Afri’Actu* : Crise libyenne L’épilogue d’une invasion savamment orchestrée

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Avec le précieux sésame accordé par l’ONU à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), à travers la Résolution 1973 du Conseil de Sécurité, les puissances occidentales néo-colonialistes composées de trente pays dont essentiellement les USA, la Grande Bretagne mais surtout de la France de Sarkozy, auront vu finalement se réaliser leur dessein inavoué, égoïste et odieux.

 

La campagne aura duré six mois, avec des milliers de raids aériens détruisant tout sur leurs passages. Le régime du colonel Mouammar Kadhafi a fini par s’effondrer avec l’entrée des troupes rebelles à Tripoli. Cette chute fait passer aux mains des insurgés et de leurs mentors occidentaux, la réalité du pouvoir économique et politique en Libye. Pour crédibiliser sa position dominante,  la France a même organisé le  1er septembre dernier, de concert  avec les Etats-Unis et la Grande Bretagne, une conférence internationale sur la reconstruction de la ‘’nouvelle Libye’’.

 

Sous prétexte de vouloir aider le Conseil National de Transition (CNT), la conférence de Paris qui a regroupé une centaine de pays (favorables ou non à la guerre) n’a pu offrir au pays que ses propres avoirs gelés dès les premiers jours de la campagne militaire.

 

Au regard de l’imbroglio politico-militaire qui règne sur place, à quoi doivent s’attendre les populations libyennes supposées libérées de ce que les Occidentaux appellent aujourd’hui la « tyrannie khadafiste » ? Ces Occidentaux qui, hier seulement, composaient avec ce « guide tyran » ! Le CNT pourra-t-il relever le défi de l’après-Khadafi en remettant le pays sur de nouveaux rails avec un solide garanti de la stabilité du pays ? Quel sort les nouveaux maîtres du pays réserveront-ils aux immigrés noirs du pays, tous ressortissants de l’Afrique subsaharienne et victimes de racisme, d’exécutions sommaires, d’emprisonnements arbitraires et abusifs ? Autant de questions  qui, pour le moment, restent sans réponse.

En aidant les rebelles à prendre le pouvoir, les puissances occidentales sont devenues de facto, non seulement les nouveaux propriétaires des puits de pétrole du pays, mais aussi les maîtres des gigantesques réserves pétrolifères et gazières libyennes. Selon le journal français « Libération », la part du marché pétrolier attribuée à la France par les nouvelles autorités serait de 35%. Sans oublier que le marché de la reconstruction serait désormais réparti entre les différents groupes d’entreprises de ces puissances conquérantes de la Libye.

Le CNT de par sa composition hétéroclite, avec un noyau  cyrénaïque (venant de la région de Bengazi à l’est du pays) traditionnellement opposé à la tripolitaine (région de Tripoli, ouest du pays), va évidemment se venger des partisans présumés ou réels de l’ex-Guide. Cela a d’ailleurs commencé à travers les exécutions sommaires et des emprisonnements arbitraires à la prise de chaque ville. Le cas de Tripoli en est l’illustration la plus flagrante. Et les gouvernements occidentaux, sortis victorieux de leur guerre en Libye, se taisent et laissent faire.

 

A propos des immigrés noirs installés en Libye, qui souffraient de maltraitance de la part de la population et des employeurs libyens même sous le régime de Kadhafi, il y a lieu de s’inquiéter car les nouveaux hommes forts de Tripoli créent volontairement un amalgame entre noirs et mercenaires. Alors, ces Noirs sont spoliés de tous leurs biens et humiliés.

 

Il est urgent que l’Union Africaine, qui aura lamentablement échoué dans sa tentative timide de médiation entre les belligérants libyens, s’investisse pour faire cesser les exécutions sommaires et arrestations arbitraires dont ces immigrés sont victimes. Quant aux autorités des pays dont ils sont originaires, elles doivent réclamer haut et fort des dédommagements pour leurs ressortissants.

 

La guerre en Libye, comme celles en Afghanistan et en Irak, vient encore nous rappeler la face sombre et dépourvue d’humanité des relations internationales. Des pays comme la Chine ou la Russie, membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, donc détenteurs du droit de veto, doivent désormais  redoubler de courage et de sagesse, pour servir de contrepoids à l’hégémonie grandissante et arrogante des puissances occidentales.                                  

 Par Gaoussou  Madani TRAORE

 

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