulot (c’est-à-dire l’élimination physique du Guide et de sa famille). D’ailleurs, en marge du G8, le président Sarkozy a déclaré à la presse que : « Kadhafi a son sort entre ses mains et doit partir pour éviter les souffrances à son peuple ». Mais entre le guide et ceux qui sont en train de détruire le pays à travers des milliers de bombardements, l’histoire nous édifiera quant au véritable auteur des souffrances du peuple libyen. Dans le dossier syrien, le G8 a joué à la prudence compte tenu du conflit arabo -israélien. Le reste du monde a été peu concerné, même si certains pays africains, fraîchement sortis de crises, ont reçu l’invitation du G8 en l’occurrence la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Niger. En réalité, ce qui les intéresse de l’Afrique, ce sont ses matières premières. Evidemment certains pays échappent au diktat du G8. Ce sont par exemple la Chine, l’Inde, la Corée du sud, le Brésil, l’Argentine et bien d’autres fort heureusement. Mais il faut reconnaître que la balance pèse largement en faveur des 8 seuls pays qui ont un poids plus grand que le reste du monde.
* Par Gaoussou Madani TRAORE
