Accord de Ouaga : La lecture biaisée d’IBK

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La libération d’une quarantaine (peut-être plus ?) de terroristes du MNLA et du HCUA faits prisonniers par l’armée malienne, suivie de la levée des mandats d’arrêt émis par la justice contre leurs chefs, tous des députés déserteurs de l’Assemblée nationale du Mali, a monté une partie de l’opinion contre IBK, moins de deux mois après “le quasi-plébiscite” (le vocable est de lui-même) dont il a fait l’objet au scrutin du 11 août dernier.

 

Saouti L Haïdara, Dirpub L'Indépendant
Saouti L Haïdara, Dirpub L’Indépendant

Le vent de la contestation est parti – chose peu courante sous nos cieux – du parquet, le cœur même du système judiciaire dont la voix la plus autorisée, celle du procureur général, s’est élevée pour décrier et désavouer la mise en liberté de “ceux qui ont volé, violé et tué des personnes innocentes” à l’insu et au mépris de la justice. Très vite, il a atteint les Ordres professionnels judiciaires (Ordre des magistrats et Ordre des avocats) ensuite l’Association malienne de défense des Droits de l’Homme (AMDH).

 

Parallèlement, les citoyens ordinaires se répandaient en critiques et admonestations sur les antennes des radios privées contre le nouveau président ” qu’on a trop vite fait d’applaudir et qui est en train de décevoir “. Alors qu’à Gao, des centaines de gens occupaient rues et places publiques pour exprimer leur colère et dénoncer ce curieux paradoxe : pendant que leur ville croulait sous les roquettes tirées par des terroristes, Bamako ouvrait les portes de sa prison centrale à leurs complices. Car pour ces Gaois qui ne se bercent pas d’illusions et qui connaissent leurs réalités locales mieux que ceux qui prennent les décisions dans le confort douillet de leurs bureaux dans la capitale, AQMI, MNLA, HCUA, MAA et que sais-je encore, tout çà, qu’on veuille bien nous pardonner d’emprunter, pour une fois, l’expression, “c’est la même salade”. Tous ont coopéré à un moment ou un autre dans la plus grande et tragique entreprise de déstabilisation et de destruction jamais ourdie et exécutée contre le Mali, son unité, sa laïcité, sa démocratie. De nombreux rapports établis aussi bien par des structures nationales que des organisations internationales notamment Human Rights Watch et Amnesty International ont relevé les connivences qui se sont nouées, les connexions qui se sont tissées entre les divers groupes armés durant la conquête du nord du Mali et souvent après.

 

Pour justifier et rendre acceptables à nos concitoyens la libération des terroristes capturés sur le champ de bataille et l’abandon des recherches lancées à l’encontre des apatrides sans foi ni loi qui ont armé leurs mains et commandité les crimes odieux à leur actif, le gouvernement Omar Tatam Ly invoque l’Accord de Ouagadougou signé le 18 juin dernier entre l’Autorité de la transition et les groupes armés. C’est assurément une lecture biaisée qu’il en fait en ramenant l’article 18 dudit Accord qui traite de la question à la seule obligation pour les parties signataires (donc le gouvernement malien) de libérer les prisonniers aux fins de faciliter les négociations alors que l’essentiel est ailleurs.

 

Cet article dispose, en effet, en son alinéa 1, que “les parties conviennent de la mise en place, dans les meilleurs délais, d’une Commission d’enquête internationale sur les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, les crimes de génocide, les crimes de violence sexuelle, le trafic de drogue et les autres violations graves du droit international et des droits de l’homme sur le territoire malien”.

 

A l’évidence, une telle commission n’a pas été créée pour connaître de la nature des griefs opposables aux personnes libérées et justifier la levée des mandats d’arrêt émis contre leurs commanditaires. Le gouvernement malien est donc en faute. Il a péché par précipitation. Soit pour prouver sa bonne foi aux partenaires internationaux soit pour obéir à leurs injonctions. Résultat: il a fait piètre figure devant ses administrés et l’immense crédit qui a assuré la brillante victoire électorale d’IBK a été entamé.

 

Le chantre du “Mali d’abord” a bien perçu le danger d’une perte de confiance de ses concitoyens qui l’ont élevé au rang de sauveur, d’où le mélange de colère et d’inquiétude perceptible dans ces deux étonnantes petites phrases prononcées par lui mardi de la semaine dernière, au sortir de la Grande Mosquée après la prière de l’Aïd El Adha :” On ne me trimbale pas. On ne me fera pas dévier de ma voie”.

 

Les Maliens peinent à comprendre cette “voie” qui consiste à céder à une revendication majeure de l’adversaire, y compris en ne respectant pas la procédure convenue, sans même l’espoir d’une contrepartie. Un manque d’habileté digne de boy-scout, que les bandes terroristes du nord ont perçu comme un aveu d’impuissance autorisant toutes les surenchères.

 

Dans un communiqué publié le 13 octobre, ils disent rejeter toutes les initiatives en incubation à Bamako pour restaurer une paix durable et relancer le processus de développement économique du septentrion : les Etats généraux de la décentralisation (qui s’ouvrent ce matin) les Assises du Nord, les législatives du 24 novembre. Seule les intéresse ” l’autogestion de l’Azawad “ dont la forme et les modalités restent à définir.

IBK leur a tendu la main. Ils veulent lui arracher le bras.

