Faute d’armée combattante, l’hôte de Koulouba squatte les mosquées pour venir à bout des groupes armés. Vaste programme…
Ladji Bourama, le candidat de la très patriotique coalition “Mali D’abord, inch Allah”, fut, comme chacun le sait, élu triomphalement avec 77% des suffrages. Voire beaucoup plus, si l’on compte les voix des milliers de vieux et de vieilles qui, sans pouvoir bouger de leur lit, priaient ardemment pour sa victoire. Mais voilà: une fois élu, l’éminent compatriote a trouvé une priorité ultra-priotaire qui a la curieuse particularité de n’avoir pas été annoncée pendant la campagne électorale : acquérir à prix d’or un Boeing 737.Les Maliens peu avertis des affaires de tourisme se sont bruyamment plaints; mais comment les convaincre que tout pèlerin de la dimension de Ladji Bourama se doit de voyager comme l’explorateur Magellan ? La seule fausse note, c’est que de ses innombrables et coûteux voyages, Ladji Bourama ne ramène jamais rien. Pas même des haricots ! A croire que ses hôtes, tels l’émir du Qatar et le président rwandais, n’ont rien à envier à Harpagon ! De surcroît, son avion, que l’on disait muni de tous les papiers, y compris de certificats d’authenticité signés du président directeur général de Boeing, fut récemment saisi par des agents américains du fisc: il a fallu, pour le libérer, allonger un milliard de nos francs. Toutes choses qui portent le coût du joli coucou à 21 milliards et qui, bien entendu, ne changent nullement le couscous ordinaire des Maliens en poulets frits.
On pouvait penser qu’avec un Boeing flambant neuf et des pilotes français parlant au subjonctif, Ladji Bourama serait heureux comme un marchand en foire
Or c’est le contraire qui se produit. La cause ? Les bandits armés du nord lui demandent les yeux de la tête : les bandits touaregs l’indépendance et les bandits arabes l’instauration d’un califat islamique au nord du Mali. S’il n’avait tenu qu’à Ladji, il aurait, de bon matin, fait fusiller tout ce beau monde sur la place publique de Kidal. Le problème, c’est qu’il n’a plus d’armée; ses officiers, quoique compétents et patriotes, semblent bien meilleurs dans la course aux abris que dans les combats à l’arme lourde. Alors, avec quoi Ladji Bourama se battrait-il ? Avec des babouches? Avec des bouilloires? Allons, allons, sachons raison garder !
A défaut d’armée, il ne peut s’en remettre, encore une fois, qu’à Allah soubahana wa tallah, Seigneur des Mondes.
C’est pourquoi l’hôte de Koulouba s’est spécialisé, ces derniers temps, dans les prières et les invocations. Il ne sort plus de chez lui sans trois ou quatre chapelets de deux mille grains (excusez du peu). L’un des chapelets est, bien sûr, béni par son vieil ami, le vénérable Chérif de Nioro. Qui, à part un mécréant, peut douter de l’efficacité des bénédictions de cet saint homme ? Ses bénédictions ont, par exemple, apporté beaucoup de bonheur au général Sanogo. Sans quoi, le détenu galonné aurait sans doute été liquidé par les mutins du 30 septembre 2013 ou mordu par une vipère dans sa cellule de Sélingué ! Et puis, souvenez-vous que le Chérif s’est opposé à la CEDEAO avec le succès que l’on sait… Cette fois-ci, malgré les prières et les bénédictions assidues, rien de nouveau n’est venu inverser les rapports de force entre les bandits armés et l’Etat malien. Rapports très défavorables au second depuis la chute de Kidal, en mai 2014. Pris de désespoir, Ladji Bourama a délaissé ses chapelets pour se tourner vers les oulémas. Deux précautions valant mieux qu’une, il a demandé aussi aux chefs chrétiens de se joindre aux prières. Et comme il y a deux catégories de chrétiens, Ladji s’est rendu en personne chez les catholiques, dépêchant son Premier Ministre Moussa Mara chez les protestants. Petit détail sans importance: Mara s’y connaît mieux en papiers d’avion qu’en versets bibliques. Quant au ministre des Affaires Religieuses, le jeune Thierno Diallo, il va, telle une âme en peine, de mosquée en mosquée, ne quittant plus son grand boubou bleu et son bonnet de talibé. Il ne manque plus, pour compléter l’assemblée des prieurs, que les géomanciens, les jeteurs de cauris et les chasseurs traditionnels donso. Encore un effort, notre gouvernement recevra la médaille du Mollah Omar !
Tout cela est fort beau et fort charmant car l’homme n’est rien sans son créateur. Cependant, comme on vit en démocratie, on me permettra de poser quelques petites questions.
Première question: quel est le véritable objectif de ces incessantes prières ?
S’il s’agit de renforcer notre armée, c’est, à mon humble avis, perdu d’avance car aucun de nos soldats ne tient à mourir hors de son lit. S’il s’agit de faire oublier aux bandits armés leur cahier de doléances, nous perdons également notre temps car les rebelles ont des amis (occidentaux, qataris et algériens) prompts à leur rafraîchir, à chaque instant, la mémoire.
Deuxième question: Ladji Bourama a-t-il été élu pour écraser les bandits armés ou pour organiser des prières collectives ?
A mon sens, pour organiser des prières, nous n’avions pas besoin d’investir des milliards dans un scrutin électoral: les imams et muezzins de nos milliers de mosquées y auraient largement suffi.
Troisième question: Ladji Bourama a-t-il vraiment besoin de prier pour refuser d’apposer sa signature au bas d’un accord qui ne lui conviendrait pas ?
J’estime que non. Son crayon et ses doigts lui appartiennent, n’est-ce pas ?
Dernière question: en démarchant tout ce que le pays compte d’imams et de prêtres, Ladji Bourama conserve-t-il le caractère laïc de la République ? Je crois que non. Or, la Constitution lui fait obligation de préserver la laïcité de l’Etat. A moins qu’à Koulouba, on ne lise une Constitution rédigée en grec ou en latin…
Tiékorobani
IBK ferait mieux d’ouvrir les yeux, écouter les maliens et changer de cap, car jusqu’ici le bilan est très décevant et lui-même a du mal à donner un résultat de son année passée à Koulouba aux frais du contribuable malien. Un Chef d’Etat est élu pour faire bouger les choses: quand enfin il se tourne vers Dieu, cela est inquiétant. A mon simple avis, même si Dieu demande de lui soumettre des requêtes et pistes de solutions, il demande également de travailler et de mouiller le maillot. IBK prend le chemin des églises et mosquées sans soumettre des solutions à valider par Dieu. Il faut espérer que Dieu écoutera plus le clergé catholique que leurs confrères musulmans qui se sont compromis avec IBK en allant tenir des meetings dans les mosquées. Et ça, Dieu n’aime pas! Si c’est Shérif Nioro, HCI, Sabati et Mamoud Diko les références d’IBK, alors le Mali est mal barré!
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