Ce mercredi 1er juin, soit dix jours après l’investiture de SE Allassane Dramane Ouattara, comme 5ème Président de la République de Côte d’Ivoire, a été rendue publique la liste du gouvernement. On remarque une connotation géopolitique avec une majorité de ministres R.D.R (Rassemblement Démocratique Républicain) qui sont épaulés par leurs collègues du PDCI-RDA (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement Démocratique Africain), des Forces Nouvelles (ancienne rébellion) et trois autres petits partis, mais sans la participation de l’ancienne majorité FPI (Front Populaire Ivoirien) en proie semble-t-il à des mésententes internes.
Cette équipe gouvernementale formée pour conduire le pays aux élections législatives et municipales (prévues d’ici la fin de l’année) pourra-t-elle aussi réconcilier les Ivoiriens et faire redécoller leur économie? La réponse est impérativement positive, car le pays s’étant meurtri en dix années de division territoriale entre le Nord et le Sud et six mois de chaos nourris de tueries sauvages, de viols et d’enlèvements perpétrés par les forces favorables au président sortant, doit se remettre sur pied en pansant ses blessures.
C’est ainsi que la machine judiciaire doit être accélérée pour que tous les coupables répondent de tous les crimes commis. L’instauration d’une commission Dialogue- Vérité – Réconciliation, voulue et entamée par le président, n’est pas une mauvaise chose en soi mais la quête de justice doit être prioritaire, comme le signifie si bien cet adage: «pardonner c’est bien, mais oublier, c’est un pêcher ». Nous voyons donc que la tâche sera difficile et même très difficile pour les autorités actuelles ivoiriennes, qui ont l’obligation de se mettre à hauteur de souhait.
Ainsi, nous savons que le président ADO a sollicité l’aide financière des pays industrialisés et des institutions financières internationales, en marge du sommet du G8 (les 8 pays les plus industrialisés au monde) à Deauville pour un montant de 20 milliards de dollars US pour la reconstruction de son pays sous forme de dettes ou de dons. Mais l’urgence des PMI (Petites et Moyennes Industries) et des PME (petites et moyennes industries) est telle que l’Etat doit débloquer un fonds local pour les aider à acquérir de nouvelles infrastructures et permettre aux usines de redémarrer dans les brefs délais, car, avant la crise, elles étaient les plus gros employeurs de main d’œuvre du pays.
Donc, les autorités doivent tout faire pour éviter aux populations un chômage de longue durée qui pourrait faire retomber le pays dans l’insécurité. C’est dire que le redécollage de l’économie ivoirienne est une condition sine qua none de la paix sociale.
Ainsi, cette réconciliation inter-ivoirienne ne doit pas se faire en n’intégrant pas dans son ordre du jour la préoccupation des millions de communautés étrangères, notamment burkinabé et malienne, ayant le plus souvent les mêmes patronymes que les Ivoiriens du Nord, qui ont eu à subir les mêmes stigmatisations que leurs frères ivoiriens. En outre, le pays doit se réconcilier avec tous ses voisins et oublier les rancœurs nées certainement de la gestion de la crise par les différents Etats.
A en croire certaines sources, ATT n’aurait pas été bien accueilli par son homologue ivoirien de même que le président sortant de la commission de l’U.E.M.O.A lors de la cérémonie d’investiture. Mais ce que les uns et les autres ne devraient jamais perdre de vue, c’est que la Côte d’Ivoire et tous ses voisins, en l’occurrence le Mali, ont le même destin. D’ailleurs le Mali, tout comme le Burkina Faso, sont les plus grands usagers du port d’Abidjan. Ils constituent de ce fait des pourvoyeurs de ressources financières à l’Etat ivoirien, sans oublier le fait que les produits manufacturés en Rci sont largement consommés dans les deux pays.
* Par Gaoussou Madani TRAORE