Chronique satirique : Mohamed, l’Aménokal qui fait du cinéma

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Mohamed-Ag-IntallLe nouveau chef coutumier de Kidal, Mohamed Ag Intallah, a l’art du cirque et de la transhumance politico-militaire. Il sait surtout défendre ses intérêts.

Le Mali est le pays des records. Il n’y a qu’ici que les présidents sont renversés à trois mois de la fin de leur mandat ou tout bonnement bastonnés dans leur palais. Mieux, il suffit de répéter “Inch Allah” le matin au réveil et le soir au coucher pour gagner l’élection présidentielle. C’est sûr: au prochain scrutin, un candidat entonnera le slogan “Bismillah” au lieu d’inonder de chiffres des électeurs qui cherchent du mil et despagnes Wax. Bien entendu, la loi malienne (la pauvre!) n’existe que sur le papier: si elle conduit en taule les voleurs de poulets, elle ne s’intéresse jamais aux trafiquants de       Boeing et d’équipements militaires dont la race n’est pas près de s’éteindre avec le vote de la nouvelle loi de programmation militaire qui prévoit de dépenser pour nos troupes 1.230 milliards en 5 ans. LadjiBourama aura déjà réussi son pari si, avec cette pluie de milliards, nos officiers parvenaient à situer Aguelhok ou Anéfis sur une carte…

On comprend donc que dans une République pareille, les deux tiers du territoire restent durablement sous la coupe des bandits armés. Lesdits bandits, de nationalité soi-disant azawadienne, ne laissent pas un jour sans se payer la tête des Maliens. Il y a dix jours, nos confrères de “L’Indépendant” relataient que le nouvel Aménokal (chef coutumier) de Kidal, Mohamed Ag Intallah, avait, lors d’une récente conférence tenue à Aguelhok, déclaré que Kidal ne faisait plus partie du Mali et que ce disant, l’homme cédait aux menaces du jihadisteIyad Ag Ghali. Or, une semaine plus tard, le jeudi 26 février 2015, RFI rapportait que selon le même Mohamed,  Kidal ne cesserait jamais de faire partie du Mali. Qui de “L’Indépendant” et de RFI dit vrai ? A mon humble avis, tous deux se font rouler dans la farine par Mohamed Ag Intallah. Croyez-vous possible que le compère puisse, sans ruse, proclamer la “malianité” éternelle de Kidal alors que cette citadelle rebelle n’abrite plus aucun soldat malien ? Pourquoi Mohamed dit-il ce qu’il dit alors qu’il reste un leader du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA)? Croire aux propos de Mohamed, c’est prendre des boutons d’Ebola pour des grains de beauté. Les belles annonces ne sont, certes, pas mauvaises en soi; mais les actes convainquent bien davantage. Chef des Ifoghas, Mohamed pourrait susciter une révolte de sa communauté contre l’occupant jihadisteou séparatiste, n’est-ce pas ? Qu’attend-il pour le faire, s’il vous plaît ? En fait, les propos de Mohamed, rapportés par RFI, ont un lien étroit avec le nouveau projet d’accord proposé par le médiateur algérien (lire en page 7): sachant que le Mali adhère à cet accord et que sans l’Algérie, aucun bandit armé ne prospérerait au nord, l’Aménokal prend opportunément le bon wagon avant qu’il ne soit trop tard.

En vérité, Mohamed et son frère, Algabass, sont des spécialistes de la diversion et de la transhumance politico-militaires. Il n’est, pour en convenir, que de jeter un coup d’oeil sur leur parcours des trois dernières années. Membres fondateurs du MNLA, ils décident, en bons vieux lèvres, de ne pas mettre les oeufs dans le même panier: Mohamed trône ainsi au MNLA; Algabass rejoint Iyad Ag Ghali en tant que vice-président d’AnçarDine. Fait notable, Algabass transhume à Ançar Dine juste après qu’Iyad et ses amis d’AQMI chassent, à coups de bâton, le MNLA du nord du Mali. Quand, en janvier 2013, les troupes françaises bottent le train à Iyad, qui voulait imprudement venir planter sa tente à Bamako, Algabass nomadise à nouveau vers le MNLA, revenu au nord dans les bagages des Français. Mohamed et Algabass, sans doute touchés par la grâce française, se convertissent aux vertus de la démocratie républicaine: ils n’ont aucune peine à convaincre LadjiBourama de les recruter, aux législatives, sur la liste du RPM. Nul autre parti n’osant se mesurer à des seigneurs de guerre si prompts de la gâchette, les deux frères sont élus au premier tour. Désormais payés par le Mali pour voter des lois, ils ne lèvent pourtant pas le petit doigt quand, en mai 2015, leurs alliés du MNLA chassent de Kidal le Premier Ministre Moussa Mara et égorgent 7 administrateurs civils. Dire que nos deux drôles de députés étaient absents de Kidal au moment des faits n’excuse rien puisque, quelques semaines plus tard, au lieu de rejoindre le camp malien, ils se retrouvent au HCUA, aux côtés des jihadistes recyclés d’Ançar Dine. La mission du HCUA ? Négocier avec l’“Etat colonial” du Mali l’indépendance de l’Azawad! Bien sûr, pendant tout le temps que les frères Ag Intallah prennent le thé avec Iyad et enterrent les soldats maliens morts à Kidal, nos impôts leur sont mensuellement versés à titre de rémunération parlementaire. Si ce n’est pas là de la foutaise,  je veux bien être pendu! Au cas où, demain, l’Azawad devenait indépendant, Mohamed et Algabass siégeraient sans gêne dans le gouvernement que formerait Iyad Ag Ghali. Leur territoire vivrait dans la paix et la sécurité, protégé de toute nuisance malienne par les troupes qu’interposerait l’ONU et nourri au biberon par le trio Qatar- Suisse-Belgique. A défaut d’indépendance de l’Azawad, Algabass  et Mohamed ne perdront sûrement pas leur temps à pleurer sur le sort d’Iyad: ils se feront élire gouverneurs, c’est-à-dire mini-chefs d’Etat, dans le cadre de la régionalisation proposée par le Mali. Et s’il n’y a rien de tout cela, ils continueront de traire le trésor public malien en tant que députés. A leur place, vous plaindriez-vous ?

 

Tiékorobani

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1 commentaire

  1. Tiekoroni , bonne analyse de la situation de crise au Nord mais vs savez le Malien commence a comprendre que les journaliste font de leur credulités un fond de commerce , On ns balance en continue des evidences ou des conneries d’affabulations , en general le titre est revelateur , plus il est epatant plus il est nul . Faites un effort c’est tout ce que l’on vs demande

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