Saouti Labass HAIDARA

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13 COMMENTAIRES

  1. La non reconduite de du general camara, celle de malick coulibaly et celle du ministre des affaires presageait d un changement de politique a 360o qu ibk allait fournir au mali..
    A la place de malick un affairiste comme tout bon avocat, peut etre même que ce ministre avocat a un client parmis ses deputes apatrides , vendeur de drogue.
    Que dire de l entrée au gouvernement au poste de ministre des affaires etrangeres d un ex rebelle qui a endeuille tant de familles au mali avant de se refugier en mauritanie?
    Que Dieu aide le mali sinon on est mal partit et on va vers l autodetermination du nord mali avec les touaregs comme famille regnante et les autres communautés du nord comme des sujets avec la benediction de la france…

  2. Et revoila Saouti comme on l’aime.L’article est tellement bien ficelle que rien a ete oublie.Esperons que les conseilleres de IBK lui feront noter cette critique positive. Je n’ai pas encore regrette mon vote mais je crois que IBK est allee trop loin d’un coup. Qu’est-ce qui reste encore, si ce n’est integre les bandits dans l’armee, le repli de l’armee en dehors de l’Azouad qui eventuellement pourrait etre livre aux mains des terroristes et autres traficants de drogue du MNLA.

  3. Le plan pour assoir le Monsieur á Koulouba a été executé par les Mn-merde et le Cnd-merde et vous voulez qu’il combate ceux ci ?
    Vous ne voyez donc á présent pas que c’est la meme methode …le monsieur se renie chaque jour comme le fait le MN-merde et comme le fait general de merde ( de je suis De Gaulle..á je demande pardon ).

    Nous tous le savons ,dans des conditions de paix ce menteur ne serai jamais président du Mali.Mais comme dans tous les films de malfrats ,les problemes entre eux commencent quand ils ont le magot…alors le feuilleton Ladji-Sanogo-MN-merde Konare-Traore -Rougeaud ( RIP )-Mariko-Sinko,Camara-Dembele…ect ne fait que commencer…Hendou

  4. ne vous en prenez pas au MNLA,car le problème est ailleurs.
    IBK a cessé d’être la solution, j’ai mal voté.
    Merci SAOUTI.
    Et dire que nous allons attendre 5 années pour avoir une autre chance.
    IBK nous a tué et enterré.

  5. MILLE FOIS MERCI À SAOUTI HAIDARA .MIEUX LES ACCORDS DE OUAGADOUGOU NE SONT NI LA BIBLE NI LE SAINT CORAN .LES MALIENS DOIVENT SE LEVER AVANT QU IL NE SOIT TROP TARD. QUE DIEU BÉNISSE LE MALI .AU PRÉSIDENT IBK LA CAMPAGNE EST FINI LE MALIMD ABORD LA ON VOIT LE MNLA D ABORD ET LE MALI APRÈS .L HONNEUR DU MALI C EST DE RAMPER DEVANT DES ASSASSINS ET DES CRIMINELS ET PETITS BANDITS .LA DIGNITÉ DU MALI C EST FAIRE LE SANIA À KATI ET OUBLIER KIDAL

  6. Merci saouti! Je me tue à écrire ces temps derniers que les accords de Ouaga n’exigeaient pas du tout cette levée de mandats et ces libérations!

    Notre président SE DEGONFLE lamentablement, et par fierté mal placée, beaucoup de ses supporteurs préfèrent lui trouver à tout prix des excuses plutôt que de l’admettre!

    Ilfaut appeler un chat, un chat, et……… une dégonflade, une dégonflade! C’est tout!…

  7. La liberation des criminels du MNLA malgre la grande clarte du texte de l’Accord de Ouaga est non seulement une meprise grave
    de cet Accord contre les interets du Mali,mais un bafouement d’un des principes fondamentaux de la Constitution du Mali,a savoir la separation des pouvoirs.En outré,il foule au pied le principe de la justice dans un pays qui se veut democratique.La reaction du MNLA montre bien que ces abus legaux en faveur d’une rebellion armee,totalement en dehors du Droit International,produisent des effets contre-productis.Que le nouveau President aille gratifier ces ennemis du Mali d’un statut special,on en est pas loin.IBK agit comme s’il est au-dessus de la Constitution du Mali et de la LOi.Hier,en ce qui concerne la lyceenne du KOSOVO,Le President Hollande a fait comprendre qu’il ne pouvait sortir du cadre legal francais.Pourquoi lui qui aurait etudie le Droit ne peut comprendre le caractere contraignant de la LOI pour tous les citoyens Maliens en commencant par LUI!

  8. MERCI SAOUTI VOUS ETES LE JOURNALISTE EXEMPLAIRE VRAIMENT VOUS AVEZ TOUT ECLAIRCI SI ON POUVAIT REPRENDRE LE VOTE CAR J AI MAL VOTé

  9. j’appelle cela du courage. Bravo pour ces vérités en esperant que l’homme plébicité sera à la hauteur de sa parole et ne fera pas les memes erreurs qu’en 1993 ou il est allé jusqu’a traiter de POGROM la révolte des habitants de gao contre les crimes du meme MNLA.

  10. Mille merci Saouti tu viens de mettre sur papier la pensée de la majorité des maliens, jamais nous ne pardonnerons aux MNLA QMI HCUA MAJAO et consort. Ils peuvent avoir l’indulgence de nos dirigeants acculés par la communauté internationale mais jamais des maliens car le Mali sera leur enfer

  11. Le doyen Saouti vous avez tout dit le MNLA ne comprend pas le langage de paix tout ce qu’ils comprennent c’est le langage de force malheureusement nous nous sommes trompés le 11 août dernier.

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